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DIAL 3455

BRÉSIL - VIDÉO - Campagne de la fraternité 2017 de la Conférence nationale des évêques du Brésil (CNBB) : biomes et défense de la vie

mardi 29 mai 2018, par Dial

Nous diffusons sur cette page la vidéo réalisée sur le thème de la défense de la vie et de la nature par la Conférence nationale des évêques du Brésil pour la Campagne de fraternité de 2017. Les commentaires de la vidéo ont été traduits en français et sont disponibles en dessous de la vidéo. Une solution pour les non-lusophones peut être d’imprimer le texte pour pouvoir regarder la vidéo en consultant la traduction, ou alors d’ouvrir deux fenêtres côte à côte, une pour la vidéo, et l’autre pour le texte.


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Campagne de la fraternité 2017 de la Conférence nationale des évêques du Brésil (480 x 320)

I.- Les biomes [1] du Brésil

Nous sommes plus de 200 millions de Brésiliens et vivons dans des milieux naturels différents. Oui, nous vivons au Brésil dans six biomes : Amazonie, Caatinga, cerrado, forêt atlantique, pampa et pantanal. Chacune avec ses particularités géographiques, climatiques, de populations et cultures différentes, d’espèces végétales et animales également différentes, reflets de beautés et fragilités.

C’est à partir de cela que la Campagne de la fraternité de 2017 amène à réfléchir sur notre mission de cultiver et de conserver la dynamique de l’amour dans notre « maison commune », la Terre.

Nous allons d’abord faire une rapide promenade dans la nature de chacun de nos biomes.

Biome Mata Atlântica (forêt de la côte Atlantique)

La Mata Atlântica est une région parmi les plus riches de la planète en termes de biodiversité. Elle présente une diversité immense de reliefs avec un ensemble d’écosystèmes forestiers diversifiés qui accompagnent les caractéristiques climatiques de la région. La forêt de la Mata Atlântica contribue à l’existence d’un réseau hydrique permanent. Ses feuilles, branches, troncs, racines et sols agissent comme une énorme éponge qui retient l’eau de pluies et la libère petit à petit. Elle la filtre et l’aide à s’infiltrer dans le sous-sol. C’est une région qui possède de nombreux bassins hydrographiques.

Appelée « Réserve de la biosphère » par l’UNESCO, elle fait partie du patrimoine national. La flore et la faune sont exubérantes. On y trouve des milliers d’espèces animales.

La Mata Atlântica comprend aussi le littoral avec ses plages et ses marais côtiers (« manguesais »). Ceux-ci sont d’extrême importance pour le maintien de la vie marine. Elle est un berceau naturel pour de nombreuses espèces.

Biome Amazônia (Amazonie)

C’est un vaste monde d’eau et forêts. C’est le plus grand biome du Brésil. Il s’étend bien au-delà du seul État d’Amazonie. Il couvre 9 États de la fédération et dépasse même les frontières, s’étendant à 9 pays de l’Amérique du Sud. Déjà dans l’État d’Amazonie, le biome représente une variété surprenante d’espèces de plantes, arbres, animaux.

Le bassin fluvial d’Amazonie se compose de plus de 1 100 rivières affluentes, et son fleuve principal, l’Amazone, fait couler 175 millions de litres d’eau par seconde dans l’océan atlantique. Il contient dans son sous-sol une nappe d’eau souterraine aussi vaste que le fleuve qui se trouve à sa superficie.

Carlos Roberto Bueno, coordinateur de la communication de l’Institut national de recherche d’Amazonie (INPA) : « Outre toutes les espèces, les arbres et le fleuve, ce qui est très important c’est la transpiration, l’évaporation de l’eau qui approvisionne en eau d’autres régions du Brésil et même d’autres pays. C’est un rôle fondamental que joue la forêt amazonienne. »

La forêt est aussi très importante pour le cycle du carbone : l’absorption du gaz carbonique et son renvoi dans l’atmosphère.

