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DIAL 3208

AMÉRIQUE LATINE - Option préférentielle pour les pauvres et théologie de la libération : conférence de Gustavo Gutiérrez à l’occasion des 50 ans du CEFAL

Gustavo Gutiérrez

samedi 15 septembre 2012, par Dial

Cette année, le Pôle Amérique latine du Service national de la Mission universelle de l’Église (Conférence des évêques de France), anciennement dénommé CEFAL (Comité épiscopal France Amérique latine), fête les 50 ans de sa création, qui fait suite à la lettre envoyée en septembre 1961 par le pape Jean XXIII à l’Église de France. À cette occasion, le Pôle Amérique latine a invité le théologien de la libération péruvien Gustavo Gutiérrez [1] à participer aux journées du CEFAL 2012 (2 et 3 mars 2012). Dans ce cadre, une conférence était organisée à l’Institut catholique de Paris dans la matinée du samedi 3 mars. C’est le texte de cette conférence, transmis par l’auteur au Pôle Amérique latine que nous republions ici. Nous remercions chaleureusement le Pôle Amérique latine de nous l’avoir transmis.


D’abord un grand merci à l’Église de France pour tout ce que vous avez fait pour l’Amérique latine (et pour moi, car je pense à ma formation théologique à Lyon).

J’ai été très ému en voyant le film qui présente la rétrospective des 50 ans du CEFAL (Comité épiscopal France Amérique latine) [2].

Il y a de l’espérance. On reçoit la grâce de l’espérance si on crée des raisons d’espérer. Elle se reçoit si l’on fait ce qu’il faut pour la recevoir. Si l’Église de France a su provoquer cela en Amérique latine, c’est qu’il y avait quelque chose de très profond dans cette Église de France. Saint Augustin disait : « la mémoire, c’est le présent du passé ». Il ne s’agit pas de nostalgie (qui est une mémoire avec douleur), mais de joie.

Plan de la conférence

 1.- L’irruption du pauvre : début des années 60, cela a été le grand tournant

 2.- L’option préférentielle pour les pauvres

 3.- Deux mémoires

1.- L’irruption du pauvre – À la fin des années 50 et surtout durant les années 60

Il y a une nouvelle présence des pauvres, non seulement en Amérique latine mais aussi au niveau planétaire (décolonisation en Afrique). En Amérique latine, a lieu une nouvelle présence (entrée sur la scène politique, sociale, économique) des exclus et des revendications dans la société. Cela n’a pas commencé il y a 50 ans, et cela continue encore (femmes, Indiens, Noirs). On ne tenait pas compte de leurs besoins et de leurs droits.

Cette irruption nous a fait comprendre ce qu’on appelle la pauvreté. C’est un fait complexe. Elle ne se réduit pas à l’aspect économique, même si c’est une dimension importante. Il y a aussi une question culturelle (l’Amérique latine est un continent multiculturel), anthropologique, sociale… C’est pour cela que dans la théologie de la libération on appelle le pauvre « l’insignifiant » (socialement), la « non-personne », le socialement « invisible » (cf. un roman d’un Péruvien, dont le personnage principal est un Indien qui est devenu invisible) ; la société dans son ensemble ne tient pas compte de lui.

Les théologiens sont allés vers la Bible à partir de là.

Ce qui est conflictuel, c’est de chercher les causes de la pauvreté. Pendant longtemps, on a considéré la pauvreté comme naturelle (certains naissaient pauvres, d’autres riches – cf. le texte de Pie X : il y avait deux éthiques : les riches devaient être généreux, et les pauvres devaient être humbles et reconnaissants envers les riches). En fait, la pauvreté n’est pas un destin, c’est une condition, ce n’est pas une grâce mais une injustice, créée par des humains à travers des catégories socio¬économiques et aussi des préjugés théorico-idéologiques (supériorité de la culture occidentale sur toute autre culture, ou supériorité masculine…) et cela entre dans les têtes. La conférence d’Aparecida dit : « il faut éliminer la mentalité “machista” ». La pauvreté, si nous l’avons faite, si elle ne tombe pas du ciel, nous pouvons aussi la faire disparaitre. Au XVIe siècle, on disait en Angleterre que si les pauvres étaient pauvres, c’est parce qu’ils étaient paresseux et ne voulaient pas travailler !... mais en fait il y a aussi la rétribution de leur travail qui ne leur permet pas de vivre.

