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ARGENTINE - Marcelo Bielsa et l’équipe nationale de football : Un autre regard

Salim Lamrani

mardi 31 mai 2016, par Salim Lamrani

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Les journalistes et un certain nombre de supporters argentins considèrent la période de Marcelo Bielsa à la tête de la sélection argentine comme un échec, se focalisant sur le Mondial 2002. Les faits permettent de nuancer cette opinion.

Les détracteurs de Marcelo Bielsa font souvent référence à l’échec de l’Argentine au premier tour de la Coupe du Monde 2002 pour exprimer leurs réserves au sujet du travail du technicien de Rosario à la tête de l’Albiceleste. Durant le tournoi qui s’est déroulé en Corée du Sud et au Japon, la sélection argentine – qui est tombé dans le fameux « groupe de la mort » – a remporté la victoire contre le Nigeria (1-0), a perdu contre l’Angleterre (1-0) et a fait match nul contre la Suède (1-1). L’Argentine a été classée troisième du groupe et a été éliminée du Mondial.

Philosophie de jeu

Le monde du football professionnel accorde une importance démesurée au résultat immédiat au détriment du mérite. Or, d’un point de vue éthique, le mérite doit occuper un espace central. Par conséquent, un entraîneur ne devrait pas seulement être jugé par les résultats conjoncturels mais par la méthode mise en place pour les obtenir. La noblesse des moyens utilisés pour obtenir un triomphe est primordiale. Ainsi, une équipe courageuse, offensive et généreuse, qui produit du beau jeu, qui attaque dans des espaces fermés et qui doit parfois défendre dans des zones ouvertes, qui multiplie les occasions de but et qui dispose de la possession du ballon, aura toujours plus de chances d’obtenir la victoire et davantage de mérite qu’une équipe ultra-défensive, qui laisse la possession de balle à l’adversaire, ferme tous les espaces, reste dans sa moitié de terrain et se contente d’attendre opportunément une erreur de l’adversaire pour placer une contre-attaque et éventuellement marquer un but.

La philosophie de jeu de Marcelo Bielsa favorise un football offensif et agréable où les valeurs tels que la vaillance, l’abnégation, la générosité, la solidarité et l’esprit de sacrifice occupent une place centrale. L’organisation est scientifique et minutieuse et l’ambition footballistique, basée sur une attaque permanente et un pressing haut et constant, exige des efforts physiques intenses et coordonnés. Cette méthode a montré son efficacité puisque Bielsa a obtenu des résultats spectaculaires avec toutes les équipes dont il a eu la direction. Salué par ses pairs à travers le monde pour sa vision révolutionnaire du football, il a ainsi obtenu le titre de meilleur entraîneur d’Argentine, du Chili, d’Amérique du Sud, d’Espagne et de France.

Résultats

Est-il possible de se limiter aux résultats du Mondial 2002 pour juger l’œuvre de Marcelo Bielsa avec la sélection argentine ? L’analyse serait lacunaire et peu représentative. Il ne s’agit pas de sous-estimer la compétition phare du football puisque la Coupe du Monde reste la récompense suprême pour tout professionnel. Cependant, il est indispensable de prendre en compte le travail réalisé par le natif de Rosario de 1998 à 2004 et d’étudier les résultats obtenus durant toute cette période.

L’équipe mise en place par Bielsa était offensive, équilibrée et redoutable d’efficacité. Elle a obtenu les résultats les plus spectaculaires de l’histoire de la sélection argentine en termes de victoires (13), de buts marqués (42), de buts encaissés (15) et de points accumulés durant des éliminatoires de Coupe du monde. L’Argentine a engrangé 43 points – 12 de plus que le deuxième ! – avec une seule défaite, la deuxième meilleure défense du groupe (derrière l’Uruguay) et la meilleure différence de buts (+27), ce qui a valu à Marcelo Bielsa le titre de meilleur sélectionneur national du monde en 2001.