Carlos Roberto Bueno (INPA) : « Les minéraux ont une grande importance stratégique en Amazonie. Ils sont nombreux et il faut organiser leur gestion de manière ordonnée. Surtout parce que ces minéraux se trouvent sur les terres indiennes. Les populations indiennes ont elles-mêmes une grande richesse culturelle : culture de l’astronomie aussi bien que des oiseaux et de la forêt. »

C’est la plus grande réserve tropicale du monde. La forêt survit à partir de sa propre matière organique, ce qui explique la fragilité de son équilibre qui est extrêmement sensible à n’importe quelle interférence extérieure. Les dégâts provoqués par l’action de l’homme sont souvent irréversibles.

Biome cerrado

Le cerrado couvre le plateau central du Brésil. On le considère comme le biome le plus ancien du pays, âgé de 65 millions d’années. 70% de sa biomasse est souterraine : on dit que « le cerrado est une forêt la tête en bas ». Voyez, on a une végétation d’un mètre de hauteur avec 9 mètres de racines en profondeur. Ainsi, les arbres et les arbustes parviennent à fructifier même pendant la période de sécheresse, avant le début des pluies, parce que leurs racines vont chercher l’eau très profondément dans le sol. Ce sous-sol poreux accumule l’eau en provenance des « rivières aériennes » amazoniennes, approvisionnant de grandes réserves d’eau dans une nappe souterraine qui approvisionne de nombreux bassins hydriques de la région.

Ce biome est considéré une des savanes la plus riche du monde, en raison de sa biodiversité qui se reflète dans ses nombreuses espèces animales.

Après la Mata Atlântica, le cerrado est le biome qui a le plus souffert de l’occupation humaine. Malgré sa richesse biologique, c’est le biome qui bénéficie le moins de protection globale. Seulement 8,1% est protégé. Le reste du territoire souffre de dégradations croissantes, suite à la production de grains et de viande (élevages) à grande échelle, en constante augmentation pour l’exportation. Peu à peu les ressources naturelles s’épuisent.

Le cerrado est appelé « pharmacie vivante » car il est très riche en substances bio-réactives, dont on peut tirer une valeur ajoutée supérieure à celle des monocultures que l’on prétend essentielles pour la région.

Biome Caatinga

C’est le seul biome exclusivement brésilien ; son nom signifie « forêt blanche » en langue tupi-guarani.

La Caatinga couvre 90% de la région semi-aride du Nordeste, région située entre la Mata Atlântica et le cerrado. Elle est riche d’une grande variété de biodiversités. Elle abrite des centaines d’espèces de mammifères, oiseaux, poissons, abeilles, et amphibies (grenouilles). Les arbres aux branches sèches tordues, et les cactus ne sont pas signes de pauvreté, mais de vie qui a su s’adapter au climat semi-aride.

En période de sécheresse, les plantes conservent de l’eau autour de leurs racines. Ainsi elles épargnent leur énergie jusqu’au retour de la saison des pluies. La résurrection annuelle de la Caatinga est l’un des spectacles le plus beau des biomes brésiliens.

Dom Antonio Roberto Canuto, évêque d’Itapipoca : « Notre peuple, ainsi que la nature, ont créé une capacité de résistance admirable. Des citernes ont été construites avec l’aide de l’Église puis du gouvernement fédéral. La construction de puits, de grands réservoirs d’eau, ont permis à la population de vivre dans cette région semi-aride. »

Biome pantanal

Il a un caractère intéressant. Il a conservé un degré élevé de préservation de son biome d’origine, environ 84,6%.

Dom Dimas L. Barbosa, évêque de Campo Grande : « Il a l’une des plus grandes superficies du monde couverte d’eau en continu. Il est beau, il est riche d’une grande biodiversité. Il a conservé une grande partie de sa couverture végétale native, qui permet le maintient d’espèces qui disparaissent ailleurs. C’est un biome exubérant. »

Situé dans le bassin fluvial du Haut-Paraguay, il est considéré comme une réserve de la biosphère, et fait partie du patrimoine national.