La question des causes de la pauvreté est entrée très tard dans le magistère récent… Pourtant on en a parlé au XIXe siècle, et même parmi les Pères de l’Église qui parlaient de responsabilité... mais on l’a oublié pendant des siècles (sauf de brillantes exceptions). Dès qu’on parle de causes, c’est conflictuel, parce que les gens se sentent accusés, et ils se sentent menacés dans leurs privilèges… Il y a donc une confrontation avec le pouvoir (militaire et économique). Cela a commencé très tôt. En 1964, au Brésil, a lieu un coup d’État militaire appelé Révolution nationale. C’est un coup d’État institutionnel. Ce sont les forces armées qui font l’institution… Pas le caudillo comme dans d’autres pays. Cela a eu aussi des conséquences internationales. Les États-Unis se sont méfiés – cf. le rapport Rockefeller : il a fait un tour en Amérique latine pour faire un rapport en 1969 : « l’Église change en Amérique latine, dans une très mauvaise direction ! » [3]. Le président de l’Organisation des États américains (OEA) déclare : « Nous avions poussé l’Église dans les sacristies, mais après Medellín, elle ressort par la fenêtre ! ». Tout cela vient de la nouvelle perception de la pauvreté dans l’Église.

La pauvreté est une mort physique mais aussi une mort culturelle (Indiens, Noirs, métis…). Au Pérou, on ne devrait pas parler de « minorités » et de défense des minorités, car ce sont eux la majorité. La pauvreté est un fait global, elle interpelle la foi, la manière de la vivre, de la comprendre et de l’annoncer. Car elle est contraire à la vie. La création est un don : le don de la vie. Donc la pauvreté est un fait global : situation économique, culturelle, juridique… comme le dit Hannah Arendt : « Être pauvre, c’est ne pas avoir le droit d’avoir des droits ». C’est être insignifiant dans notre société.

Dire que la pauvreté est en dernière analyse une mort, il faut le dire avec en tête ce que Jean XXIII disait au concile : c’est un signe des temps dans un sens négatif. Quelque chose qui va contre l’annonce du Royaume (amour, justice, liberté…).

La théologie de la libération est un effort pour lire à la lumière de la foi les événements historiques et la pratique historique. À cette époque, il y avait beaucoup de chrétiens (laïcs, agents pastoraux) qui prenaient conscience de cela, et on a commencé à déchiffrer cette réalité. Au niveau biblique, j’ai été alerté sur la question de la pauvreté en ayant eu comme professeur le père Gélin : Les Pauvres de Yahvé [4] (même si aujourd’hui, je ne suis plus sur la même lecture que lui).

La raison ultime (donc première) pour l’option pour les pauvres, c’est l’amour de Dieu. La seule façon de rencontrer Dieu dans l’autre, c’est de le considérer comme une personne à part entière. (voir Bartolomé de las Casas).

2.- L’option préférentielle pour les pauvres

Ce sont trois mots viennent de Medellín (pauvreté de l’Église).

 Pauvres : Dans la Bible, on parle des pauvres concrets, de la pauvreté réelle. Il y a aussi la pauvreté spirituelle dans Matthieu. C’est une métaphore et pour qu’elle soit porteuse de sens, il faut qu’elle déplace une caractéristique dans un autre contexte : du social vers le spirituel. Cette caractéristique, c’est que les pauvres sont dépendants des autres. La pauvreté spirituelle, ce n’est pas d’abord le détachement de la richesse, mais c’est mettre nos vies dans les mains de Dieu, c’est de dépendre d’un Autre et par conséquent nous devenons détachés de la richesse… C’est une métaphore, un peu comme l’enfance spirituelle. À Medellin : la pauvreté n’est jamais bonne… mais alors pourquoi les chrétiens devraient-ils pratiquer la pauvreté, sinon comme un vœu, comme un désir ?