Qu’en est-il du Mondial 2002 ? Cette sélection, éliminée au premier tour, méritait-elle de se qualifier pour les huitièmes de finale ? Si l’on se base sur la philosophie de jeu, la noblesse des moyens utilisés, la générosité de l’équipe, la possession de balle et le nombre d’occasions de but, il est difficile d’émettre une réponse négative. L’Argentine a produit le plus beau jeu du groupe et, selon les professionnels, le meilleur de tout le Mondial. Pep Guardiola, l’entraîneur espagnol le plus sollicité au monde, affirme que « l’idée footballistique » qui l’avait le plus séduit était celle proposée par l’Argentine de Marcelo Bielsa en 2002.

Lors du premier match, l’Argentine a obtenu une victoire méritée contre le Nigeria (1-0) comme le confirment les données. La sélection de Bielsa a dominé son adversaire avec une possession de balle de 59%. Elle a obtenu 12 corners contre 3 seulement pour le Nigeria. Elle a effectué 467 passes contre 321 pour l’adversaire et a eu un avantage territorial de 60%. L’Albiceleste a réalisé 219 passes dans le camp adverse, soit deux fois plus que le Nigéria (107). Elle a eu 9 tirs cadrés contre un seul pour sa rivale.

Lors de la deuxième opposition, l’Angleterre a battu l’Argentine 1-0 grâce à un pénalty marqué par David Beckham. Mais, dans le jeu, l’Argentine a été supérieure à son adversaire comme l’illustrent les statistiques. Elle a eu une possession de 66% contre 34% pour les Anglais. Elle a obtenu 9 corners contre 3. Elle a réalisé 570 passes contre 294 pour l’équipe anglaise, soit presque le double, dont 276 ont été faites dans le cas adverse contre seulement 99 pour l’Angleterre. Enfin, l’Argentine a eu un avantage territorial de 58%.

Le match contre la Suède s’est achevé sur un nul 1-1 et a scellé l’élimination de l’Albiceleste. Cependant, l’Argentine a largement dominé la rencontre comme le montrent les chiffres. Avec une possession de balle de 65% (contre seulement 35% pour l’adversaire), elle a obtenu un avantage territorial de 58% du terrain. L’équipe sud-américaine a réalisé 550 passes contre seulement 298 pour sa rivale, soit 252 passes de plus, et 250 ont eu lieu dans le camp adverse contre seulement 101 pour la Suède. L’Argentine a obtenu 13 corners à 3.

Malgré l’échec du Mondial 2002, la Fédération argentine de football (AFA) a décidé de maintenir Marcelo Bielsa à son poste de sélectionneur. Très peu de techniciens arrivent à conserver leur emploi après une élimination au premier tour, surtout s’ils se trouvent à la tête d’une équipe aussi importante. Cependant, l’AFA, s’émancipant de la tyrannie du résultat et de la pression médiatique, a décidé à juste titre de récompenser la proposition footballistique du natif de Rosario ainsi que son mérite.

Les fruits de la persévérance ont été rapidement récoltés, donnant raison à Marcelo Bielsa. Ainsi, le même entraîneur, avec la même philosophie de jeu, a mené l’Argentine à la finale de la Copa America en 2004, perdue à la loterie des tirs au but contre le Brésil. Il a également obtenu la médaille d’or aux Jeux olympiques d’Athènes après avoir remporté tous les matchs du tournoi olympique (17 buts marqués et zéro encaissé en six matchs), offrant ainsi au peuple de Diego Maradona et d’Atahualpa Yupanqui le seul titre officiel qui manquait au football argentin, ainsi que sa première médaille d’or depuis 1952.

En résumé, durant les six ans qu’il a passés à la tête de la sélection argentine, Marcelo Bielsa a dirigé 85 matchs, pour un bilan de 56 victoires (66%), 18 matchs nuls (21%) et 11 défaites (13%). Aucun autre technicien n’a eu de meilleurs résultats à la tête de l’Argentine, pas même Guillermo Stabile qui a dirigé la sélection de 1939 à 1960.