Les crues submergent 80% du pantanal. Après les pluies, les terres s’assèchent quand les eaux retournent dans le lit du fleuve ou s’évaporent.

Pendant les crues, les rivières, lacs, ruisseaux, sont reliés par des canaux et des lagunes par lesquels se déplacent les espèces. Quand elles s’assèchent, les animaux, en recherche de nourriture, sont attirés par les points d’eau. Une grande concentration se forme, d’animaux et de végétation en fleurs, spectacle d’une rare beauté.

Biome pampa

Les terres de la région sud du Brésil sont appelées « pampa », mot indien pour désigner une région plate. Ce qui en fait ne concerne qu’une partie de cette région.

Ce qui caractérise ce biome c’est avant tout sa végétation composée de graminées et d’espèces végétales de petite taille en dessous de 50 cm.

On distingue deux types de paysages : les terres sans arbuste et les terres où des arbustes en majorité se mélangent au paysage des champs.

C’est une riche biodiversité mêlée à une riche culture.

Luiza Chomenko, biologiste, Fondation zoobotanique du Rio Grande do Sul : « C’est l’unique biome brésilien qui se limite à un seul État de la fédération [2], mais il s’étend au-delà de la frontière brésilienne, en Uruguay et en Argentine. Il y a des milliers d’espèces de graminées, arbustes, arbres. On y rencontre beaucoup d’oiseaux migrateurs de l’hémisphère nord, qui ont besoin de ces milieux pour compléter leur cycle vital. Il y a une grande richesse en espèces animales. »

Le biome recèle une grande partie de la nappe souterraine « guarani » qui est une réserve aquatique non seulement pour la région mais aussi pour le Brésil et l’Amérique latine dont il nourrit la biodiversité.

II.- Biomes : fragilités et menaces

Les biomes étaient des sanctuaires naturels. Avec l’arrivée des colonisateurs, a commencé la dégradation de leurs ressources naturelles. On estime qu’à l’époque 90% du territoire brésilien était couvert de forêts et végétations diverses. Aujourd’hui celles-ci se limitent à 70% du territoire brésilien.

Mata Atlântica

Ivo Poletto, Forum du changement climatique et justice sociale : « Au cours des 70 dernières années le type de progrès et développement qui a été adopté par le Brésil a pratiquement liquidé la couverture végétale traditionnelle de la Mata Atlântica. Aujourd’hui on a 6-7% de couverture végétale originale.

Ce biome vit une grave crise de manque d’eau. Si on n’empêche pas la déforestation et si on ne replante pas la forêt de la Mata Atlântica avec des espèces propres à cette région, ce biome ne pourra pas jouer le rôle qu’il avait, que la terre a créé pour tous les êtres vivants et spécialement les humains. »

La croissance de l’industrie du tourisme provoque des dégâts pour l’environnement, la végétation et l’accès aux plages.

En Amazonie

La déforestation est due à l’invasion de grands territoires par des particuliers et des entreprises privées, pour l’exploitation agricole extensive et l’élevage.

Dom Esmeraldo B. de Farias, président de la Commission épiscopale de pastorale pour l’action missionnaire et la coopération inter-éclésiale : « L’Église ne peut pas se taire face à ce qui se passe. Je suis allé au ministère du développement agraire pour dénoncer ce qui se passe dans mon diocèse à cause de groupes économiques qui veulent, à Santarém, s’approprier des terres qui ne leur appartiennent pas légalement. J’en suis indigné. Et surtout, cela nous engage à défendre les droits des personnes qui vivent sur ces terres depuis des générations. »

L’abattage illégal des arbres et les brûlis détruisent la forêt pour la transformer en champs pour l’élevage extensif et l’agrobusiness. Celui-ci utilise des pesticides qui polluent l’eau des communautés avoisinants.

