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FILM - BRÉSIL - Aquarius, de Kleber Mendonça Filho

Françoise Couëdel

mardi 18 octobre 2016, par Françoise Couëdel

 Co-production Brésil-France
 durée : 2h22
 dates de sortie : 1er septembre 2016 (Brésil), 28 septembre 2016 (France)
 avec Sônia Braga, Maeve Jinkings, Humberto Carrão, Irandhir Santos, Julia Bernat.

Aquarius est un petit immeuble à la façade bleue, dont les balcons s’ouvrent sur la vaste plage de Recife. C’est là que vit Clara, d’une cinquantaine d’années, veuve désormais, et c’est là où elle a élevé toute sa famille. Femme à la silhouette élancée et la longue chevelure noire, elle descend chaque matin nager sous le regard attentif du maître nageur ; puis se prélasse dans un vaste hamac, écoutant un des disques de sa collection impressionnante, témoin de sa profession de critique musicale.

Elle semble heureuse de retrouver, lors de fêtes chaleureuses, toute sa famille, pour célébrer l’anniversaire d’une tante, féministe impénitente, ou une bande d’amies de son âge, drôles et épanouies.

En dépit d’un épisode passé douloureux – Clara a subi l’ablation d’un sein – une force émane d’elle, une volonté de jouir de la vie, de préserver des liens familiaux tendres mais aussi sociaux avec des personnes de conditions plus modestes, comme Ladja, de tout temps à son service, et ses amies qui se réunissent sur le toit-terrasse d’un immeuble modeste d’un quartier populaire de Recife.

Elle est soucieuse aussi de tisser des liens intergénérationnels : elle aime échanger avec son neveu et sa petite amie et leur transmettre ses connaissances en musique.

Cette atmosphère de tendresse, de sérénité, d’indolence, de sensualité même, est troublée par l’irruption d’un jeune promoteur immobilier, aux dents longues, qui a déjà racheté la plupart des appartements d’Aquarius, avec l’ambition de détruire ce petit immeuble des années 50 pour ériger un gratte-ciel, à l’image de ceux qui se dressent déjà en bordure de plage.

Le promoteur va tenter, usant de toutes les formes de chantages, même les plus répugnantes et les plus scabreuses, de persuader Clara d’accepter sa proposition d’achat. Clara résiste et ne se laissera pas intimider.

Le film est clairement une dénonciation des spéculations immobilières et du libéralisme galopant qui sévissent au Brésil, enrichissant les classes privilégiées, blanches, rejetant vers des quartiers périphériques la petite bourgeoisie cultivée qu’incarne Clara, dont le promoteur souligne la couleur de peau un peu foncée !

Lors de sa présentation au Festival de Cannes, puis à celui de Biarritz, l’équipe du film a clairement pris parti en faveur de Dilma Roussef, protestant contre la procédure de destitution. L’équipe s’est affirmée aussi comme la représentante d’un cinéma qui se démarque des superproductions de Rio et revendique un cinéma du Nord-Est, d’où est originaire Kleber Mendonça Filho.

Pour ses prises de positions ouvertement politiques, le film pressenti pour représenter le Brésil aux Oscars, a finalement été écarté de la sélection et a fait l’objet d’un acharnement médiatique de la part du critique Marcos Petrucelli.

Le festival de Biarritz a décerné le prix d’interprétation féminine à Sônia Braga, dans le rôle de Clara, qui, à elle seule, incarne la résistance.

Le film connaît un succès impressionnant au Brésil où le public applaudit souvent à tout rompre à l’issue de la projection en criant « Dehors Temer ! »

Aquarius est le deuxième long métrage de Kleber Mendonça Filho après Les Bruits de Recife (2012). Pour la réalisation d’Aquarius, il a bénéficié de l’appui de deux grands noms du cinéma brésilien, Walter Salles et Carlos Diegues.

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