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DIAL 3755 - Pour l’amour des pauvres et de l’Amérique latine

Trajectoires pradosiennes entre foi, engagements et transformation sociale. (I) Introduction

Ellie Douska

lundi 29 septembre 2025, mis en ligne par Dial

Ellie Douska est doctorante en histoire contemporaine à l’université Lyon III. Son mémoire de master 2 (2024) portait sur Les prêtres du Prado envoyés au Chili à titre de « prêtres Fidei donum » (1957-1990) [1] et elle a gentiment accepté de présenter les résultats de sa recherche dans un article que nous publierons en 3 livraisons.


Introduction

Il y a maintenant un peu plus de cinquante ans, le palais présidentiel de la Moneda était bombardé par une faction putschiste des forces armées chiliennes. En ce matin du 11 septembre 1973, le Chili basculait dans une dictature militaire qui allait durer 17 ans. C’était la fin d’un mythe national rarement mis en question – celui d’une tradition démocratique supposée inébranlable – et d’un rêve politique qui avait dû faire face à de lourdes oppositions. Jusqu’au retour officiel à la démocratie, en 1990, le régime d’Augusto Pinochet se sera rendu coupable de la mort ou de la disparition d’au moins 3 200 personnes et d’environ dix fois plus de cas de tortures [2].

C’était au milieu de divisions persistantes que le Chili accueillait les commémorations des cinquante ans du coup d’État, en septembre 2023. Ce fut tout de même l’occasion pour le pays andin de se remémorer les souffrances et le courage collectif du peuple chilien face à la répression dictatoriale, de rappeler l’importance des valeurs de la démocratie et du respect des droits humains, et d’appeler, encore une fois, à la réconciliation nationale. Quelques jours plus tôt, le quartier populaire de La Victoria honorait silencieusement la mémoire d’un de ses morts. André Jarlan, un prêtre français originaire de l’Aveyron, y avait trouvé la mort le 4 septembre 1984, sous le coup d’une « balle perdue » tirée par les carabiniers du régime pinochetiste. André Jarlan n’était que depuis 18 mois au Chili , où il avait été envoyé en tant que prêtre missionnaire. Et pourtant, sa mort le transformera presque aussitôt en un symbole collectif d’espoir et de réconciliation. Son histoire n’invite pas seulement à donner un nom aux silhouettes d’hommes et de femmes qui s’engagèrent contre la dictature. Elle invite aussi à mettre en lumière des trajectoires individuelles et collectives encore méconnues, telles celles de plusieurs prêtres français qui s’étaient mis, comme André Jarlan, au service des Églises latino-américaines ; acteurs discrets des circulations qui se développèrent entre l’Europe et l’Amérique latine ainsi que des évolutions sociales, culturelles et politiques qui jalonnèrent l’histoire du second XXe siècle. Tel était l’un des objectifs d’un travail scientifique d’envergure, publié en 2023 sous le titre Des allers sans retours ? [3], et plus modestement d’un mémoire de recherche [4] portant sur un groupe particulier de cet ensemble d’hommes partis de l’autre côté de l’Atlantique pour remplir une vocation à la fois humaine et religieuse diversement conçue et actée. Ce dernier travail sert de base à cet article qui se propose d’effectuer un gros plan sur quelques trajectoires déployées entre deux rives et, par extension, de donner un aperçu des parcelles d’histoires qu’elles permettent d’éclairer.

Prologue : à la rencontre des protagonistes

« Quand un évènement brutal, violent, nous traverse le cœur, on fait face. On le prend à bras-le-corps et, peu à peu, dans la réflexion, la prière, les choses se décantent et prennent un sens. La lumière se fait. Et quand, après, on raconte ce qui s’est passé, on mêle le récit des faits et le sens qu’on leur donne. Alors, ne vous étonnez pas de voir, dans la relecture que j’en ai, les deux mêlés. C’est d’ailleurs ainsi que se sont écrits les Évangiles, quarante ou cinquante ans après les faits. Les Apôtres ont tout relu à la lumière de la Résurrection [5] ».