Le cerrado

Le cerrado est devenu une nouvelle « frontière » agricole du Brésil pour la production de soja et de canne à sucre. Sa biodiversité est condamnée à disparaître d’ici 20 ans si la déforestation continue au rythme actuel.

C’est ce qui va se passer avec le projet MATOPIBA de l’agrobusiness qui fait pression sur le gouvernement fédéral pour se développer dans cette région. Il couvre 73 millions d’hectares dans 4 États. L’objectif est d’investir en infrastructures et technologie, d’attirer des familles de classe moyenne rurale du sud du Brésil.

Ce qui se cache derrière ce projet c’est l’exploitation du sol et de l’eau du cerrado par l’agrobusiness.

Dom Pedro Brito, archevêque de Palmas (Tocantins) : « Ce projet ne nous a pas été communiqué, la population n’a pas été consultée, les Indiens et les petits agriculteurs de cette grande région. Nous sommes très préoccupés parce que nous sommes informés de l’impact négatif qu’aura ce projet pour la vie des populations locales. Les forêts seront détruites sur de grandes étendues qui seront prises aux communautés traditionnelles. Les sols seront compactés, tassés par les troupeaux, leur dynamique biologique et végétative disparaîtra, l’eau perdra sa qualité à cause des pesticides, ce qui sera dommageable pour une grande partie du Brésil. »

Isabelle de Brito, Indienne xerente : « J’ai donné à ce projet le nom de “Tue Tout”. Même les blancs vont en mourir. Pas seulement nous les Indiens… Les blancs nous critiquent à cause de nos enfants qui souffrent de faim. Ils veulent prendre notre terre. Nous sommes allés à Brasilia, nous avons intenté un procès pour que nos droits soient reconnus. »

La Caatinga

Ce biome souffre aussi de l’abattage et des brûlis. Il y a des risques d’appauvrissement des sols et de salinisation de l’eau.

Norma Almeida, biologiste de l’Université de l’État du Céara : « Nous avons un mode socio-culturel d’agriculture qui se transmet d’une génération à l’autre. La pratique du brûlis appauvrit le sol qui ne fournit plus aux plantes les apports nutritifs nécessaires. Les sources tarissent et les animaux en souffrent. »

Au Cearà, les terres des Indiens trémembê sont convoitées pour la construction d’un complexe hôtelier espagnol. 27 hôtels de luxes doivent être construits dans la région.

Adriana Castro, leader tremenbê : « Alors nous nous organisons pour être reconnus comme peuple indien tremembê, et nous luttons pour nos droits, nous résistons. Nous avons repris nos terres ancestrales où l’on nous empêchait de revenir. Et nous sommes parvenus à récupérer notre espace vital. »

La pampa

La pampa court le risque de désertification due à l’appauvrissement des sols par l’agriculture intensive, la riziculture mécanisée, la monoculture d’eucalyptus et de pins pour la production de cellulose. Causes très graves de dégradation de l’environnement.

Mauricio Queiroz, CPT et CARITAS diocésaine de Santa Cruz do Sul - Rio Grande do Sul : « Nous travaillons au développement de l’agriculture familiale, à la préservation des semences autochtones, au développement de l’agro-écologie. Nous avons créé une banque de semences autochtones ici dans le diocèse de Santa Cruz do Sul, car c’est la condition pour préserver une production agricole saine sur notre terre. Ceux qui travaillent ainsi préservent l’environnement et le futur de nos familles de la Pampa. »

Adair David, coordinateur du Quilombo de Arroio das Pedras - Rio Grande do Sul : « Voyez ces 2 chapelles à Rio Pardo dans la Pampa. Une est celle des noirs, et l’autre des blancs. Elles sont l’image de la division existante dans la région entre la communauté quilombola des anciens esclaves noirs et les fazendeiros gauchos descendants d’Européens pour la plupart.

