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DIAL 2949

AMÉRIQUE LATINE - Message de la Ve Conférence générale aux peuples de l’Amérique latine et des Caraïbes

dimanche 1er juillet 2007, mis en ligne par Dial

Le document issu des travaux de la Ve Conférence générale des évêques d’Amérique latine et des Caraïbes qui s’est tenue à Aparecida au Brésil du 13 au 31 mai a été transmis au pape Benoît XVI mais il n’a pas encore été rendu public. Lorsqu’il sera accessible, Dial en publiera une analyse. En attendant, nous publions des extraits du message, nécessairement beaucoup plus bref, que la Conférence a diffusé le 29 mai à l’intention des peuples d’Amérique latine et des Caraïbes. Texte publié le 8 juin 2007 par ADITAL.


Réunis au Sanctuaire national de Notre-Dame d’Aparecida au Brésil, nous saluons dans l’amour du Seigneur tout le Peuple de Dieu ainsi que tous les hommes et les femmes de bonne volonté.

Du 13 au 31 mai 2007, nous nous sommes rassemblés à l’occasion de la Ve Conférence générale de l’épiscopat latino-américain et des Caraïbes, inaugurée en la présence et par le discours du saint Père Benoît XVI.

Au cours de nos travaux, réalisés dans un climat de prière fervente, de fraternité et de chaleureuse communion, nous nous sommes efforcés de poursuivre le chemin parcouru par l’Église catholique, sur la voie de la rénovation, depuis le Concile de Vatican II et les quatre dernières Conférences générales de l’épiscopat latino-américain et des Caraïbes.

A l’issue de cette Ve Conférence, nous pouvons vous annoncer que nous avons relevé le défi du travail à mener pour donner une impulsion et une vigueur nouvelles à la mission qui est la nôtre à l’intérieur de l’Amérique latine et des Caraïbes et depuis cette région.

1. Jésus, le chemin, la vérité, la vie.
« Je suis le Chemin, la Vérité et la Vie » (Jn 14,6).

Face aux défis que nous pose cette époque nouvelle où nous sommes plongés, nous renouvelons notre foi, en proclamant dans la joie pour tous les hommes et les femmes de notre continent : Jésus, Fils de Dieu, le Ressuscité vivant parmi nous, nous aime et nous a rachetés ; par Lui, nous pouvons nous libérer du péché, de tout esclavage, et vivre dans la justice et la fraternité. Jésus est le chemin qui nous permet de découvrir la vérité et de réaliser pleinement notre vie !

2. Invités à suivre Jésus.
« Ils l’accompagnèrent, ils virent où il demeurait, et ils restèrent auprès de lui. »(Jn 1,39).

(…) Par identification au Maître, notre vie est guidée par l’amour et le service de notre prochain. Cet amour exige continuellement choix et discernement pour que nous puissions suivre le chemin des béatitudes (cf. Mt 5,3-12, Lc 6,20-26). Ne craignons pas la croix que sous-entend la fidélité à Jésus sur son chemin, parce qu’elle baigne dans la lumière de la Résurrection. De cette façon, comme disciples, nous ouvrons des chemins de vie et d’espoir pour nos peuples victimes du péché et de toute sorte d’injustices.

Si nous voulons répondre à l’appel et devenir des disciples-missionnaires, nous devons prendre clairement parti pour Jésus et son Évangile, faire concorder notre foi et notre vie, incarner les valeurs du Royaume, nous immerger dans la communauté, et être porteurs de contradiction et de nouveauté dans un monde qui encourage le consumérisme et dénature les valeurs qui font la dignité de l’être humain. Dans un monde qui se ferme au Dieu amour, nous représentons une communauté d’amour, non pas du monde mais dans le monde et pour le monde (Jn 15,19 ; 17,14-16) !

3. Le disciple missionnaire dans la pastorale de l’Église.
« Faites de toutes les nations des disciples » (Mt 28,19).

Nous voyons combien le chemin du disciple missionnaire est source de rénovation de notre pastorale sur le continent, et qu’il constitue un nouveau point de départ pour la nouvelle évangélisation de nos peuples.

Une Église qui se fait disciple

(…) Avec fermeté et détermination, nous poursuivrons notre tâche prophétique en empruntant avec discernement le chemin de la vérité et de la vie, en élevant la voix dans les lieux d’expression de nos villages et de nos villes, notamment en faveur des exclus de la société. Nous voulons stimuler la formation de politiques et de législateurs chrétiens capables de contribuer à la construction d’une société juste et fraternelle selon les principes de la doctrine sociale de l’Église.

Une Église formatrice de disciples

(…) La joie d’être un disciple missionnaire se perçoit d’une manière particulière là où nous faisons éclore des communautés fraternelles. Ce qu’on nous demande, c’est d’être une Église qui ouvre les bras, qui sait accueillir et valoriser chacun de ses membres. C’est pourquoi nous soutenons les efforts déployés par les paroisses pour être « maison et école de communion », en animant et formant de petites communautés et des communautés ecclésiales de base, ainsi que des associations de laïcs, des mouvements ecclésiaux et de nouvelles communautés (…).

4. Le disciple missionnaire au service de la vie.
« Je suis venu pour que les hommes aient la vie, pour qu’ils l’aient en abondance « (Jn 10,10).

(…)

Comme le ferment dans la pâte

Soyons des missionnaires de l’Évangile non seulement en parole mais surtout dans notre propre vie, en la consacrant au service de l’autre, jusqu’au martyre.

