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LIVRE - Prix Nobel de la paix : L’implication de la dictature militaire brésilienne contre la nomination de Dom Helder Camara, rapport de la Commission d’État de la Mémoire et de la Vérité Dom Helder Camara (Pernambouc)

mercredi 8 juin 2016, mis en ligne par Dial

 Traduit du portugais (Brésil) par Gérard Panthier, avec la collaboration de José de Broucker
 DIAL, 2016
 96 pages, 10 euros.

Avant-propos des responsables de l’édition française, par José de Broucker et Gérard Panthier

Le Brésil a vécu sous régime militaire de 1964 à 1985. En 2011, une loi a donné naissance à une Commission nationale chargée d’établir la vérité sur les crimes et délits imputables à ce régime. En juillet 2012, l’État du Pernambouc a créé sa propre Commission Mémoire et Vérité pour enquêter, notamment, sur « l’action de la dictature militaire contre la candidature de Dom Helder Camara au prix Nobel de la Paix ».

Dom Helder était archevêque d’Olinda et Recife, capitale du Pernambouc, au nord-est du Brésil. Son nom a été porté quatre ans de suite (1970, 1971, 1972 et 1973), dans les formes requises, à la considération du Comité (norvégien) du Nobel de la paix par le lauréat de 1968 (René Cassin), des parlementaires de plusieurs pays européens, et l’importante Confédération latino-américaine des syndicats chrétiens (CLASC). Quatre ans de suite ce fut en vain. Que s’est-il passé ?

La Commission Mémoire et Vérité a produit un rapport éloquemment documenté adopté à l’unanimité le 25 septembre 2015 et publié à Recife (Compagnie éditrice de Pernambouc) le 18 décembre. Dial publie ici la traduction française de ce rapport. « Il est terriblement instructif, note un lecteur impressionné, et sur la dictature, et sur le prix Nobel, et sur la grandeur de Dom Helder. »

Sur la dictature : il y avait plus que des soupçons, fondés sur des sources médiatiques et rapportés par Nelson Piletti et Walter Praxedes dans leur biographie Dom Helder Camara : O profeta da paz [Dom Helder Camara : le prophète de la paix] (São Paulo : Editora Contexto, 2008). S’il pouvait rester des doutes, ils sont levés, preuves à l’appui. Le rapport révèle la perversité des œuvres et manœuvres occultes auxquelles la peur peut abaisser un pouvoir qui se dit fort. De tous les contestataires que la dictature a suscités, celui que les généraux ont le plus redouté a été le moins redoutable, le plus désarmé, le plus doux : le bispinho de Recife, le « petit évêque » comme il aimait s’appeler.

Sur le Nobel de la Paix : les cinq membres du Comité d’Oslo en quête de modèles pacifiques et pacifiants ne sont pas exempts de faiblesses humaines, ils ne sont pas indifférents aux intérêts de leur patrie, ils subissent des pressions. En temps de guerre, fut-elle froide comme dans les années 1970, le prix Nobel a du mal à survivre dignement : choisir Horace, c’est offenser Curiace, et réciproquement. La solution a parfois été l’abstention ; d’autres fois la contestation assumée ; dans le cas de Dom Helder, les dictateurs de Brasilia ont été plus forts que leurs homologues de Bangkok, de Pékin, de Moscou…

Sur Dom Helder : le prix Nobel ne comptait pas pour lui, mais il pouvait compter pour les millions de sans voix qu’il portait dans son cœur : « Je ne me sens que le petit représentant de toute une légion ». Son mot de la fin : « Je n’ai pas reçu le Nobel. Pourquoi douter du jury ? On doit accepter, respecter ». Du temps où il jouait au football, il a retenu qu’il est « très important et de savoir gagner et de savoir perdre » (Les Conversions d’un évêque, l’Harmattan, Paris, 2002).

Ce qu’il a gagné, c’est un « Prix populaire de la Paix » qui lui a été remis solennellement à Oslo puis à Francfort les 10 et 11 février 1974…

Quatrième de couverture

Extraits du discours prononcé à la Chambre fédérale, pendant la session du 24 mai 1981, par Fernando de Vasconcellos Coelho, alors député fédéral, à l’occasion des commémorations des 50 ans de l’ordination sacerdotale de l’archevêque d’Olinda et Recife, Dom Helder Camara :

[…] À la fois du Ceará, du Pernambouc, nordestin, sud-américain, Dom Helder Camara a été, avant tout, et comme peu de citoyens au monde, un frère, un interprète, un pasteur, l’avocat de tous les sans voix ni opportunité, de tous les persécutés, de tous les laissés-pour-compte, de toutes les victimes des structures iniques écrasant l’homme, et de tous ceux qui luttent pour les éradiquer, non par la haine mais par l’amour, en suivant la leçon du Christ. Par la non-violence active, la seule façon d’ouvrir des chemins utiles et durables pour la reconstruction de la société. Personne mieux que lui ne fait entendre la clameur des persécutés et des marginalisés du monde entier et l’espérance dans la construction d’une ère nouvelle.

[…] Il aurait dû être à bon droit prix Nobel de la paix […] s’il n’y avait eu l’intervention injustifiable des autorités brésiliennes auprès du jury de Stockholm.

[…] Nous sommes très rarement venus à cette tribune pour rendre des hommages. Mais aujourd’hui, nous sentons l’obligation de le faire – au nom des gens du Pernambouc que nous représentons en cette Maison et par devoir de justice – pour saluer les cinquante ans du sacerdoce de Dom Helder, l’espérance d’une société plus juste et plus fraternelle que ce prophète des temps nouveaux avait déjà commencé à construire. Par sa parole. Par sa présence. Par son exemple.

L’obscurité de la nuit où nous vivons annonce en fait simplement – c’est de lui que nous l’avons appris – la clarté de l’aube qui doit venir.

Fernando de Vasconcellos Coelho

Sommaire

Avant-propos de l’édition française 5
Présentation 13
Introduction 17

Première partie
1.1. Les origines, le sacerdoce, l’option pour les pauvres 21
1.2. Le Congrès eucharistique et la CNBB 24
1.3. Vatican II et le Pacte des catacombes 27
1.4. Les Conférences de Medellín (1968) et de Puebla (1979) 27
1.5. La Commission Justice et Paix et la défense des droits humains 29

Deuxième partie
2.1. Les premières tensions entre l’État et Dom Helder au Pernambouc
31
2.2. L’éloignement entre les militaires et Dom Helder 39
2.3. La diplomatie sous la tutelle de la Doctrine de la Sécurité nationale
45
2.4. L’action diplomatique contre Dom Helder Camara : les documents
secrets de l’Itamaraty 53

Troisième partie
3.1. Réaction de Dom Helder Camara aux nominations pour le Nobel de
la paix 71
3.2. La lettre écrite à Willy Brandt 80
3.3. Le Prix populaire de la paix 83

Considérations finales 89
Références bibliographiques 93
Annexes 95


L’ouvrage peut être commandé auprès de Gérard Panthier (gerard.panthier chez numericable.fr (paiement par chèque à l’ordre de Gérard Panthier ou par virement sur le compte de l’association Les Amis de DIAL, frais de port de 3 euros).

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