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DIAL 3039

MEXIQUE - Communiqué du CCRI-CG de l’Armée zapatiste de libération nationale, à quinze ans de son soulèvement armé

dimanche 1er février 2009, par Dial

Le 1erjanvier 1994, le jour de l’entrée en vigueur de l’Accord de libre-échange nord-américain, débutait le soulèvement zapatiste [1]. Quinze ans après, leur lutte continue [2], même si les grands médias n’en parlent plus [3]. Nous publions ci-dessous le communiqué diffusé le 1er janvier 2009. Il a été traduit par le Comité de solidarité avec les peuples du Chiapas en lutte.


(Transcription du message lu en espagnol par le commandant David et en tzotzil par le commandant Javier.)

Les zapatistes, les peuples indiens qui se sont proposés de lutter pour un monde meilleur et plus humain, sont de plus en plus persécutés et attaqués dans tous les domaines par les mauvais gouvernants de notre pays, par les puissants et par les partis politiques.
Quinze ans durant, nous avons dû constamment affronter les menaces, le harcèlement et les persécutions ainsi que les attaques lancées contre nous par l’armée et les groupes paramilitaires. Le mauvais gouvernement, les partis politiques et leurs alliés, parmi lesquels il y a même des gens pauvres, ne cessent de nous attaquer de toutes sortes de manières dans le but de stopper les progrès de notre lutte et de détruire notre base sociale, les peuples en résistance.

Quinze ans durant, le mauvais gouvernement a créé, financé et entraîné des groupes paramilitaires dans toutes les communautés, qui ont pour fonction de provoquer, de menacer et de diviser nos peuples.

Pour tenter d’affaiblir notre base sociale, le mauvais gouvernement n’a cessé de distribuer des aumônes à travers ses programmes d’assistance aux familles affiliées aux partis politiques, dans le but de contenter et de faire taire les gens pauvres et d’apaiser leur faim.

Le mauvais gouvernement a tenté de convaincre nos bases de soutien en achetant leur conscience, en leur promettant de meilleures conditions de vie afin qu’elles oublient leurs morts et leurs justes revendications. Il y a malheureusement des frères indiens qui sont tombés dans le piège tendu par le mauvais gouvernement et qui croient que leurs conditions de vie vont s’améliorer sans avoir à lutter.

Mais nous les zapatistes, nous n’avons pas pris les armes pour demander des miettes ou pour que l’on nous traite de mendiants. Nous, nous nous battons pour une véritable démocratie, une véritable liberté et pour une véritable justice pour tous. Nous luttons pour le bien de l’humanité et contre le néolibéralisme. Nous luttons pour un monde plus juste et plus humain. Pour un monde où aient leur place tous les habitants de notre planète.
Mais les mauvais gouvernements, les puissants, ceux qui se considèrent seigneurs et maîtres de tout, s’acharnent à piller les richesses de nos peuples, à ravager la nature et à détruire l’humanité.

Il est nécessaire et urgent que tous les gens bons et honnêtes de notre pays et de tous les pays du monde unissent leur parole, leurs luttes, leur résistance et leur digne rage. Nous avons l’espoir qu’un autre monde est possible.

C’est pourquoi nous demandons et invitons tous nos frères et sœurs, tous les compañeros et compañeras du Mexique et du monde à s’organiser et à s’unir, au sein de leurs communautés, contre un ennemi commun. Il nous faut cependant chercher la manière et les mécanismes qui permettent d’unir et de mondialiser nos luttes, nos résistances et notre rébellion.

Ce ne sera possible que si nous nous proposons de marcher ensemble et de lutter ensemble sans qu’importent les temps et les distances que nous rencontrons.

Frères et sœurs, compañeros et compañeras, faisons marcher nos étendards de lutte, faisons fortes et grandes notre lutte, notre résistance, notre digne rage et rébellion.
Nous les zapatistes, les peuples originaires de ces terres, nous allons poursuivre la lutte que nous avons commencée. Nous allons continuer à résister avec dignité et rébellion aux coups que nous porte le mauvais gouvernement.

Au long de ces quinze ans pendant lesquels on n’a cessé de nous frapper, nous avons appris à résister et à survivre, mais nous l’avons fait aussi parce que nous avons compté avec le soutien et la solidarité de nombreux frères et sœurs au Mexique et dans le monde.
C’est de cette manière que nous avons commencé à construire nos autonomies à différents niveaux, au niveau de la santé, de l’éducation, de la commercialisation de nos produits et dans l’autogouvernement de nos peuples.

À force de beaucoup d’efforts et en affrontant de grandes difficultés, nous avons essayé de faire quelques pas en avant, mais cela ne suffit pas encore pour résoudre les problèmes et satisfaire les immenses besoins de nos communautés.

Nos autorités ont tenté de résoudre les problèmes de nos communautés et de satisfaire certains de leurs nombreux besoins mais la plus grande partie de nos besoins n’a toujours pas trouvé de solution. La faim, la misère et les maladies ne cessent d’augmenter jour après jour.

En dépit de tout cela, nous poursuivons notre lutte parce que nous ne trahirons pas le sang versé par nos morts qui se sont battus jusqu’à donner leur vie pour la démocratie, la liberté et la justice. Nous suivrons l’exemple de nos frères et de nos sœurs et nous resterons fidèles à notre devise, lutter pour la patrie ou mourir pour la liberté.

Comité clandestin révolutionnaire indien - Commandement général de l’Armée zapatiste de libération nationale.

Du Caracol II, Oventik, zone des Altos de Chiapas, Mexique.

Le 1er janvier de l’année 2009.


Dial – Diffusion d’information sur l’Amérique latine – D 3039.
 Traduction d’Ángel Caído pour le Comité de solidarité avec les peuples du Chiapas en lutte. Traduction revue par Dial.
 Source (espagnol) : La Jornada, 2 janvier 2009.
 Source (français) : Comité de solidarité avec les peuples du Chiapas en lutte, 4 janvier 2009.

En cas de reproduction, mentionner au moins l’auteur, le traducteur, la source originale (Comité de solidarité avec les peuples du Chiapas en lutte) et l’adresse internet de l’article.

responsabilite


[1CCRI-CG signifie : Comité clandestin révolutionnaire indien - Commandement général.

[2Voir aussi, sur AlterInfos, « MÉXICO - Las mujeres zapatistas, una historia extraordinaria ».

[3Une recherche sur le moteur de recherche du journal Le Monde avec le mot « zapatiste » ne donne aucun résultat « depuis un an ». Le mot « Chiapas » en donne huit, mais aucun en rapport avec l’Armée zapatiste de libération nationale.

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