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VENEZUELA - Ce que ne dit pas le journal

Alejandro Fierro

vendredi 5 octobre 2012, par Thierry Deronne

Réunion publique au Venezuela (État du Zulia) à propos du programme électoral du candidat bolivarien

Pour l’élection présidentielle du 7 octobre prochain Hugo Chávez a présenté un programme en cinq objectifs pour la période 2013-2019.

Cependant le public des médias de masse internationaux et particulièrement ceux de l’État espagnol, avec El País ou ABC en tête, ne pourra accéder à cette information, simplement parce que ces médias l’occultent. Les articles dans la presse internationale et espagnole sur les élections au Venezuela se centrent sur la soi-disant et jamais prouvée absence de démocratie dans le pays, sur des complots chavistes pour se maintenir au pouvoir par la force ou sur la vie sexuelle de l’actuel président, se faisant l’écho de rumeurs jamais vérifiées, ce qui viole les normes déontologiques minimales du journalisme, tant sur la confirmation des sources que dans la sélection des thèmes selon leur intérêt social.

La même chose se produit dans les médias de masse vénézuéliens (radio, TV, presse écrite) dont les 85% sont aux mains de l’opposition. Le déséquilibre dans la propriété des médias et le ton absolument belligérant de cette presse de droite réfutent toute accusation de manque de liberté d’expression au Venezuela. Certains de ses articles ou images du chef de l’État – par exemple celle publiée par le quotidien Tal Cual, où Chavez est représenté comme un porc- seraient interdits dans l’État espagnol et ses auteurs jugés et condamnés, comme cela s’est produit avec certaines informations ou satires sur le roi.

Les lecteurs ne trouveront dans les pages de leur journal aucune information sur la proposition électorale d’intensifier l’exploitation des réserves de pétrole de la frange de l’Orénoque – les plus grandes du monde, plus d’un milliard de barils – avec l’objectif d’atteindre en 2019 une production de six millions de barils par jour.

La radio ne parlera pas de l’objectif d’atteindre en 2019 les trois millions de logements sociaux subventionnés et de faible coût d’acquisition, les prix baissant en fonction de la capacité économique de la famille jusqu’à atteindre la gratuité pour les secteurs les plus vulnérables. Aucun animateur n’expliquera qu’entre 2011 et 2012 ont été édifiés 250.000 logements populaires et que 450.000 sont en cours de construction.

Pas de reportages pour montrer comment le Venezuela est passé de la lutte pour éliminer l’analphabétisme – en 2005 le pays a été déclaré par l’UNESCO « Territoire libre d’analphabétisme » – au cinquième rang mondial pour le taux d’inscription universitaire et au deuxième rang d’Amérique latine après Cuba. On n’informera pas sur le projet d’ouvrir de nouvelles universités gratuites qui s’ajouteront aux 22 déjà créées dans les 13 dernières années ni sur la volonté de faciliter l’échange croissant d’étudiants au sein du MERCOSUR.

Los chroniqueurs n’analyseront pas la proposition de créer 16 centres de santé – parmi lesquels huit hôpitaux publics – ni les plans d’étendre les soins spécialisés à toute la population, indépendamment de son lieu de résidence ou de sa capacité économique.

Les revues spécialisées ne se feront pas l’écho de l’objectif de continuer à étendre la surface cultivée irriguée de 200% ni de celui d’augmenter la production actuelle d’aliments de 45%, pour atteindre les 42 millions de tonnes annuels.

Aucun économiste ne viendra expliquer dans les médias de masse les données macro-économiques du pays : 5,6% de croissance du PIB pour le premier semestre de l’année, soit sept augmentations consécutives ; une baisse du chômage à 7,9%, soit une diminution de quasi 50% depuis 1998, lorsque Hugo Chávez fut élu pour un premier mandat ; et, c ’est une première dans l’histoire économique des dernières décennies, une inflation interannuelle tombant sous les 20 points. Bref, aucun expert ne rendra intelligible pour le grand public la situation économique d’où part le Venezuela pour pouvoir réaliser les propositions électorales.

Pas d’interviews non plus de politologues pour qu’ils expliquent les cinq grands objectifs généraux pour la période 2013-2019 : indépendance nationale, avec priorité à la souveraineté sur les ressources et à la souveraineté alimentaire ; approfondissement du processus de construction du socialisme bolivarien et de la démocratie participative ; transformation du Venezuela en puissance émergente latino-américaine sur les plans social, économique et politique ; contribution à une nouvelle géopolitique multipolaire visant l’équilibre et la paix ; enfin, une politique orientée vers la préservation de l’environnement et une relation harmonieuse entre l’être humain et son milieu.

Le devoir des médias qui couvrent les élections vénézuéliennes est d’informer sur les programmes électoraux, tant sur celui de Hugo Chávez que sur celui du candidat principal de la droite, Henrique Capriles. Leurs journalistes et leurs analystes d’opinion ont l’obligation d’expliquer à leurs publics leurs contenus, avec des arguments raisonnés et compréhensibles. Après quoi ces propositions pourront être appuyées ou non par chaque personne, être considérées comme plus ou moins crédibles, qualifiées d’objectifs plausibles ou de pur marketing politique. Et dans le cas du public vénézuélien, chacun pourra orienter son vote en fonction d’une information vraie, plurielle et argumentée.

En cachant systématiquement les propositions électorales de Hugo Chávez – celles du candidat de droite jouissent d’une couverture considérable – les médias portent atteinte au Droit à l’information des citoyens. Il est nécessaire de rappeler incessamment que le Droit à l’information est inscrit pleinement dans la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme. S’est brisé le consensus forgé durant des siècles entre une citoyenneté et une presse qui devait lui fournir des informations véridiques face à l’impossibilité de chaque personne de réunir toutes les données sur tous les sujets par elle-même.