Ça a commencé avec Dona Jacinta, fazendeira propriétaire des terres de la région. En 1878 lors de l’abolition de l’esclavage au Brésil, elle a donné à ses esclaves une partie de ses terres, près de la chapelle. Elle leur a donné les statues qu’elle avait du saint patron, et les a mises dans la chapelle où elle avait l’habitude de prier avec eux.

Plus tard, les fazendeiros de la région ont décidé de construite une autre chapelle, et ont voulu fermer la chapelle des noirs qui ont refusé. Ils ont résisté, ils ont gardé leur chapelle. Les blancs ont dû construire leur chapelle à côté de celle des noirs. Et les chapelles sont encore là aujourd’hui. »

Pantanal

Les menaces proviennent de l’élevage de bétail et des monocultures de soja, de maïs et de riz, avec l’utilisation excessive de pesticides qui polluent les cours d’eau et lagunes, ce qui diminue la quantité et qualité du poisson dans la région.

Ademir de Morais, agriculteur : « L’eau est polluée et sale, on ne peut plus pêcher. »

En Amazonie

24 peuples indiens se sont réunis à la périphérie de Manaus, et ont squatté un terrain, appelé maintenant « Parc des tribus ». C’est la solution qu’ils ont trouvée au problème du logement à Manaus, où les loyers sont trop élevés pour leur permettre d’y vivre.

Père Roberto de Valicourt, missionnaire de la pastorale indianiste du diocèse de Manaus : « Ce sont des familles qui sont venues ici pour l’éducation des enfants et les soins aussi. Ils étaient éparpillés dans divers quartiers dans des conditions des plus précaires… des « cagibis » au loyer trop cher. Ils ont envahi et occupé ce terrain, c’est la seule solution pour ces communautés qui ne sont pas accueillies à Manaus. »

À Chapuri, État de l’Acre (extrême-ouest amazonien), 30 ans après la mort de Chico Mendes, les collecteurs de caoutchouc (seringueiros) n’ont toujours pas reçu les titres de propriété des terres qu’ils exploitent. Ils sont sujets à toutes sortes d’insécurité et menaces de violences.

Francisco Mendes, seringueiro : « aujourd’hui il ne reste rien de notre lutte de toutes ces années. Sans titres de propriété, nous sommes toujours menacés de perdre notre gagne-pain. On est sans rien. On ne sait pas ce que sera demain. »

Joao Nunes, coordinateur de la Commission pastorale de la terre (CPT) - Acre : « La terre des seringueiros est encore en usufruit, sans propriété légalisée, malgré les promesses de régularisation. Ces paysans peuvent perdre l’usufruit de leur terre. Le fazendeiro peut facilement envahir leur terre en prétendant être propriétaire. C’est un grand problème encore aujourd’hui. »

Dans le pantanal

Les Indiens serena exigent qu’on leur rende des terres qui leur ont été prises. Ils vivent dans une région de conflits agraires autour de Miranda, État du Matto Grosso do Sul.

Indien : « On ne respecte pas nos droits. On se moque de nous ! On nous accuse d’envahir. Non ! Nous reprenons ce qui nous a été enlevé, tandis que les autorités refusent de recevoir notre demande de justice. »

À 100 km de Palmas (Tocantins)

La construction d’un barrage et usine hydro-électrique a gravement atteint une tribu xerente. Le canal qui apportait l’eau au village a été fermé en 2016. Toute la plantation de manioc de plusieurs villages n’a rien produit.

Raimundo Kanose, chef du village xerente : « Notre richesse c’était le poisson. Et maintenant c’est fini, personne n’en prend plus, à cause du barrage qui nous tue. »

En plus du manque d’eau à cause du barrage, les Indiens xerente affrontent le gros problème des pesticides lancés par avion sur les vastes étendues de cultures avoisinant leur réserve indienne.

Bonfim, Indien xerente : « L’odeur est trop forte. Cela donne la grippe, des maux de tête. Je l’ai dit aux institutions de la FUNAI, du gouvernement, mais ils ne réagissent pas. Ils ne s’intéressent pas à nous. »

L’activité de pêche traditionnelle est, dans diverses régions du Brésil, affectée par des nouvelles usines hydro-électriques, par la pisciculture en bassins et la pollution des ports maritimes.