C’est ainsi que Jacques Lancelot introduit le récit qu’il fait de la mort de son ami et confrère, André Jarlan, dans un long courrier qu’il rédige à ses proches et amis, quelques mois après les faits. Envoyé lui aussi au Chili en tant que prêtre missionnaire, Lancelot était proche de Jarlan pour avoir fait équipe avec lui à La Victoria, où ils se consacraient spécialement à l’évangélisation des ouvriers. Jacques Lancelot était en effet prêtre du Prado, un institut clérical fondé à Lyon au milieu du XIXe siècle sous l’impulsion du père Antoine Chevrier (1823-1879), qui était alors vicaire de la paroisse Saint-André de la Guillotière. Exerçant son ministère sacerdotal au sein de ce qui était alors un petit faubourg industriel de la banlieue lyonnaise, Antoine Chevrier fut confronté aux conditions de vie difficiles des ouvriers de son temps et à leur détachement religieux. C’est d’abord par un souci d’ordre spirituel et pastoral vis-à-vis de ces catégories doublement marginales qu’il fonda le Prado [6], une « école cléricale » avec pour vocation la formation d’« apôtres pauvres pour les pauvres ». Les prêtres pradosiens, tous diocésains [7], se consacrent ainsi à l’évangélisation prioritaire des plus pauvres de leur temps, entendus dans un sens large comme les plus marginaux, tant d’un point de vue social que religieux. Ancrés dans des préoccupations religieuses et ecclésiales, les moyens employés à cet effet se sont exprimés sous plusieurs formes au cours du temps, de l’action sociale à l’enseignement professionnel, en passant par le soin et l’instruction religieuse.

Après un temps de léthargie consécutif à la mort du fondateur puis une phase d’extension rapide à l’intérieur de l’hexagone, le Prado sut s’arrimer à l’atmosphère missionnaire régnante dans l’Église catholique de l’après-guerre pour s’étendre en dehors des frontières françaises et européennes. Sous l’impulsion de Mgr Alfred Ancel, supérieur général du Prado investi dans sa responsabilité épiscopale, plusieurs pradosiens traverseront ainsi l’Atlantique, pour se mettre au service des Églises latino-américaines à titre de « prêtres Fidei donum ». Principalement envoyés dans les pays du cône Sud – surtout au Chili, au Brésil et en Argentine – ces prêtres s’insèrent dans un réseau de forces missionnaires international œuvrant au sein des Églises latino-américaines tout au long du XXe siècle. Sur place, souhaitant rester fidèles à leur affiliation spirituelle et institutionnelle, ils s’immergent au cœur de quartiers populaires à géométrie variable mais aux réalités similaires – favelas brésiliennes, poblaciones chiliennes, villas miseria argentines – où ils partagent le quotidien des pauvres et des ouvriers, tant matériellement que socialement. Si au moment du départ ils pouvaient encore concevoir la pauvreté comme une réalité universelle et donc invariable, la rencontre frontale avec la misère humaine incarnée par les pauvres du sous-continent américain constitue pour eux un choc provocateur de profonds bouleversements.

Dans le contexte de polarisation idéologique et de déstabilisation politique qui est celui des sociétés latino-américaines des années 1960-1970, ces prêtres sont amenés à remettre en question leurs anciennes certitudes et leur perception du monde, à réinterroger leurs méthodes d’apostolat, leur conception du sacerdoce ou de la foi… au nom même de celle-ci. L’indignation pousse progressivement certains d’entre eux à prendre la plume ou la parole pour dénoncer ce qu’ils perçoivent comme un ordre social injuste, ou pour verbaliser des contradictions paradoxales : Que faire du souci d’évangélisation ou de la traditionnelle obsession du missionnaire pour le salut des âmes dans l’au-delà, alors les pauvres du tiers monde attendent plus que jamais une promotion sociale et une libération temporelle (sociale, économique, humaine…) ? Jusqu’où le prêtre contemporain, qui se veut aussi être humain et citoyen à parts égales, peut-il ou doit-il accompagner les fidèles dont il est le pasteur dans leurs revendications sociales et politiques ? À l’heure où, dans la ligne du concile Vatican II (1962-1965), l’Église affirme le droit de tous les êtres humains au « développement intégral [8] » et que le Conseil épiscopal latino-américain (CELAM) [9] se proclame en faveur de « l’option préférentielle pour les pauvres [10] », certains pradosiens sont ainsi amenés à faire des choix qui les éloignent parfois de leur rôle sacerdotal, brouillant les frontières entre mission religieuse et engagement temporel.