D’où le troisième sens de la pauvreté, la pauvreté comme engagement avec deux versants : solidarité avec les pauvres et protestation contre la pauvreté (pas l’austérité qui est bonne pour la santé), la pauvreté comme insignifiance sociale. Il n’est pas nécessaire de passer par la théologie de la libération pour découvrir cela. Le philosophe Ricœur a écrit : « on n’est pas vraiment avec les pauvres si on n’est pas contre la pauvreté ». Être pauvre, ce n’est pas pour idéaliser la condition inhumaine et antiévangélique de la pauvreté.

Entre Medellín et Puebla, a surgi l’expression d’ « option préférentielle pour les pauvres », qui a été canonisée par Puebla. Il y a des synonymes, comme : option prioritaire… Dès les débuts de Puebla, il y a eu une commission qui s’est créée sur ce terme de « préférentielle » (il est faux de dire qu’on a ajouté « préférentielle » pour affadir l’option).

L’option n’est pas pour les pauvres spirituels !... Ils sont si peu nombreux !!! C’est pour les pauvres réels et concrets de l’histoire.

 Préférentielle : parce qu’on ne peut pas oublier l’universalité de l’amour de Dieu. Personne ne peut être en dehors de l’amour de Dieu mais les premiers seront les derniers… Il y a tension entre préférence et universalité, comme il y a en a une entre prière et action. Tension ne veut pas dire contradiction. Le mot « préférence » est là parce que c’est théocentrique. Préférence vient de « premier », qui suppose qu’il y a aussi un second et un troisième. Ce n’est pas exclusif… On ajoute « non exclusive »… mais c’est un pléonasme qui n’ajoute rien, parce qu’on est dans la logique de l’amour de Dieu.

 Option : le malheur de ce mot c’est qu’on peut l’entendre comme optionnel… En espagnol c’est très fort : c’est un choix décidé. Ce n’est pas une option « optionnelle ».

a. Plusieurs dimensions possibles à l’option préférentielle pour les pauvres

Elle signifie aller travailler avec les pauvres, faire amitié avec eux, etc… Mais pas seulement. Plus profondément, c’est un élément de notre spiritualité, de notre sequela Christi, notre suite de Jésus. C’est un axe spirituel, c’est faire l’option pour le témoignage de Jésus. Le fondement est théologique.

Il s’agit de penser le message du Royaume, de voir le message avec les yeux des opprimés (le desde en espagnol : depuis, à partir de). C’est ainsi par exemple qu’on peut lire l’histoire de Marthe et de Marie. La vision traditionnelle parle d’alternative entre vie contemplative et vie active. Mais on peut dire aussi : Marie a choisi d’écouter directement un message spirituel, alors qu’à cette époque, c’étaient les hommes à qui c’était réservé, et qui pouvaient ensuite le transmettre aux femmes ! Sans prière (contemplation), il n’y a pas de vie chrétienne, mais sans engagement, il n’y en a pas non plus – où est le prochain ? Puisqu’il n’y a pas deux histoires parallèles, une histoire humaine et une histoire de la foi, la foi est vécue au milieu de l’histoire humaine, même si on peut y déchiffrer plusieurs dimensions mêlées. Dans l’avant dernier brouillon de Gaudium et Spes, on parlait de l’unité de l’histoire. On a écarté cette conception par peur d’un manque de consensus. Mais avec le théologien dominicain M. D. Chenu, on peut affirmer l’unité de l’histoire. On retrouve cela aujourd’hui dans Deus Caritas est (n° 15 et 18) : il n’y a qu’un seul commandement, pas deux : aimer Dieu et aimer le prochain. Il y a fusion entre les deux, c’est le même commandement. C’est la logique de l’Incarnation. On l’affirme dogmatiquement, mais on a du mal à en tirer les conséquences historiques.

« L’amour de Dieu et l’amour du prochain se fondent l’un dans l’autre : dans le plus petit, nous rencontrons Jésus lui-même et en Jésus nous rencontrons Dieu. »

« Amour de Dieu et amour du prochain sont inséparables, c’est un unique commandement. Tous les deux cependant vivent de l’amour prévenant de Dieu qui nous a aimés le premier ».

b. Libération

En partant de l’irruption du pauvre et de l’option préférentielle pour les pauvres, on a voulu se demander ce que cela avait à voir avec la question centrale en théologie : la question du salut et du Royaume. On a donc parlé de libération. D’autant plus qu’à l’époque, cela faisait sens. On pensait à l’unité de l’histoire. On a d’abord parlé de trois niveaux, puis ensuite de trois dimensions.