Face à ces agressions multiples aux biomes, nous sommes tous appelés à sortir du silence et de l’omission. Les menaces à la nature et aux peuples traditionnels étendent leurs conséquences à toute la population.

Les responsables de l’Église, spécialement le Pape François, demandent de réfléchir et de chercher des solutions collectives.

L’irrespect à l’environnement et aux peuples est le fruit d’ambitions économiques qui doivent être dénoncées et combattues.

III.- Cultiver et conserver la création

Face à cette triste situation surgissent des solutions alternatives développées par diverses organisations et institutions de la société civile : centres de recherche, associations et églises veulent promouvoir la « déforestation zéro » et la reconstitution forestière des biomes. Elles veulent aussi créer les conditions de la défense des droits des peuples traditionnels extractivistes, pêcheurs, « cueilleurs » et petits producteurs de l’agriculture familiale agroécologique.

À California, Rondônia, en Amazonie

L’école « famille agricole » enseigne aux enfants d’agriculteurs comment développer chez eux des techniques de l’agro-siviculture et d’élevage adapté au système agroforestier.

Hamilton C. Rosbach, coordinateur de l’école rurale Jean-Pierre Mingan : « L’élève passe 15 jours à l’école et vit 15 jours dans sa famille pour appliquer l’apprentissage d’agro-siviculture et affronter concrètement les difficultés du travail agricole, tout en s’attachant à la terre. »

Les parents des élèves sont associés au projet RECA qui développe la production et la commercialisation des fruits typiques de la forêt amazonienne : l’açaï, le cœur de palmier, la châtaigne, le cupuaçu, dans des plantations associées aux arbres natifs de la forêt.

Alessandro Santos, Président du projet RECA : « Le RECA réunit plus de 500 familles qui lui remettent leurs produits qui sont transformés. Au début nous avions 3 espèces et aujourd’hui plus de 40 espèces fruitières et forestières. »

Dans la pampa

Inacira Lopes, Fondation zoo-botanique du Rio Grande do Sul : « La fondation mène des recherches et des actions d’éducation sur l’environnement, pour la conservation de la biodiversité. Par exemple la relation entre le biome et la consommation exagérée par la population de viande d’animaux sauvages qui tendent à disparaître, ce qui affecte la biodiversité.

À Tapes, dans la Pampa, des agriculteurs cultivent du riz biologique et font du pain à l’échelle industrielle pour le compte du programme national d’alimentation dans les écoles.

Salete Carollo, agricultrice : « Pour atteindre notre autonomie alimentaire, il faut produire des aliments sains, en appliquant les principes de l’agroécologie. On peut produire une grande diversité d’aliments tout en respectant le sol, l’eau, la nature, la biodiversité. L’agroécologie est une méthode mais surtout elle est une philosophie de vie intégrée et assumée par les paysans. »

Dans le cerrado

Les paysans se regroupent en associations qui développent l’agroécologie et l’échange de semences autochtones.

José Melchior, agriculteur (État du Goias) : « On s’organise en groupes de base de familles paysannes, et les semences autochtones sont améliorées et produites à grande échelle. Elles reviennent ensuite et sont distribuées aux agriculteurs par la CONAB, du gouvernement fédéral. »

Dans le Nordeste

La conscience augmente de ne plus pratiquer le brûlis, et de cultiver au milieu des arbres, un système simple mais essentiel pour la subsistance des familles de la Caatinga.