L’Amérique latine appelle à l’aide : la mission catholique à l’ère de la Guerre froide

Le milieu du XXe siècle est un moment de recompositions, d’agitation et d’inquiétude croissante, pour les gouvernements comme pour l’Église catholique. Dans un contexte international marqué par les prémices de la Guerre froide, le magistère romain se soucie effectivement de plus en plus du devenir de la chrétienté. L’« Europe chrétienne » semble perdre tous les jours un peu plus de ses attaches religieuses, tandis que d’autres régions du monde seraient directement menacées par l’avancée du communisme athée. Dans ce contexte, l’Amérique latine devient rapidement un théâtre des tensions géopolitiques internationales et une arène majeure du duel idéologique mondial. Elle devient en même temps le centre d’une « géostratégie missionnaire [11] » actualisée depuis le Vatican en fonction des nouvelles données sociales, politiques et idéologiques. Fort d’une population qui se déclare alors à plus de 80% catholique, le sous-continent américain constitue de fait un enjeu majeur pour l’avenir de l’Église. Or, ce véritable « trésor catholique » serait doublement menacé : au marxisme athée qui séduit une partie croissante des fidèles, surtout au sein de la jeunesse et d’une masse ouvrière en quête de mesures sociales concrètes, s’ajoute une carence structurelle de personnel religieux qui pourrait mettre en péril plusieurs siècles d’évangélisation et fragiliser une supposée unité confessionnelle qui agissait jusqu’alors comme un rempart efficace contre tout ce que l’Église pouvait considérer comme des « ennemis de la foi ». Rome prend la mesure de la situation en canalisant progressivement les énergies missionnaires sur cette partie du monde et en actualisant la mission traditionnelle dans une logique d’endiguement du communisme. En avril 1957, avec l’encyclique Fidei donum (« don de la foi »), le pape Pie XII achève le processus initié par ses prédecesseurs en appelant les épiscopats européens et nord-américains à une mobilisation générale en faveur des diocèses du tiers monde. Au nom d’une co-responsabilité qui lierait toutes les Églises locales entre elles et d’un souci de justice en matière de répartition du personnel religieux, les Églises de « vieille chrétienté », « dotées en richesses surnaturelles [12] », sont ainsi invitées à prêter, pour un temps déterminé, certains de leurs prêtres diocésains à leurs Églises sœurs d’Afrique, d’Asie et d’Amérique latine. Nombreux sont les prêtres diocésains français qui profitent de cette ouverture normative [13] et qui partent de l’autre côté de l’Atlantique, à titre de « prêtres Fidei donum ». Parmi eux, figurent des prêtres du Prado au nombre certes proportionnellement limité [14], mais dont la présence n’est pas moins significative.

Au sein du Prado, le projet d’envoi de prêtres vers l’Amérique latine se met en place sous l’impulsion du supérieur général, Mgr Ancel, lequel songeait depuis le début des années 1950 à engager les pradosiens dans l’effort missionnaire de l’Église. Depuis le début de son supériorat, en décembre 1942, l’évêque auxiliaire de Lyon avait en effet déjà engagé l’institut lyonnais dans l’œuvre d’évangélisation tournée vers l’intérieur, c’est-à-dire à destination d’une classe ouvrière jugée de plus en plus « déchristianisée ». Des projets missionnaires avaient également été envisagés dans un sens plus large, notamment en direction des missions africaines, au gré de « demandes » plus ou moins directement adressées au Prado par le biais de prêtres, de supérieurs de congrégations religieuses ou d’évêques. La destination latino-américaine se précise en février 1957, lors d’une visite de Mgr Ancel à Rome au cours de laquelle des élèves du séminaire latino-américain [15] le sensibilisent aux problèmes de sous-encadrement religieux de leurs diocèses d’origine. De retour à Lyon, le supérieur général affirme avoir été bouleversé par les témoignages recueillis. Selon lui, le Prado doit répondre aux appels des Églises et surtout des âmes, par double souci de fidélité : à sa propre vocation d’abord et à l’Église universelle ensuite. Mgr Ancel met aussitôt le projet en marche, d’autant plus que deux pradosiens se sont déjà portés volontaires pour se mettre au service d’un diocèse en Amérique latine : Pierre Rolland (Bordeaux) et André Lanson (Orléans) ont tous deux entamé des démarches en ce sens auprès de leurs évêques respectifs. Mais le sous-continent américain est vaste. Par où commencer ? Le supérieur général du Prado cherche d’abord à se renseigner auprès de la Curie romaine, où des personnalités de confiance lui conseillent la prudence : dans un premier temps, il serait préférable de centrer les efforts du Prado sur un seul pays ou diocèse, avant de s’engager plus largement dans une voie sans issue, lui conseille Mgr Antonio Samorè à la secrétairerie d’État du Vatican. Le choix du Chili se confirme finalement par les jeux du hasard. En octobre de cette même année, Mgr Ancel recevait à Lyon la visite du père Pedro Castex, qui était alors aumônier de l’Action catholique ouvrière (ACO) à Santiago. Au détour d’une phrase, ce dernier aurait suggéré au supérieur pradosien que les prêtres de son institut, en raison de leur vocation particulière, seraient d’un grand apport aux initiatives de rénovation apostolique en cours au Chili. Simple éloge de courtoisie ou supplique implicite ? Peu importe, les propos de l’aumônier chilien suffisent à Mgr Ancel pour établir des liens entre les événements et mettre en marche le projet.