Jésus a commencé sa mission en formant une communauté de disciples missionnaires, l’Église, qui est le commencement du Royaume. Sa communauté fit également partie de son message. Au sein de la société, sachons montrer notre amour et notre solidarité fraternelle (cf. Jn 13, 35) et encourageons le dialogue avec les différents acteurs de la société et du monde religieux. Dans une société plus que jamais plurielle, soyons l’élément d’intégration des forces œuvrant à la construction d’un monde plus juste, réconcilié et solidaire.

Les serviteurs de la table du partage

Les différences criantes qui existent entre riches et pauvres nous appellent à redoubler d’efforts pour être des disciples qui savent partager la table de la vie, la table de tous les fils et les filles du Père, table ouverte, rassembleuse, à laquelle personne ne doit manquer. En conséquence, réaffirmons le choix qui est le nôtre, notre volonté évangélique en faveur des pauvres.

Nous nous engageons à défendre les plus faibles, en particulier les enfants, les malades, les infirmes, les jeunes en situation de risque, les personnes âgées, les détenus, les migrants. Nous veillons au respect du droit des peuples de défendre et promouvoir « les valeurs sous-jacentes dans toutes les couches sociales, en particulier chez les populations autochtones. » [1]. Nous voulons agir pour que soient garanties des conditions de vie dignes : santé, éducation, logement et travail pour tous.

La fidélité à Jésus nous engage à combattre les maux qui affligent ou détruisent la vie, comme l’avortement, les guerres, les enlèvements, la violence armée, le terrorisme, l’exploitation sexuelle et le narcotrafic.

Nous exhortons tous les dirigeants de nos pays à défendre la vérité et à préserver le droit inviolable et sacré à la vie et à la dignité de la personne humaine, de sa conception à sa mort naturelle.

Nous mettons à la disposition de nos pays les efforts pastoraux déployés par l’Église pour contribuer à l’essor d’une culture de l’honnêteté en mesure d’éradiquer les diverses formes de violence, d’enrichissement illicite et de corruption.

En accord avec le projet du Père de la création, nous invitons toutes les forces vives de la société à prendre soin de notre maison commune, la Terre, menacée de destruction. Nous voulons favoriser un développement humain et durable fondé sur une juste répartition des richesses et la mise en commun des biens entre tous les peuples.

5. Vers un continent où règnent la vie, l’amour et la paix.
« En cela ils sauront qu’ils sont mes disciples » (Jn 13,35)

(…) Au terme de la Conférence d’Aparecida, animés par l’Esprit Saint, nous appelons nos frères et nos sœurs, tous unis, à accomplir avec enthousiasme cette Grande Mission continentale. Ce sera une nouvelle Pentecôte qui nous poussera à partir à la recherche, de manière spéciale, des catholiques éloignés [de l’Église] et de ceux qui ne savent rien ou presque de Jésus-Christ, pour former dans la joie la communauté d’amour de Dieu Notre Père. Mission qui doit toucher tout le monde, d’une manière permanente et profonde.

Avec la flamme de l’Esprit Saint, avançons en construisant avec espérance notre histoire de salut sur le chemin de l’évangélisation, en nous entourant de tous les témoins (cf. Hb 12,1) que sont les martyrs, les saints et les bienheureux de notre continent. Par leur témoignage, ils nous ont enseigné que la fidélité vaut la peine et qu’elle est possible jusqu’au dernier souffle.

(…) A Medellín et à Puebla, nous avons conclu en affirmant : « NOUS CROYONS ». À Aparecida comme à Saint-Domingue, nous avons proclamé de toutes nos forces : « NOUS CROYONS ET ESPÉRONS ».

Nous espérons…

Être une Église vivante, fidèle et crédible qui se nourrit de la Parole de Dieu et de l’Eucharistie.

Vivre nos vies de chrétiens dans la joie et avec conviction comme disciples de Jésus-Christ.

Former des communautés vivantes qui alimentent la foi et stimulent l’action missionnaire.

Promouvoir les diverses organisations ecclésiales dans un esprit de communion.

Favoriser un laïcat épanoui, qui partage la responsabilité d’annoncer et de rendre visible de Royaume de Dieu.

Contribuer à ce que la femme joue un rôle actif dans la société et dans l’Église.

Maintenir en redoublant d’efforts notre option préférentielle et évangélique en faveur des pauvres.

Accompagner les jeunes dans leur formation et leur quête d’une identité, d’une vocation et d’une mission, en renouvelant notre option à leur égard.

Travailler avec toutes les personnes de bonne volonté à la construction du Royaume.

Consolider avec audace la pastorale de la famille et de la vie.

Promouvoir et respecter nos peuples indigènes et d’ascendance africaine.

Progresser dans le dialogue œcuménique « pour que tous soient un », ainsi que dans le dialogue interreligieux.

Faire de ce continent un modèle de réconciliation, de justice et de paix.

Préserver la création, maison de tous, par fidélité au projet de Dieu.

Collaborer à l’intégration des peuples de l’Amérique latine et des Caraïbes.

Que ce continent de l’espoir soit aussi le continent de l’amour, de la vie et de la paix !

Aparecida, Brésil, le 29 mai 2007.


 Dial – Diffusion d’information sur l’Amérique latine – D 2949.
 Traduction de Gilles Renaud pour Dial.
 Source (espagnol) : Agencia de Información Fray Tito para América Latina (ADITAL), 8 juin 2007.

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[1Benoît XVI, Discours de Guarulhos n° 4.

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