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DIAL 3718
AMÉRIQUE LATINE - La pastorale indienne
Eleazar López Hernández
lundi 21 octobre 2024, mis en ligne par
Eleazar López Hernández [1], du peuple zapotèque d’Oaxaca au Mexique, est collaborateur émérite du Centre national d’aide aux missions indiennes et membre du mouvement de prêtres indiens du Mexique. C’est aussi l’un des principaux instigateurs de ce qu’on appelle la théologie indienne en Amérique latine [2]. Ce texte a été publié, en espagnol, dans l’encyclopédie digitale de la théologie latinoaméricaine le 30 décembre 2022 [3] et constitue un bon complément de l’article que l’auteur a consacré aux théologies indiennes et que DIAL avait publié en français en juillet 2023 [4].
Plan
– Introduction
– 1.- Les principaux contenus de la pastorale indienne
– 2.- Comment la pastorale indienne a vu le jour
– 3.- Les racines lointaines de la pastorale indienne
– 4.- L’Église et les aborigènes après l’indépendance
– 5.- Le kairos du Pape François
– 6-. Les défis de la pastorale indienne aujourd’hui
– Conclusion
– Références
Introduction
L’expression « pastorale indienne » est récente dans l’Église latino-américaine. Elle a commencé à être utilisée à la fin des années 1970 pour désigner une pastorale spécifique, se distinguant ainsi de la « pastorale indianiste », qui était le terme utilisé précédemment et qui se référait à l’action des missionnaires non indiens en faveur des peuples originaires, tandis que la « pastorale indienne » prenait le sens d’une action menée par les Indiens eux-mêmes au sein des églises particulières.
Le contenu de ces deux catégories théologico-pastorales a été élaboré dans les Églises périphériques d’Amérique latine au cours de la seconde moitié du XXe siècle, avec l’arrivée ou le retour dans les régions indiennes de pasteurs et de serviteurs ecclésiaux qui, en s’approchant effectivement et affectivement de cette douloureuse réalité de marginalisation, d’exploitation et d’abandon des populations indiennes, sont devenus plus sensibles à leurs demandes et se sont laissés interroger et modeler par la diversité culturelle et religieuse de ces peuples, au point d’assumer, d’une certaine manière, des éléments de cette identité auparavant niée et rejetée dans l’Église.
1.- Les principaux contenus de la pastorale indienne
Les objectifs explicites de la pastorale indienne récente indiquent l’émergence d’Églises indiennes particulières fondées sur ce que l’on appelle les semences du Verbe (logoi spermatikoi), expression que le Concile Vatican II (1962-1965) a repris des Pères de l’Église primitive et qui cherchait à relier la proposition évangélique du Royaume de Jésus à la recherche de Dieu préexistante chez les peuples avant l’arrivée de l’Église.
Cette pastorale indienne reconnaît et promeut également le rôle indispensable des populations indiennes dans la construction de ces Églises autochtones particulières, en apportant leur sagesse ancestrale contenue dans ce que l’on appelle les théologies indiennes.
2.- Comment est née la pastorale indienne ?
La pastorale indienne, telle que nous la connaissons aujourd’hui, a commencé à prendre forme lorsque, au début du XXe siècle, l’Église a pris conscience de la nécessité de s’occuper des populations indiennes les plus abandonnées, comme celles de l’Amazonie. Mais surtout quand, vers le milieu de ce siècle, des pasteurs et des congrégations religieuses se sont approchés des communautés indiennes d’Amérique latine, non seulement par des actions missionnaires sporadiques, mais par une présence stable et prolongée.
3.- Les racines lointaines de la pastorale indienne
Cependant, les racines les plus anciennes de la pastorale indienne se trouvent chez les missionnaires de la première évangélisation de ce continent, qui ont osé prendre le parti des Indiens vaincus, en se distançant des conquérants qui opprimaient ces peuples. Le premier fut le frère Bernardo Boil (1450-1510), plénipotentiaire ecclésiastique du pape Alexandre VI, qui accompagna Christophe Colomb lors de son deuxième voyage (1493) ; ensuite vinrent les Dominicains de l’île caribéenne de Saint-Domingue (1511) et, plus tard, Julián Garcés (1527), premier évêque de Tlaxcala, qui incita le pape Paul III à rédiger l’encyclique indianiste Sublimis Deus (1537) ; et, bien sûr, le frère Bartolomé de las Casas et le courant prophétique qu’il a suscité en faveur des Indiens et de l’évangélisation sans violence.