En 1959, le premier pradosien atterrit ainsi à Santiago ; c’est le résultat d’une correspondance transatlantique soutenue et d’un projet construit au cours de deux ans entre le Prado et l’épiscopat chilien. Il sera suivi par plusieurs de ses confrères, de sorte qu’au début des années 1970, on compte une dizaine de pradosiens à l’échelle du sous-continent américain. « Apôtres pauvres pour les pauvres », c’est auprès des secteurs populaires et du monde ouvrier que les Fidei donum pradosiens ont été orientés. D’ailleurs, il semblerait que ce soient ces secteurs qui manquent le plus d’encadrement spirituel (entre autres choses), en ce milieu du XXe siècle. Ainsi, Pierre Rolland a été envoyé à La Victoria, un quartier ouvrier pauvre situé au sud du centre de Santiago. À son arrivée au Chili, en 1960, André Lanson est quant à lui affecté dans un secteur voisin, où venait à peine de sortir de terre la « población Cardenal Caro », nommée ainsi en hommage au cardinal archevêque récemment décédé. Les Fidei donum pradosiens s’insèrent au sein d’équipes sacerdotales qui œuvrent déjà sur place. Ils se distinguent pourtant des autres prêtres par leur conception du sacerdoce. Conformément aux orientations du Prado, les pradosiens suppriment la distance qui les sépare des pauvres en partageant matériellement et socialement leur quotidien. Ils renoncent ainsi à toute sorte de privilège que leur confère leur statut, que ce soit le logement au sein du presbytère ou la perception de subventions de la part de l’Église. Les pradosiens vivent à la manière des habitants des quartiers populaires, dans des « baraques » qu’ils construisent parfois de leurs mains, avec l’aide de quelques voisins. Celle de Pierre Rolland était autrefois, dit-on, un magasin de charbon : à part la croix à l’extérieur, rien ne la distinguait de celle de ses voisins. En plus de leur ministère paroissial « ordinaire », les Fidei donum pradosiens sont chargés par l’épiscopat chilien de l’animation des mouvements de l’Action catholique en raison de leur profil, de leur expérience préalable en France… et de la réputation qui les précède. Ils contribuent aussi et surtout au développement des communautés ecclésiales de base (CEB), socle de l’évangélisation en milieu populaire – qui s’appuient en premier lieu sur les laïcs et leur apostolat. Leur œuvre apostolique à proprement parler peut être reconstituée à travers les multiples lettres et comptes-rendus qu’ils envoient régulièrement aux responsables du Prado. Ces documents constituent des sources de première main pour analyser l’action des églises latino-américaines en matière d’apostolat, en particulier à l’égard des milieux ouvriers ou des communautés paysannes, indiennes et métisses qui constituent autant de « marges ». Ce n’est pourtant pas à travers un angle purement religieux que nous avons choisi de lire ces sources. Au-delà de leur activité apostolique, les Fidei donum pradosiens livrent en effet une vision documentée des paysages humains et culturels dans lesquels ils effectuent leur apostolat. Du fait qu’ils œuvrent aux interstices institutionnels et territoriaux, leurs trajectoires permettent aussi d’interroger les circulations multiformes qui se mettent en place entre l’Europe et l’Amérique latine et ainsi d’aborder tout un pan d’histoire à la jonction du social, du religieux et du politique.