 La première est sociale, économique, culturelle et politique. Il s’agit de libérer de la marginalisation, de l’exclusion, de l’ignorance.

 La deuxième est personnelle : il ne suffit pas de changer les structures oppressives, mais aussi les gens, les catégories mentales par exemple. Il faut changer de mentalité pour comprendre la pauvreté et comprendre le pauvre.

 La troisième est la libération du péché. Le péché existe, même s’il n’a pas bonne presse. Être libéré du péché, c’est entrer en communion avec Dieu et avec les autres personnes. La libération est ainsi un autre nom du salut.

Ces trois dimensions sont très liées : le péché, ce sont les personnes pécheresses, c’est un acte humain.

La raison ultime de l’injustice, c’est la négation de l’amour et donc du prochain. On ne peut pas arriver à cette conclusion si on se limite à l’approche des sciences sociales. L’injustice n’est pas seulement un fait social, c’est le résultat d’un certain type de relation avec Dieu. La théologie peut en parler.

Il y a une seule libération, à trois dimensions inséparables.

Ceci entraîne beaucoup de conséquences : si on ramène les enjeux de la vie chrétienne de l’au-delà vers ici-bas, cela change tout !

Aparecida dit : « l’option préférentielle pour les pauvres » a marqué irrémédiablement toute l’Amérique latine. C’est peut-être beaucoup dire. Mais c’est quand même vrai. L’Église latino-américaine est très marquée par l’option préférentielle pour les pauvres. Benoît XVI a dit à Aparecida le dimanche 13 mai 2007 : « L’option préférentielle pour les pauvres est implicite dans la foi christologique en ce Dieu qui s’est fait pauvre pour nous, pour nous enrichir de sa pauvreté ». N’y a-t-il plus personne qui parle de la théologie de la libération ? Non, il n’y a plus que Benoit XVI !

Tous ces gens qui ont donné leur vie, c’était dans le sens de l’option préférentielle pour les pauvres, mais pas pour la théologie de la libération.

3.- Deux mémoires

Cette réflexion s’appuie sur un article de l’exégète jésuite, le père Xavier Léon-Dufour, et sur une conviction de Saint Augustin : « La mémoire est le présent du passé ».

Il y a d’abord une « mémoire action de grâce » : chez Paul et Luc on trouve l’expression « Faites ceci en mémoire de moi ». Mais ce n’est pas seulement faire mémoire du dernier repas ; le « moi » désigne ma vie, la vie de Jésus, donc tout ce que j’ai vécu, de A à Z, guérisons, prédication, procès, passion, mort, résurrection.

Il y a aussi la « mémoire du service » : il faut rappeler le lavement des pieds. Jean ne parle pas de l’institution de l’eucharistie, il met à la place le lavement des pieds. Sans doute parce que s’agissant du dernier évangile, tout le monde connaissait le récit de l’institution. On peut y recoller le « faites ceci en mémoire de moi ». Le lavement des pieds prend alors une toute autre dimension. C’est un exemple que je vous ai donné, pour que comme moi je vous l’ai fait, vous le fassiez aussi : c’est la mémoire du service.

Ce sont les deux mémoires de Jésus, absolument indissociables, parce que le service était le mode de vie de Jésus. Ces deux mémoires ne peuvent être séparées, elles induisent deux langages pour témoigner.

a.- Le langage de la gratuité

« Pour nous, aimons, puisque Dieu nous a aimés le premier » (1 Jn 4,19). Notre amour pour Dieu est second.

Dieu ne nous aime pas parce que nous sommes bons, mais parce que nous sommes, tout simplement.

Et même chez Paul (Eph 1 4-5) : Dieu nous a faits ses enfants avant la création : la filiation est antérieure à la création ! « Nous ayant prédestinés dans l’amour à être pour lui des fils ». La vie chrétienne c’est d’aimer gratuitement. Cf. la parabole du Samaritain : on ne sait rien du blessé, sauf qu’il est dans le besoin, et en relation avec tous : c’est un acte absolument gratuit (Paul, Augustin, Luther).

b.- Le langage du service et de la justice

Ce sont les deux langages du témoignage chrétien. Pendant longtemps, la deuxième dimension ne faisait pas partie de l’évangélisation, ce n’était qu’une conséquence de la première. Aujourd’hui, cela a changé. La justice est un acte de l’évangélisation (cf. Mt 6,33 : cherchez le Royaume et la justice de Dieu en plein milieu du sermon sur la montagne).

