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DIAL 2508
AMÉRIQUE LATINE - Déclaration de Aldo M. Etchegoyen, évêque de l’Église méthodiste. « C’est le problème de la richesse qui crée celui de la pauvreté. »
Aldo M. Etchegoyen
lundi 15 octobre 2001, mis en ligne par
Texte paru dans Boletín Nueva Tierra, août 2000, Buenos Aires, Argentine.
La pauvreté fait aujourd’hui l’objet de références innombrables chez les économistes, les politiques, les sociologues et même les religieux. C’est certainement une vraie question, sur laquelle sont faites des analyses et des statistiques qui provoquent de grandes inquiétudes et des souffrances, étant donné que, derrière tout cela, il y a des populations pauvres qui souffrent d’un système économique injuste qui aggrave cette situation humaine.
On a parlé du « problème de la pauvreté », moi-même je me réfère à elle comme à une « situation humaine grave ». Mais, changeant d’angle, le moment n’est-il pas venu de commencer à parler du « problème de la richesse » et, en lui, du problème des riches ? Ne sont-ils pas, par hasard, ceux qui provoquent la pauvreté par leurs décisions économiques globales ou nationales ? Ne sont-ils pas ceux qui, par leurs stratégies et leurs pressions, définissent et conditionnent souvent les décisions politiques qui aggravent la pauvreté ? Les choses se présentent aujourd’hui ainsi : les riches prennent les décisions et les pauvres en subissent les conséquences. Les travailleurs perdent leur travail à cause des décisions des entreprises ou des monopoles qui ne regardent que les chiffres et leur rentabilité, même si le prix en est des milliers de personnes licenciées.
Nous vivons en un temps où les « droits économiques » sont beaucoup plus valables pour le pouvoir de l’argent que les droits humains. Très fréquemment, nous parlons du « problème de la pauvreté », nous devons aussi parler du « problème de la richesse ». Nous nous référons aux conséquences de la pauvreté : la dénutrition, l’analphabétisme, la marginalisation sociale, et, très souvent, certains associent avec légèreté pauvreté et délinquance en disant : « ce sont ceux de la banlieue ». Regardons dans une autre direction et faisons aussi référence aux conséquences de la richesse : le gaspillage grossier, les privilèges spéciaux, l’indifférence sociale et, très souvent, la délinquance des cols blancs. Nous avons malheureusement perdu la capacité de nous étonner et nous assistons au triste spectacle de riches qui jouent avec leurs millions parce qu’ils ont su spéculer ou ont acquis une capacité particulière en matière de sport, de musique ou de cinéma. L’un d’eux s’est justement moqué grossièrement du pape sans penser que son propre compte bancaire - inconnu, c’est certain - n’est pas un simple compte d’épargne. Que dire des entreprises puissantes qui « mangent » littéralement les PME en détruisant ainsi des années de travail honnête fait d’effort et de constance. Il y a des siècles, un maître juif de Nazareth en Galilée le disait déjà : « malheur à vous les riches ! »
Mettons les choses dans l’ordre : c’est le problème de la richesse qui a créé ce que nous appelons de façon injuste le problème de la pauvreté, alors que nous devrions plutôt proclamer l’injustice et la douleur des pauvres.
– Dial – Diffusion de l’information sur l’Amérique latine – D 2508.
– Traduction Dial.
– Source (espagnol) : Boletín Nueva Tierra, août 2000.
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