Les trajectoires retenues pour faire suite à cette introduction donneront à voir quelques-uns de ces fragments d’histoire à travers les yeux de deux acteurs aux parcours singuliers : ceux de Pierre Dupuy (originaire de La Rochelle) et de Robert Lebègue (originaire de Lyon). Envoyés au Chili autour de la même période, l’un et l’autre suivront des chemins différents et pourtant similaires en termes de questionnements, d’engagements et de tergiversations, à la frontière de deux mondes : celui de l’Europe et des tiers mondes, celui de Dieu et celui des hommes.


 Dial – Diffusion de l’information sur l’Amérique latine – D 3755.

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[1Ellie Douska, Les prêtres du Prado envoyés au Chili à titre de « prêtres Fidei donum » (1957-1990), mémoire de master 2 préparé sous la direction d’Olivier Chatelan, université Jean Moulin Lyon III, 2024, 346 p.

[2Selon le Rapport de la Commission nationale Vérité et Réconciliation (CNVR), dit aussi « Rapport Rettig », 1991.

[4Ellie Douska, Les prêtres du Prado envoyés au Chili à titre de « prêtres Fidei donum » (1957-1990), op. cit..

[5Archives du Prado (Lyon) : Jacques Lancelot, « Circulaire n°14 », décembre 1984.

[6Sans lien avec le musée du même nom en Espagne, le Prado lyonnais tient son nom de l’ancienne salle de bal louée par le père Chevrier pour y installer son œuvre. Le local a été aménagé puis transformé en école cléricale et en chapelle.

[7Dans l’Église catholique, il existe deux sortes de prêtres : les religieux appartiennent à un ordre ou une communauté (compagnie de Jésus, dominicains…) officiellement reconnus par l’Église, généralement animés par une mission ou une spiritualité particulière et régis par des supérieurs indépendants de l’autorité épiscopale ; les prêtres diocésains sont associés à un diocèse et demeurent sous l’autorité de l’évêque.

[8Encyclique Populorum Progressio, Paul VI, 1967.

[9À l’instar de la Conférence des évêques de France mais à une échelle différente, le CELAM (fondé en 1955) est l’organisme de coordination de l’action pastorale des Églises nationales d’Amérique latine.

[10Sur fond de recompositions profondes (accroissement des inégalités sociales, diversification de la pauvreté), de bouleversements politiques et de développement de la théologie de la libération, les évêques latino-américains réunis aux conférences du CELAM de Medellín (1968) puis de Puebla (1979) se prononcent en faveur des catégories marginalisées en vue de concourir à leur émancipation.

[11Caroline Sappia, « Lorsque la foi se donne : prêtres Fidei donum européens en Amérique latine (1950-1985), Revue du MAUSS, n°52, 2018, pp. 331-341.

[12Pie XII, encyclique Fidei donum, 21 avril 1957.

[13Traditionnellement, les missions effectuées à l’étranger n’étaient ouvertes qu’aux religieux. À partir de 1957, l’encyclique Fidei donum offre désormais la possibilité aux prêtres diocésains de participer à l’activité missionnaire de l’Église au même titre que leurs confrères religieux, après avoir obtenu l’accord de leur évêque. Les prêtres diocésains partant ainsi en mission à titre de « prêtres Fidei donum » conservent le lien juridique avec leur diocèse d’origine et donc une double obéissance, vis-à-vis de leur évêque d’origine et de leur évêque d’adoption.

[14Les prêtres du Prado représentent environ 15% des prêtres diocésains français envoyés en Amérique latine à titre de prêtres Fidei donum de 1957 au début des années 1990.

[15Mis à part son rôle symbolique et institutionnel de « centre » de la catholicité, Rome constitue également un carrefour international de personnalités religieuses en ce qu’elle abrite un nombre important de séminaires nationaux (français, latino-américain, brésilien, etc.) par où transitent de futurs prêtres afin de parfaire leur formation.