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MEXIQUE - AMLO et la droite

Eva Cuervo

dimanche 2 juin 2019, par Françoise Couëdel

Lundi 20 mai 2019.

Le nouveau gouvernement d’AM López Obrador, avec sa 4T (la 4e transformation) a hérité d’un pays en faillite (sans argent et endetté), qui connaît un grave problème d’insécurité, qui compte 250 000 personnes exécutées, 40 000 disparus, 300 bandes de délinquants, un million de victimes ; c’est un pays devenu un immense cimetière, avec une augmentation de la pauvreté, un tissu social délabré, et de surcroît une droite (PAN, PRI, PRD, MC) qui, avec un cynisme inouï, réclame que toutes ces questions soit résolues rapidement et accuse le nouveau gouvernement des faits dont elle est elle-même responsable. La droite mexicaine et celles de n’importe quel pays du monde se ressemblent. Ce qui les caractérise c’est d’être vendues, élitistes, racistes, égocentriques, immorales, hypocrites, corrompues, intolérantes, dominatrices, misogynes, égoïste, autoritaires, immorales, génératrices de haine, perverses, et antipatriotiques ; les seules choses, dans leur misérable existence, qui leur importent sont l’argent et le pouvoir. Elles appartiennent à la classe supérieure (les riches) ou s’identifient à elle, celle de l’entreprenariat, elles répugnent aux changements et croient que les inégalités sociales sont le fait des dieux (les riches et les pauvres ont toujours existé) ou de la sélection naturelle ; en conséquence elles sont contre l’égalité et ses quatre variantes 1.) l’égalité juridique et politique, 2.) l’égalité sociale, 3.) l’égalité des chances, 4.) l’égalité économique (Sartori, Giovanni).

La droite est responsable des immenses inégalités sociales, de la perte de souveraineté énergétique et alimentaire du pays, en nous inféodant au plan militaire et économique aux États-Unis de l’Amérique du Nord.

Les conservateurs, les opposants, les fifis, se retrouvent dans presque tous les partis, (dans Morena, mouvement de régénération nationale, il y a plusieurs infiltrés), néanmoins, actuellement, le parti le plus actif et représentatif de l’opposition conservatrice est le PAN (le PRI participe peu car il lutte pour sa survie), situé à l’extrême droite du spectre politique, il passe 24 heures sur 24 à attaquer le nouveau gouvernement et la 4T, à mentir, diffamer, tergiverser, inventer, à tirer absolument tout de son contexte. « Est-ce que ça a été fait ? Pourquoi ça été fait ? Si ça n’a pas été fait, il aurait fallu le faire ». Ils critiquent absolument tout, de façon fallacieuse, superficielle, peu sérieuse, parfois absurde et sans fondement. Ils annoncent le désastre, la destruction, anticipent l’échec de la 4T, Lopez Obrador et de son gouvernement (qui n’a que 5 mois d’existence). Ils ne reconnaissent pas les améliorations majeures réalisées par le gouvernement, que seuls défendent la presse étrangère, les youtubeurs, et les causeries matinales du président.

La droite mexicaine est putschiste. Voici quelques-unes de ses actions les plus funestes :

 1) En 1908, 2006 et 2012 (coups d’État électoraux) elle s’est imposée par la force par la fraude, en corrompant les autorités et en mentant à la population.
 2) Ricardo Alemán, journaliste de Televisa, Milenio et canal 11, le 5 mai 2018, sur son compte twitter, incite à assassiner López Obrador comme moyen de l’empêcher de se présenter aux élections du 1er juillet.
 3) Elle fomente un projet pour destituer à moyen terme López Obrador. Marko Cortez, président national du PAN (qui s’est entretenu par téléphone à plusieurs reprises avec J. Guaidó), présente, le 28 mars 2019, une dénonciation auprès de l’OEA contre AMLO, l’accusant de menacer le système démocratique du pays et de vouloir être réélu, de même qu’il incite les États-Unis à projeter la destitution de Nicolás Maduro, en faveur de Juan Guaidó, président autoproclamé du Venezuela, avec la complicité de l’OEA.
 4) On soupçonne que la droite est derrière divers actes terroristes (incendies, coupure d’électricité dans la péninsule du Yucatán) dans le but de déstabiliser le nouveau gouvernement. Epigmenio Ibarra, le 20 avril de cette année, publie sur son compte ce tweet : « On a provoqué la terreur à Vera Cruz et Guanajuato en perpétrant des massacres comme celui qui s’est produit il y a quelques heures à Minatitlán » dans le but, non seulement de provoquer la panique au niveau régional, mais à avoir aussi un impact politique au niveau national.
 5) Jusqu’à aujourd’hui (5 mai 2019) les fifis ont organisé 5 marches anti-AMLO, l’accusant d’être un dictateur, intolérant, répressif, communiste, provocateur, ignorant, demandant sa démission pour inaptitude et son manque de projet de gouvernement. La première marche des fifis a eu lieu le 11 novembre 2018, avant qu’il ne prenne ses fonctions de président de la république. Je cite le contenu de quelques banderoles brandies lors de ces marches : « Ni minibus, ni métro, je veux mon aéroport », « Ami, banquier, ton fric d’abord », « NAIM ! (Nouvel aéroport de Mexico) attend ton heure, le riche se soulève », « Pauvre mec, ceux qui ont un cerveau n’ont pas voté pour toi ». Les marches fifis incarnent le comble de l’ignorance, de l’alignement et de la servilité des classes moyenne et basse qui continuent à promouvoir les intérêts de la classe supérieure, même si celle-ci, dans le meilleur des cas, par charité, distribue des miettes aux plus démunis (Proceso 01/11/2018). Ces marches nous ont révélé la haine et le mépris du peuple, l’esprit de classe et l’ignorance.