On peut donc affirmer que la pastorale indienne – qui va de pair avec la théologie indienne – a fait son apparition, de façon claire et cohérente, dans les 50 dernières années de l’Église latino-américaine, mais elle est en continuité avec les grandes intuitions missiologiques des 50 premières années de l’évangélisation fondatrice de notre Église sur ce continent. Ces deux moments historiques sont le fruit du travail conjoint de pasteurs prophètes, de bases indiennes, de dirigeants autochtones et de serviteurs de l’Église engagés dans la cause indienne.
C’est pourquoi l’équipe de conseillers du Conseil épiscopal latino-américain (CELAM), en analysant le parcours de la pastorale indienne, souligne que, bien qu’avec une portée limitée, le frère Gerónimo de Mendieta se référait déjà à cette proposition de l’Église autochtone – bien qu’il l’ait alors appelée « Église indienne » – lorsqu’il mentionne l’arrivée des trois premiers frères laïcs un an avant l’arrivée au Mexique des douze missionnaires franciscains paradigmatiques :
« […] [L]orsque les douze hommes apostoliques arrivèrent, en l’an mille cinq cent vingt-quatre, voyant que les temples des idoles étaient encore debout et que les Indiens pratiquaient leurs idolâtries et leurs sacrifices, ils demandèrent à ce père, le frère Juan de Tecto, et à ses compagnons ce qu’ils faisaient et ce qu’ils comprenaient. Le père Juan de Tecto répondit : “Nous apprenons la théologie que saint Augustin a ignoré en tout point”, qualifiant la langue des Indiens de théologie et leur faisant comprendre le grand avantage qu’il y a à connaître la langue des autochtones » (Mendieta, 1971, p. 308.).
Comme on peut le voir dans le texte et dans d’autres sources de l’époque, les premiers franciscains au Mexique – et aussi les autres ordres religieux qui sont arrivés pour évangéliser le continent – ont voulu dans une large mesure, et au milieu de contradictions, accepter et sauver non seulement la langue des Indiens, mais aussi la richesse sociale, culturelle et symbolique des peuples autochtones avec leurs cultures millénaires. Précisément, le même Mendieta soutenait il y a cinq siècles que les premiers franciscains arrivés sur le continent américain étaient venus dans le but de vivre l’idéal primitif de saint François et d’établir parmi les peuples originaires une « Église indienne » ou une Église autochtone, comme nous le disons aujourd’hui.
Après les 50 premières années qui furent marquées par beaucoup de prophétisme et une activité ecclésiale d’une grande créativité, l’étape missionnaire a pris fin et a cédé la place à l’établissement de l’Église avec toutes ses structures et ses schémas d’administration diocésaine et paroissiale de l’époque qui, en se consolidant, a abandonné les populations indiennes, réduites à leur expression minimale par suite des guerres, des maladies et des encomiendas [5]. Les peuples indiens, qui ne furent pas incorporés alors à la société coloniale, restèrent en marge de l’action de celle-ci et, pour cette raison, ne furent pratiquement l’objet d’aucune action missionnaire ou pastorale de la part de l’Église pendant la majeure partie de la période coloniale, à quelques exceptions près.
Lorsque les nations indépendantes de la couronne espagnole et portugaise (1810-1898) virent le jour, l’Église fut appelée en plusieurs endroits à être un instrument d’intégration des communautés indiennes dans les sociétés nationales, par le biais de l’éducation officielle et de la christianisation occidentalisante. Cela était particulièrement vrai pour la population amazonienne.
4.- L’Église et les aborigènes après l’Indépendance
Sur le plan officiel, entre la fin du mois de mai et le début du mois de juillet 1899, sur convocation du pape Léon XIII, se tint à Rome le Concile plénier d’Amérique latine, auquel participa la moitié de l’épiscopat du continent, qui se réunit pour la première fois afin d’examiner les problèmes les plus urgents et les plus graves de l’Église sur ces terres. Le titre XI, chapitre III, des Décrets du Concile, consacré aux « saintes missions auprès des infidèles », insiste sur la nécessité de « s’efforcer d’apporter la civilisation, par la prédication de l’Évangile, aux tribus encore infidèles », aux « Indiens encore à convertir », « afin qu’il ne reste pas un seul de nos Indiens qui ne jouisse enfin de la lumière de la vérité et de la civilisation chrétienne » (Concilii plenarii Americae latinae, 1899, n° 770, 771, 767). Dans la continuité de la mentalité coloniale, il est proposé que les évêques et les prêtres utilisent tous les moyens possibles, tels que l’aide des congrégations religieuses, les prières et les aumônes des fidèles laïcs, pour convertir les Indiens infidèles. À cette fin, ils doivent connaître les langues indiennes, car on sait par expérience que « le plus grand obstacle à la propagation de la foi parmi les infidèles est l’ignorance des langues indiennes » (Concilii plenarii Americae latinae, 1899, n° 772).