Témoignages des joueurs sur Marcelo Bielsa

Les témoignages des joueurs qui ont participé au Mondial 2002 sont révélateurs. En règle générale, durant les périodes d’échec, le sélectionneur, vilipendé par la presse et par les supporters – qui ne glorifient, à quelques exceptions près, que le résultat – se retrouve isolé et abandonné des footballeurs qui ne veulent pas subir le poids de la défaite. En revanche, pour Marcelo Bielsa, ce fut différent puisque tous – titulaires comme remplaçants – lui ont apporté leur soutien.

Gabriel Batistuta a fréquenté la sélection de 1991 à 2002 en tant qu’attaquant. Il a joué 78 matchs et a travaillé avec des figures comme Alfio Basile – avec lequel il a remporté deux Copa America en 1991 et 1993 – et Daniel Passarrela. Cependant, malgré l’élimination prématurée de l’Argentine en 2002, il a couvert d’éloges Bielsa : « C’est le seul entraîneur qui m’a marqué à vif. Je n’accordais aucune importance aux autres. Je leur obéissais juste pour qu’ils me fassent jouer ». Il ajoute la chose suivante : « Ce fut le premier véritable entraîneur que j’ai connu et le plus important de ma formation. Bielsa sait tout. J’ai commencé à jouer au football avec lui quand il était à Newell’s. C’est un amoureux des tactiques. Il prend soin de chaque détail. Je garde d’excellents souvenirs de lui comme entraîneur et comme personne ».

Mauricio Pochettino, alors défenseur central et désormais entraîneur de Tottenham en Angleterre, connaît très bien le natif de Rosario. Ses propos sont éclairants : « Bielsa a été très important pour moi. Je l’ai eu comme entraîneur à Newell’s et, par la suite, j’ai beaucoup appris de lui en le fréquentant avec la sélection argentine […]. C’est un technicien méthodique, très fidèle à ses idées […]. Je suis marqué par Bielsa ». Il le considère comme étant « l’un des meilleurs techniciens au monde » et exprime son affection à son égard, revendiquant son statut de maître spirituel : « C’est mon père dans les deux sens, parce qu’il a soixante ans et qu’il peut être mon père biologique, mais également parce que c’est mon père dans le football ».

Pour Juan Pablo Sorin, latéral qui a remporté plusieurs titres internationaux avec River Plate, Bielsa a marqué l’histoire de la sélection argentine : « C’est l’un des entraîneurs auxquels je me suis le plus identifié ». Il se souvient de ses enseignements : « La première chose, c’est l’impact ; la deuxième, c’est bien comprendre que défendre de cette façon découle du fait que l’on attaque constamment ; la troisième, l’engagement, tout donner, et plus encore, pour l’équipe ». Après la démission de Bielsa en 2004, Sorin lui a dédié une victoire contre l’Uruguay, rendant hommage à son travail : « C’est la fin d’un cycle à succès où beaucoup de choses importantes ont été réalisées ».

Kily González, qui a gagné des titres en Espagne et en Italie, rappelle que tous les joueurs avaient adhéré à la philosophie de Marcelo Bielsa car la méthode proposée était la meilleure pour obtenir des résultats : « Il était si spontané et si noble dans son idéologie. Nous étions tous à l’écoute. Il nous parlait, on assimilait ce qu’il disait et on voyait les résultats. Il nous disait de presser haut pour récupérer le ballon dans la zone la plus proche de la surface de réparation adverse afin de se procurer un plus grand nombre d’occasions et faire en sorte que les efforts soient plus courts. Si on intègre l’idée, tout devient beaucoup plus facile ». Il insiste sur l’influence fondamentale de Bielsa dans sa carrière personnelle : « Marcelo […] m’a transformé en un top joueur. Il a exploité toutes mes qualités et a diminué mes défauts. Il m’a donné ce qui me manquait. J’ai toujours été un joueur rapide, mais avant je finissais mes courses dans les panneaux publicitaires. Avec lui, j’ai appris énormément au niveau tactique. Il cherche la perfection même si la perfection n’existe pas. Mais, peu importe, il la cherche. Il exige le maximum de toi. […] Il a réussi à convaincre pleins de stars à adopter son style de jeu. Je parle de joueurs comme Batistuta, Simeone ou Sensini. De plus, c’est quelqu’un de bien. Bref, je pourrais parler de Bielsa pendant des heures. Vous remarquerez qu’il n’y a pas un joueur qui dise du mal de lui. Je l’admire ».