La caractéristique de la droite la plus flagrante est l’hypocrisie. Elle est très active contre la légalisation de l’avortement, elle ne cherche pas à savoir, si une fois nés, les enfants mangent, vont à l’école, vivent dans la rue ou sont exploités sexuellement et au travail, ou s’ils meurent prématurément de maladies curables, s’ils ont été abandonnés, sans protection, proies faciles des pédérastes et de la délinquance : ces attitudes sont véritablement monstrueuses. Pendant 36 ans la droite a imposé des politiques économiques inhumaines, qui ont fait du Mexique la deuxième destination du tourisme sexuel dont sont victimes des enfants, le paradis des pédophiles. Nos enfants meurent prématurément de maladies liées à la malnutrition. Cinq enfants sur dix des enfants mexicains ne mangent qu’une fois par jour et, s’ils sont indiens, le chiffre s’élève à huit enfants sur dix (Fdez. Noroña Gerardo. Code Pénal Fédéral, concernant le tourisme sexuel. You Tube. 10 avril 2019). Tout cela n’a jamais suscité de manifestations de la part des gens de droite et quand ils ont protesté c’était parce qu’on leur supprimait le business des garderies car ils percevaient illégalement du gouvernement un milliard de pesos par an pour 100 000 enfants qui en réalité n’existaient pas.

Le peuple mexicain doit bien comprendre qu’il ne va pas être facile de changer toutes ces manœuvres de corruption qui durant 36 ans ont permis le pillage des richesses nationales ; il faut être patient et persévérant pour réussir à consolider la 4T. Nous devons être en permanence attentifs et critiques, ne pas nous laisser abuser ; rappelons-nous que la droite, tout au long de notre histoire, a usé de la violence, de la mort et de l’extermination quand elle s’est sentie menacée de perdre le pouvoir. Tournons notre regard vers l’Argentine et le Brésil qui, après avoir eu des gouvernements démocratiques, ont permis le retour de la droite et ont aujourd’hui de sérieux problèmes. Il faut supprimer l’existence légale des partis de droite pour qu’ils ne reviennent pas avant longtemps.

Réjouissons-nous, nous vivons une période intéressante : selon un sondage de Gallup de 2018, seul 45% des États-Uniens qui ont entre 18 et 29 ans sont favorables au capitalisme et 51% sont favorables au socialisme [1] ; le néolibéralisme est en déclin dans tous les pays (La Grande-Bretagne et les États-Unis sont le théâtre de la naissance et la mort de ce modèle). S’en est fini du pouvoir hégémonique des États-Unis dans le monde, des alternatives sont possibles et les équilibres entre la Russie, la Chine et les États-Unis régiront la planète, cela facilitera la détente des relations mondiales car les négociations entre pays se feront avec moins de pression.

AMLO et la 4T, permettent que renaisse le rêve de Simón Bolívar. Dans le sud du continent point déjà la nouvelle aube du Néo latino-américanisme. En octobre nous célébrerons avec joie, aux côtés du peuple argentin, le triomphe extraordinaire et enthousiasmant de Cristina Fernández de Kirchner pour que le soleil de son drapeau éclaire à nouveau tout le cône sud.

P.S. Mon soutien va à la Coordination nationale des travailleurs de l’éducation (CNTE) dans sa lutte contre l’approbation par les deux chambres de la nouvelle Réforme éducative, qui est comme toujours en faveur des chefs d’entreprise et assujettie à l’OCDE. Au sein de Morena les législateurs qui ont été partisans du PAN, du PRI et du PRD ont voté comme en 2013 [2]. L’heure est arrivée de purger le parti.


Traduction français de Françoise Couëdel.

Source (espagnol) : https://www.rebelion.org/noticia.php?id=256115.

responsabilite


[1Charles Kupa, « ¿Por qué los jóvenes estadounidenses se inclinan hacia el socialismo y en qué futuro creen ? » [Pourquoi les jeunes États-Uniens sont favorables au socialisme et quel futur veulent-ils ?], RT, 23 avril 2019, https://actualidad.rt.com/actualidad/312584-jovenes-estadounidenses-inclinan-socialismo-futuro-sanders.

[2Laura Poy Solano, « Abrogación de la reforma educativa debe ser total ; no cederemos : CNTE » [L’abrogation de la réforme éducative doit être totale ; nous ne céderons pas : CNTE], La Jornada, 2 mai 2019, https://www.jornada.com.mx/2019/05/02/politica/010n1pol.

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