Antonio Mota, agriculteur : « C’est important de travailler de cette manière car on va pouvoir cultiver autre chose sans abîmer la nature. On protège le système naturel dans son ensemble, et donc on protège aussi les animaux et les plantes dont ils ont besoin. On protège la nature et on arrive à produire notre alimentation. »

Les programmes qui se développent pour protéger le biome de la Caatinga, sont organisés par la CARITAS à niveau régional et diocésain et par plus de 1 000 associations qui travaillent en réseau appelé ASA – Articulation du semi-aride. Celui-ci développe l’économie solidaire, l’agroécologie, la construction de citernes, et les « maisons de semences autochtones ».

Raimunda et José Almeida, agriculteurs : « Dans notre maison de semences, nous avons un groupe d’agriculteurs et agricultrices qui sont inscrits – 33 personnes, 16 femmes, 3 jeunes et 14 agriculteurs. Lors de la récolte, nous apportons chacun notre quota de semences qui sont gardées dans la maison des semences. Quand arrivent les premières pluies, nous savons où venir chercher nos semences. Elles sont résistantes, adaptées au climat et au sol du semi-aride. On peut les planter avec l’espoir d’avoir des résultats. »

À Atalanta (Mata Atlântica), dans l’État de Santa Catarina

La production de plantes et semences autochtones est importante, ainsi que la distribution de plants pour la reforestation dans des zones de préservation permanente.

Wigold Schaffer, conseiller technique : « Le travail de l’APREMAVI (Association de préservation de l’environnement et de la vie d’Atalanta) a commencé il y a 30 ans pour aider les communautés indiennes et d’autres communautés rurales à protéger et restaurer la Mata Atlântica. En 30 ans, nous avons aidé à planter plus de 8 millions de plants natifs surtout pour restaurer les abords des sources, les berges des rivières, les zones de préservation permanente. Ainsi, ces lieux sont conformes à la loi de protection de la biodiversité et sont « belles », agréables à habiter. Plusieurs agriculteurs ont ainsi récupéré des sources dans leurs propriétés.

Ademir de Morais, agriculteur : « Alors voilà, je suis le premier responsable ! Si je n’entretiens pas ma source, je suis le premier à en pâtir. »

Antonio Pezente, agriculteur : « La grande résistance de l’être humain est pour planter le premier arbre. Il n’est pas d’accord. Une fois qu’il l’a planté, il est d’accord de ne plus s’arrêter de planter. Il commence à sentir le besoin de restaurer le milieu où il vit. »

Les pêcheurs

La Pastorale de la pêche (CPP) a beaucoup contribué à la défense des pêcheurs vivant au bord des rivières et de la mer.

Maria José Pacheco, secrétaire exécutive du Conseil pastoral des pêcheurs (CPP) : « On a vu les communautés de pêcheurs souffrir de violentes agressions de diverses causes et origines. Par exemple, à cause de grandes entreprises qui quasi expulsent les communautés de pêcheurs en dégradant leur milieu de vie. Ou à cause des fermes aquatiques qui contaminent l’eau des communautés. Les politiques et les investissements publics ne sont pas tournés vers les communautés de pêcheurs. Au contraire, elles aident les grandes entreprises nationales et internationales qui leur portent préjudice. »

Conclusion

L’Église félicite toutes ces initiatives de préservation de la nature, et de défense des populations. Elle met en place de nombreux services de solidarité avec les populations via les diocèses, congrégations et CARITAS. Des programmes d’économie solidaire de développement durable, de revendication de politique publiques.

Sœur Luzia Zucolotto, missionnaire de l’Immaculée Conception en Amazonie : « Cette Campagne vient sensibiliser plus sur la responsabilité de prendre soin de la Maison commune (notre Terre). C’est un complément important qui va nous faire travailler sur les biomes en voyant comment nous sommes responsables de prendre soin de la Maison commune. Et nous pouvons tous faire quelque chose, aussi peu que ce soit. »

Il existe divers organismes et forums thématiques qui agissent de manière prophétique pour la préservation des biomes et la défense de nos populations.

Par exemple :

- La CPT (Commission pastorale de la terre) qui travaille en réseau pour dénoncer les violences et défendre les agriculteurs, et les familles installées dans les assentamentos.
- Le CIMI (Conseil indianiste missionnaire), avec plus de 400 missionnaires dans 11 régions, en défense des peuples indiens du Brésil.