C’est pourquoi les enquêtes indiquent que les médias sont un des grands problèmes dans l’État espagnol.

Annexes

 1.- « Proposition du candidat Hugo Chávez, pour la gestion bolivarienne socialiste 2013-2019 » Texte intégral. Traduit par Manuel Colinas, Gaston Lopez et Françoise Lopez.

 2.- Programme économique du candidat Henrique Capriles Radonski 2013-2019 (texte original en espagnol).


Alejandro Fierro est un journaliste espagnol, collaborateur de la fondation Centre d’études politiques et sociales (CEPS).

Source : Rebelión, http://www.rebelion.org/noticia.php?id=157030

Traduction : Thierry Deronne

Première publication en français : http://venezuelainfos.wordpress.com/2012/10/03/venezuela-ce-que-ne-dit-pas-votre-journal

responsabilite

Messages

  • dites moi ce que vous voulez sur chavez mais un mr qui avait comme grand ami kadafi ,qui a comme ami le president de syrie ,le 1er ministre d iran ,mr poutine et les freres castro...tous de gens pas vraiment connus pour leur esprit democrate m inspire une grande mefiance..sans parler de la fermeture comme par hasard de tous les jourmaux d oppostion et medias de tv ......comme le dit la sagesse populaire DIS MOI QUI TU FREQUENTES ET JE TE DIRAI QUI TU ES.... A BON ENTENDEUR SALUT

  • Quand dans un pays quelqu’un est puni lorsqu’il exprime ses iponions politiques, cela n’est pas une démocratie.
    lorsque dans un pays on bloque les,moyens de paiement et on l’empêche d’accéder à des dollars ou euros suffisants pour voyager, cela n’est pas une démocratie.
    lorsque dans un pays faut montrer son affiliation au parti du "président" pour avoir accès au travail, éducation, ou santé publiques, c’est pas une démocratie
    quand dans un pays le "président accapare pendant des heures et des heures les ondes en chaîne nationale, cela n’est pas une démocratie.
    quand dans un pays le président, qui était un simple petit militaire avec sa solde toute simple passe à être une des plus grosses fortunes du monde, cela est plutôt du vol, car pendant ce temps tout le pays tombe en morceaux !

  • Caracas invoque des raisons administratives à ces fermetures effectives depuis samedi. Mais les défenseurs de la liberté d’expression y voient, comme en 2007, une nouvelle censure. Quelque 200 autres stations sont menacées.

    Trente-deux radios et deux télévisions régionales vénézuéliennes ont diffusé leur dernière émission samedi matin. Sur ordre du gouvernement du président Hugo Chavez, toutes ces antennes ont reçu une note de la Commission nationale des télécommunications (Conatel) vendredi soir, les informant que leur concession leur était retirée. Conatel a également mis en garde 200 autres stations contre une éventuelle suppression de cette concession.

    Des raisons administratives sont invoquées par le pouvoir vénézuélien. Officiellement, les 34 médias visés n’auraient pas effectué les démarches nécessaires pour le renouvellement de leur concession. Le directeur de Conatel, Diosdado Cabello, a affirmé que leurs fréquences seraient redistribuées à des personnes qui attendent depuis longtemps de pouvoir émettre. Depuis son arrivée au pouvoir, Hugo Chavez multiplie ce type de mesures antilibérales visant à contrôler les médias privés, en créant notamment de nouvelles antennes placées sous la houlette de l’Etat ou d’associations.

    http://www.lefigaro.fr/international/2009/08/03/01003-20090803ARTFIG00368-chavez-fait-fermer-34-medias-d-opposition-.php

    • Cette news est un parfait exemple de désinformation, faite pour les gens qui ne peuvent se rendre sur place. Elle fut reprise par la plupart des médias, pas seulement par le Figaro que vous citez. Voyons par exemple cette sortie de David Pujadas. France 2 : Journal télévisé de 20h du 8 septembre 2009, David Pujadas : "Image de la Mostra de Venise, une fois n’est pas coutume, ce n’est pas un acteur ou une actrice qui tient la vedette de ce très célèbre festival mais le président vénézuélien : Hugo Chavez. Le réalisateur américain Oliver Stone lui consacre en effet un documentaire admiratif et il a été ovationné par le public, ironie du sort, il faut tout de même savoir qu’au même moment Hugo Chavez s’apprêté à interdire dans son pays 29 radios suscitant de vives critiques de la part des défenseurs de la liberté de la presse . "

      “Chavez a fermé une trentaine de radios” s’était indignée aussi Martine Gozlan dans Marianne. etc... C´est tout le contraire. En révoquant légalement des concessions périmées ou acquises frauduleusement, la CONATEL - le CSA vénézuelien – se montre plus démocrate que son homologue francais. Elle libère des fréquences que pourront occuper des médias associatifs. Elle tient compte ainsi des plaintes et des revendication des citoyen(ne)s qui veulent s´exprimer en dehors du monopole commercial ou évangéliste qui a jusqu’ici saturé les fréquences disponibles. Faire passer, comme le fait Mme Gozlan, une démocratisation (timide) du spectre radioélectrique pour une atteinte a la liberté d´expression, était un classique des campagnes contre Salvador Allende. Rappelons par ailleurs qu’en France le CSA a pour fonction, en toutes lettres dans ses statuts, de préserver l’équilibre et la pluralité dans l’attribution des ondes, bref la démocratie dans la répartition des concessions. En réalité on cherchera en vain en France un mouvement de radios et de télevisions associatives comme celui qui a fleuri depuis dix ans au Venezuela.

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