En Amérique latine, on a tâché de réfléchir pour rendre à la théologie sa place : suivre un mouvement historique de l’Église, une théologie qui change parce que c’est la vie qui change.


Notes complémentaires

Les pauvres sont l’option préférentielle non parce qu’ils sont bons, mais parce que Dieu est bon.

Il ne faut pas idéaliser les pauvres. La pauvreté est un fait humain, social, économique et culturel. Un pauvre est quelqu’un qui n’a pas de poids, pas de droits, qu’on ne voit même pas. Il n’est pas respecté dans sa dignité d’être humain, de Fils de Dieu.

Dans la Bible, c’est très complexe. On y parle des pauvres, dans leur réalité concrète, mais pas de la pauvreté. Le livre de Job exprime le mieux cette complexité, avec ironie même.

La pauvreté est un défi à la théologie, une interpellation de la foi. Elle nie dans la pratique le don de la vie, elle signifie en dernière instance la mort.

L’évangélisation est libératrice : « C’est pour la liberté que le Christ vous a libérés » (Ga 5,1) et « si le fils vous libère, vous serez réellement libres » (Jn 8,36). Libres d’aimer, de servir. Libération, salut et rédemption sont des traductions équivalentes de la même réalité.

Le Royaume est un don, on le reçoit, pour le mettre en œuvre dans l’histoire, ici et maintenant. Dans les synoptiques, Jésus ne s’annonce pas lui-même, il annonce le Royaume ; dans Jean, il est désigné comme roi.

« Si je donne de la nourriture à une personne qui a faim, on dit que je suis un saint, si je demande pourquoi cette personne a faim, on dit que je suis un communiste. » (Don Helder Camara)

Dès qu’on parle des causes de la pauvreté, il y a conflit.

La pauvreté était présente dans la doctrine sociale de l’Église, la théologie de la libération l’a fait entrer dans la théologie.

La théologie est une réflexion critique sur la pratique à la lumière de la parole de Dieu. Faire de la théologie, c’est parler. Mais comment parler de Dieu à un monde adulte (D. Bonhoeffer) ? La théologie moderne doit satisfaire cette demande. La théologie de la libération essaie de répondre à une autre question : « Comment dire aux pauvres que Dieu nous aime ? » La question est si large que la théologie de la libération n’est qu’un essai de réponse.

On parle moins maintenant de la théologie de la libération, car elle est entrée dans la vie. Ainsi l’option préférentielle pour les pauvres, qui constitue 90% de la théologie de la libération, est présente dans les textes du magistère.

Les théologies naissent un jour pour mourir un autre jour, car elles sont un langage pour l’époque, alors que la foi est éternelle. « Une théologie qui ne parle pas du présent est fausse » (Henri Bouillard sj, 1950, à Lyon).

Il nous faut être dans le monde, discerner les signes des temps, même les mauvais. Les défis à la foi sont des interpellations, pas forcément des refus. Il nous faut, aujourd’hui, être beaucoup plus explicites sur les valeurs humaines et les droits. Et la proposition de foi n’est pas que dans les mots, elle est aussi dans la manière de dire (Bartolomé de las Casas).

« Il n’y a pas de foi en Jésus-Christ s’il n’y a pas de foi en son peuple. » (Xavier de Maupeou)


 Dial – Diffusion de l’information sur l’Amérique latine – D 3208.
 Source (français) : texte écrit de la conférence prononcé par l’auteur le samedi 3 mars 2012 à l’Institut catholique de Paris.

En cas de reproduction, mentionner au moins l’auteur, la source (Dial - http://enligne.dial-infos.org) et l’adresse internet de l’article.

responsabilite


[2Le CEFAL est désormais le Pôle Amérique latine du Service national de la Mission universelle de l’Église (Conférence des évêques de France) – note DIAL

[3Voir DIAL 479 - « ÉQUATEUR - Les sectes et le rapport Rockefeller » – note DIAL.

[4Éditions du Cerf, 1953 – note DIAL.

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