Pour Diego Simeone, actuel entraîneur de l’Atlético Madrid, travailler avec Bielsa a été un privilège : « Comme je l’ai toujours dit, j’ai une grande admiration pour Bielsa et de grands souvenirs. C’est un grand professionnel ». Il souligne ses qualités de technicien : « C’est un génie, c’est celui qui a su m’expliquer le mieux ce qui se déroulait sur le terrain. […] Sa personnalité est si forte qu’il arrive à transmettre ce qu’il veut. C’est le meilleur parce qu’à chaque entraînement on tire un enseignement important pour le prochain match. Ce que l’on faisait à l’entraînement avait une incidence ensuite durant le match, ce qui est très difficile à obtenir ». Après l’échec du Mondial 2002, Bielsa avait réuni tous les joueurs pour leur faire part de son analyse. Simeone se rappelle de ce moment et raconte une anecdote qui illustre l’autorité morale de son sélectionneur : « Germán [Burgos] avait été mis sur le banc de touche […] [puisque Bielsa avait préféré confier le poste de gardien titulaire a Cavallero]. On imagine la colère que pouvait avoir un type [comme Germán] qui avait joué tous les éliminatoires et qui est mis sur la touche pour le Mondial. […]. [Après le discours de Bielsa], le premier à se lever et à le prendre dans ses bras a été Germán. Il l’a serré fort dans ses bras ! On s’est tous mis à pleurer. Alors qu’il l’avait mis sur la touche au moment le plus important de sa vie sportive ! Germán savait qu’il n’aurait plus d’autre occasion de jouer une Coupe du Monde ! Cela illustre la force de leadership de Bielsa ».

Le témoignage de Germán Burgos, aujourd’hui entraîneur en Espagne, confirme les propos de Simeone. Loin de garder rancune contre Bielsa, il se montre au contraire élogieux à son égard : « Le Loco est le meilleur technicien au monde et c’est la personne la plus honnête que je connaisse. […] Il m’a beaucoup appris. J’ai toujours été un gardien libre mais il a réussi à calmer ma propension à l’improvisation ».

Javier Zanetti, légende de l’Inter Milan qui a joué comme défenseur et milieu de terrain totalisant plus de 1 000 matchs professionnels, partage l’opinion de la majorité de ceux qui ont eu l’opportunité de travailler avec Marcelo Bielsa. Selon lui, « c’est l’entraîneur que tout joueur aimerait avoir. Il nous prépare tellement bien que durant le match nous savons exactement ce que nous devons faire. De plus, il est direct. Il se contrefiche de ton nom ou de ton statut ». Zanetti a été marqué par « sa passion pour le jeu ». « En plus, il a une grande capacité de motivation, et on ne s’imagine même pas à quel point. Il a une noblesse à toute épreuve. Je ne connais pas d’autre personne comme lui dans le football ». Il conclut de la façon suivante : « Bielsa est le meilleur entraîneur que j’ai eu, devant Mourinho [avec qui il avait pourtant réalisé un fabuleux triplé Ligue des champions/Championnat d’Italie et Coupe d’Italie en 2010] ».

Roberto Ayala, qui a été élu meilleur défenseur européen en 2001, garde un souvenir enthousiaste de Bielsa, notamment de sa « capacité à obtenir un engagement du joueur ». « Le footballeur s’identifie » au projet de jeu de l’entraîneur argentin qui, « même sans montrer d’affection, sait se faire aimer ». Ayala insiste sur l’aptitude de Bielsa à exploiter toutes les qualités des athlètes : « Marcelo arrive à tirer le meilleur de toi-même. Que ce soit d’un point de vue physique ou psychologique, il sait stimuler le joueur. Il touche des points sensibles que d’autres n’ont pas réussi à atteindre, et ce avec peu de mots ». Le défenseur a été marqué par sa philosophie de jeu : « Il préconise de jouer comme un amateur, par amour du football et quand tu es sur le terrain, tu as envie de manger ton adversaire. Je l’ai eu en sélection et c’est ma référence ».