Père Martins Putêncio, prêtre missionnaire de l’archidiocèse de Palmas, Tocantins : « Je pense que je peux apporter quelque chose au peuple xerente. La parole de Dieu motive, elle est à la racine de notre motivation en défense des droits de la nature, de la culture. »

Il est indispensable d’agir en défense de l’environnement. Il n’y a rien qui justifie la forme actuelle du capitalisme vert, la marchandisation de la nature.

Il faut faire prévaloir la « déforestation zéro » et la restauration des forêts.

Il faut interdire l’utilisation de pesticides et de semences transgéniques et remplacer les programmes de l’agrobusiness et de l’élevage extensif.

Il faut soutenir la Réforme agraire et l’agriculture familiale agroécologique.

On réclame que les autorités améliorent les systèmes de contrôle pour la préservation de nos biomes, qu’elles libèrent et investissent des ressources pour le développement d’énergies alternatives en respectant les territoires des peuples indiens.

Dom José Peruzzo, archevêque de Curitiba, président de la Commission épiscopale biblique et catéchèse : « Quand la nature est matraquée, l’homme se retrouve sans force. »

« Les cas se multiplient de plus en plus. Si nous ne prenons pas soin aujourd’hui, nous laisserons nos frères sans avenir. »

Il faut que soient réalisés des débats avec la participation populaire pour changer les plans du projet MATOPIBA.

L’eau est cruciale pour la préservation des populations et de nos biomes. Il faut lutter pour que soient élaborés des plans municipaux d’infrastructure de santé et d’hygiène publique, que soient augmentés les programmes de captation de l’eau de pluie, de construction de citernes préfabriquées, et de revitalisation des sources de nos biomes.

Ainsi, avec la Campagne de la fraternité, l’Église réitère son engagement aux côtés des plus pauvres, pour la défense de leurs droits et pour la démarcation des terres de nos peuples traditionnels. L’Église désire amener à une conversion écologique, comme le pape François le demande dans son encyclique Laudato si, pour protéger nos biomes, condition fondamentale de survie des générations futures.

Agriculteur : « Être chrétien, c’est prendre soin de la nature, sans penser à soi seulement, mais à celui qui viendra ensuite. »

Dom Leonardo U. Steiner, secrétaire général de la CNBB : « La Campagne de fraternité est chemin de Carême, itinéraire du soin et de la culture communautaire et sociale. L’objectif global est de prendre soin de la création, de nos biomes brésiliens, don de Dieu, de créer des relations fraternelles avec la vie et la culture des populations de notre pays.

Nous voulons éveiller la conscience des chrétiens et des personnes de bonne volonté pour l’admiration de la nature et de l’homme, grâce à laquelle puisse naître le soin et la culture de l’œuvre de Dieu.

L’Encyclique Laudato si propose l’écologie intégrale comme condition de la vie de notre planète. Elle est aussi référence pour le rapprochement de l’homme et de la femme avec le créateur et la création. »


 Dial – Diffusion de l’information sur l’Amérique latine – D 3455.
 Traduction de Stéphane Latarjet pour Dial.
 Autorisation de diffusion de la vidéo avec traduction de son commentaire accordée par le Secrétaire général de la CNBB, dom Ulrich Steiner et confirmée par Luiz Fernando, responsable de la Campagne de la Fraternité le 7 novembre 2017.

En cas de reproduction, mentionner au moins l’origine de la vidéo, le traducteur, la source française (Dial - www.dial-infos.org) et l’adresse internet de l’article.

responsabilite


[1Un biome est un ensemble vivant formé de tous les êtres vivants d’une région déterminée, dont la végétation est semblable et continue, dont le climat est plus ou moins uniforme et dont la formation et l’évolution a une histoire commune – NdT.

[2Rio Grande do Sul – NdT.

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