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HAÏTI - Une bande criminelle assassine 70 personnes

Victoria Korn

lundi 21 octobre 2024, mis en ligne par Françoise Couëdel

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5 octobre 2024.

Des membres de la bande criminelle Gran Grif, armés de fusils automatiques, ont ouvert le feu après que certains conducteurs de Pont Sondé aient refusé de payer un péage que cette même bande avait installé sur une route nationale, faisant 70 morts, dont dix femmes, trois bébés et 16 blessés graves.

Cette réalité traduit le pouvoir que conservent les bandes qui contrôlent la plus grande partie de Port au Prince, la capitale, et surtout l’accès aux principales routes nationales. Pont Sondé est une localité du département d’Artibonite, sur la route qui mène de Port au Prince à Cap haïtien, la grande ville du nord du pays.

Haïti fait face à une redoutable crise humanitaire qui a empiré en février quand plusieurs gangs se sont associés pour renverser le gouvernement du ministre impopulaire Ariel Henry. Face à ces bandes fortement armées, accusées d’assassinat, de mise à sac, de viols et d’enlèvements, les forces de sécurité sont dans l’incapacité de freiner la violence.

Un communiqué des bureaux de l’ONU pour les Droits humains indique que les membres de ce gang « auraient incendié au moins 45 maisons et 34 véhicules », obligeant les habitants à fuir. Deux des blessés graves sont des membres de cette bande visée lors d’un échange de tirs avec la police haïtienne.

Selon des membres d’organisations locales, un membre de ce gang, Luckson Elan, a donné l’ordre d’attaquer la population après que certains conducteurs de la ville aient refusé de payer un péage que le gang avait installé sur la route nationale : ses membres ont envahi la ville et exécuté des dizaines de résidents. Presque toutes les victimes sont mortes d’une balle dans la tête.

Fin septembre, les États-Unis ont annoncé des sanctions contre Luckson Elan en raison de son implication dans de graves violations des Droits humains, ainsi que contre un ex membre du Parlement, Prophane Victor, pour son rôle dans la formation, le soutien et la livraison d’armes aux gangs. Le gouvernement de Joe Biden a rappelé ce vendredi qu’il offre d’énormes récompenses pour la capture des chefs de gangs haïtiens.

Washington a offert, en 2022, un million de dollars pour la capture de Wilson Joseph, le chef supposé du gang 400 Mawozo, 2 millions de dollars pour Vitel’Homme Innocent, chef du gang Kraze Barye pour son implication dans la séquestration, en 2021, de 16 missionnaires chrétiens étatsuniens et un canadien, en Haïti.

Le gouvernement du premier ministre Gary Conille a annoncé l’envoi, dans la zone attaquée, de policiers haïtiens et d’effectifs de la Mission multinationale de soutien à la sécurité en Haïti (MMAS) qui tentent d’aider les forces locales à rétablir l’ordre. La MMAS, composée pour une grande majorité de 400 policiers kényans, manque pour le moment des ressources nécessaires pour faire face à un ennemi puissant.

Conille a déclaré sur son réseau social qu’il s’est agi d’une attaque brutale, insensée. Ce crime odieux, perpétré contre des femmes, des hommes et des enfants sans défense, est non seulement une attaque contre ces victimes mais contre toute la nation haïtienne.

Le ministère de la santé a déclaré que ce fait de violence « perturbe la vie quotidienne des résidents, limitant leur accès aux services de base, en particulier aux soins de santé », et dit que « l’insécurité permanente empêche les interventions humanitaires dans certaines localités, ce qui fait que la situation est de plus en plus critique » en raison de « l’accès impossible à la zone affectée ».

Selon le Bureau intégré des Nations unies en Haïti (BINUH), au moins 1 379 personnes, entre morts et blessés, ont été victimes de la violence des bandes armées en Haïti, au cours du second trimestre 2024, portant à presque 3 900 les victimes au premier semestre de cette année. Plus de 700 mille personnes, parmi elles la moitié d’enfants, se sont vus obligées à quitter leur maison pour trouver refuge dans d’autres zones du pays, selon les derniers chiffres de l’Organisation internationale pour les migrations (OIM).


Victoria Korn est une journaliste vénézuélienne, analyste spécialisée sur l’Amérique centrale et les Caraïbes, associée au Centre latino-américain d’analyse stratégique (CLAE) (CLAE, www.estrategia.la).

Traduction française de Françoise Couëdel.

Source (espagnol) : https://estrategia.la/2024/10/05/banda-criminal-asesina-a-70-personas-en-haiti/.

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