Claudio Husaín, milieu de terrain qui a réalisé une grande partie de sa carrière en Argentine, souligne également « la façon de travailler et de convaincre » de Bielsa. « Il m’a accordé de la considération et a su me mettre en valeur », souligne-t-il, en lui exprimant sa reconnaissance d’avoir participé au Mondial 2002. Il a été marqué par la passion du natif de Rosario : « Il a des idéaux propres et il est honnête. C’est un amoureux et un fou de football. Il vit 24h/24h pour ce sport. Je n’ai connu personne de similaire ».

Ariel Ortega, star offensive qui a participé à trois coupes du monde, se souvient de la caractéristique fondamentale de Bielsa : « Son trait principal est l’honnêteté en tant que personne et vis-à-vis du joueur. Il est très clair dans ses idées et respecte beaucoup le footballeur ». Il a été frappé par l’engagement total de son entraîneur et par son dévouement pour sa profession : « C’est une personne qui travaille très bien. […]. Il vit pour le football ».

Juan Sebastián Verón, milieu de terrain qui a obtenu plusieurs titres en Argentine et en Italie durant sa carrière, apprécie, quant à lui, la franchise de son sélectionneur : « Il ne tourne pas autour du pot et n’envoie personne parler à sa place. Il s’adresse directement à toi. Il est assez cru mais il parle les yeux dans les yeux. Il est rare de trouver ce type de personne dans le monde du football. Il n’y avait pas de demi-mesure avec Bielsa, c’était blanc ou noir ». Il se souvient également de ses discours et de sa capacité à motiver les joueurs : « Ses interventions étaient très bonnes. On rentrait sur le terrain et on avait envie de bouffer l’adversaire. Il nous haranguait en évoquant les supporters, notre origine, notre famille. Il nous remplissait de rage de vaincre ».

Matías Almeyda, milieu de terrain qui a eu une brillante carrière en Espagne et en Italie avec plusieurs titres nationaux et internationaux et qui a embrassé la carrière d’entraîneur, se souvient de l’influence de Marcelo Bielsa : « J’ai tiré quelque chose de tous les entraîneurs que j’ai eus, de Passarella, de Sabella, de “Toto” Gallego, mais si je devais en choisir un, ce serait Marcelo Bielsa, parce qu’avec lui j’ai appris bien plus que du football ».

Walter Samuel, défenseur qui a remporté la Ligue des champions, le Mondial des clubs et plusieurs titres nationaux avec l’Inter Milan, a exprimé son sentiment sur l’échec de 2002 et se souvient du beau jeu produit par l’Argentine : « L’élimination du Mondial 2002 a été la chose la plus triste. Pas pour l’élimination en soi, mais pour l’équipe que nous avions, le groupe, l’entraîneur, pour tout… Si nous avions passé le premier tour nous aurions pu aller loin. Ce groupe avait marqué les gens, qui étaient plein d’espoir ».

L’attaquant Claudio López, qui a réalisé une grande partie de sa carrière à la Lazio de Rome et à Valence, se souvient également de l’apport de Bielsa à la sélection argentine : « Marcelo a mis en place un système très différent à celui que nous avions dans nos clubs en Europe. Il nous demandait un sacrifice permanent. C’était un travail très physique et il nous a été difficile de nous y habituer. Mais quand nous l’avons assimilé, nous avons atteint un niveau de jeu très élevé, qui a porté ses fruits durant les éliminatoires ».

Le gardien Pablo Cavallero évoque quelques circonstances qui, selon lui, expliquent la déroute de 2002, dont les blessures de Roberto Ayala et Claudio Caniggia ainsi que l’état physique d’autres joueurs : « Bati avait une forte douleur au tendon du genou. Cela se voyait quand il courrait car il n’arrivait pas à ralentir et à changer de direction ». La réussite était également absente, notamment contre la Suède : « Le problème, c’est d’avoir dix occasions par mi-temps sans mettre un but ». En un mot, il a manqué « cette dose de chance ».

Le défenseur Diego Placente rappelle l’héritage de Bielsa : « Pendant ces années, nous avons occupé la première place au niveau mondial, en jouant un football de haut niveau et en gagnant partout. Il a manqué le couronnement lors du Mondial ». Il considère injustes formulées contre son ancien entraîneur, après l’échec de 2002 : « Il a pris sa revanche lors de la Copa América et lors des Jeux Olympiques, qu’il a remportés. Il continue à démontrer que c’est un grand technicien. J’espère qu’un jour il entraînera de nouveau la sélection ».

Pablo Aimar, milieu de terrain qui a été plusieurs fois champion avec Valence en Espagne, considère Bielsa comme « le meilleur entraîneur » de sa carrière. Selon lui, c’est « un grand du football et, surtout, une personne formidable. Il est difficile de trouver un sélectionneur comme lui ». Il loue sa philosophie de jeu en rappelant qu’avec Bielsa l’Argentine a joué « le football souhaité par les supporters ».

Gustavo López, attaquant qui a également joué en Espagne, partage l’opinion de ses compagnons de la sélection nationale : « Pour moi, Bielsa est au top. Il vit et aime le football. Il est passionné. C’est quelque chose d’extraordinaire ». Il se souvient de la fidélité de son entraîneur à ses principes footballistiques « indépendamment des bons ou des mauvais résultats ». Il lui exprime sa gratitude : « J’ai beaucoup appris en sa compagnie et il fait partie des meilleurs techniciens que j’ai eus dans ma carrière. C’est le plus exigeant mais c’est également celui qui est toujours le plus reconnaissant de l’effort ou du sacrifice ».

Hernán Crespo, attaquant qui a marqué le championnat italien avec de multiples titres et qui a également embrassé la carrière d’entraîneur, garde un souvenir fort de son ancien sélectionneur : « Les entraîneurs qui m’ont le plus marqué dans ma carrière sont Ancelotti, Mourinho et Bielsa ». Grâce à ce dernier, « j’ai appris à jouer en équipe », note-t-il.

Marcelo Gallardo, milieu de terrain qui a remporté plusieurs titres en France et en Argentine et aujourd’hui entraîneur de l’équipe de River avec laquelle il a gagné la Copa Libertadores, ne tarit pas d’éloges à l’égard de son ancien sélectionneur. « Bielsa fait partie des techniciens qui m’ont le plus enseigné […]. C’est l’une des personnes qui a le plus suscité mon intérêt pour le jeu ». Il souligne son influence et son pouvoir de conviction : « Il fait partie des entraîneurs qui ont ravivé l’amour pour le jeu. J’ai connu beaucoup d’entraîneurs tout au long de ma carrière mais Bielsa savait mieux que quiconque transmettre un message. Il a marqué tous les joueurs qu’il a entraînés ».

Claudio Caniggia, attaquant qui a marqué l’histoire de la sélection argentine notamment grâce à sa complicité avec Diego Maradona et qui a participé à trois Coupes du Monde atteignant la finale en 1990, garde également les meilleurs souvenir de son ancien coach. Bielsa « est un type qui tire le meilleur de chaque joueur ».

Conclusion

Durant les six années qu’il a passé à la tête de l’Albiceleste entre 1998 et 2004, Marcelo Bielsa a marqué de son empreinte le football argentin. Aucun autre sélectionneur dans l’histoire du pays n’a obtenu de meilleurs résultats. L’épopée des éliminatoires pour le Mondial 2002, qui a permis à l’Argentine de battre tous les records de points, de victoires et de buts, ainsi que la consécration olympique de 2004 restent dans la mémoire collective des amoureux du football noble et généreux. Le natif de Rosario a marqué toute une génération de joueurs, lesquels gardent un souvenir ému du Professeur, surnom utilisé en signe d’affection et de respect. L’élimination prématurée du Mondial 2002 reste, certes, une douloureuse meurtrissure. Elle laisse également un sentiment d’injustice car l’idée footballistique de Marcelo Bielsa méritait un meilleur sort.

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