Au début du XXe siècle, le pape Pie X, avec sa lettre Lacrimabili statu indorum (1912), a attiré l’attention des évêques latino-américains sur la situation lamentable des peuples indiens. Mais c’est dans la seconde moitié du XXe siècle qu’une préoccupation renouvelée et de nouvelles attitudes sont nées dans l’Église latino-américaine à l’égard des populations indiennes, désormais poussées à l’extinction totale par l’avancée des grands projets du monde capitaliste et néolibéral. C’est aussi le moment où ces groupes humains sortent de leur léthargie séculaire ou se montrent tels qu’ils sont et osent marcher seuls au milieu des vicissitudes de l’histoire récente. C’est dans ce contexte qu’apparaissent et se développent ce que l’on appelle la pastorale indienne, la théologie indigène et l’Église autochtone.
Chaque pays du continent a joué un rôle fondamental ou marginal dans le développement de la pastorale indienne et de la théologie indigène en Amérique latine. Ainsi ont vu le jour dans toute l’Amérique latine des diocèses ou des prélatures indiennes où des pasteurs enthousiastes se sont montrés solidaires des Indiens, des équipes de missionnaires engagés dans la cause des peuples indiens, des rencontres fréquentes de missionnaires, des rencontres nationales de pastorale indienne où l’on discute des questions qui affectent la vie des communautés et de l’Église. Les structures de service du CELAM, créées en 1955, ont très vite commencé à intégrer dans leurs tâches l’accompagnement du travail de l’Église avec les peuples indiens, d’abord avec une pastorale indianiste, puis avec une pastorale indienne qui met l’accent sur la participation de plus en plus active de la population indienne elle-même.
Il est important de souligner, avant même le Concile Vatican II, la tenue de la première Conférence générale de l’épiscopat latino-américain (1955) à Rio de Janeiro, convoquée par le pape Pie XII, à l’époque de ce que l’on appelle la « guerre froide » entre les États-Unis et l’Union soviétique pour l’hégémonie mondiale. Au sein de l’Église, il y avait également un effort de renouveau dans la théologie, le travail pastoral et la participation active des laïcs à la vie de l’Église. Le document final de la 1ère Conférence du CELAM considère les « populations indiennes » comme une « classe […] en retard dans son développement culturel », ce qui représente un problème de justice sociale pour l’Église. L’Église reconnaît avoir favorisé parmi les Indiens la « civilisation », l’« évangélisation », la défense contre les abus, et avoir insufflé un « profond sentiment religieux » ; elle espère que bientôt « “l’indigène” sera incorporé avec honneur au sein de la vraie civilisation » (CELAM, 1955, Conclusions, titre IX : Missions, Indiens et gens de couleur). Pour cela, le travail des Missions parmi les infidèles doit se poursuivre avec le même esprit apostolique qui animait les missionnaires d’antan. En fin de compte, les « indigènes », tout comme à l’époque coloniale, ne sont que les destinataires de la mission, l’objet de la christianisation. La théologie catholique ne semblait pas avoir beaucoup changé.
5.- Le kairos [6] du Pape François
En ces temps tout récents de kairos, le christianisme inculturé en Europe – qui est tombé dans « la vaine sacralisation de sa propre culture » (Evangelii gaudium (« La joie de l’Évangile »), 117) – est interpellé, d’une manière à la fois inquiétante et pleine d’espérance, par « le défi des multiples richesses que l’Esprit engendre dans l’Église » (ibid.) et qui proviennent en particulier des peuples de la périphérie du monde. Des peuples auxquels elle veut s’ouvrir, « sans les colonisations idéologiques qui détruisent ou réduisent les particularités des peuples » (ibid.), mais dans une attitude d’écoute, de dialogue et d’apprentissage de la sagesse de ces peuples [7].
Mais la question, que beaucoup se posent, est de savoir si l’Église est en mesure de faire une place digne à la pluralité culturelle et religieuse de la périphérie alors que, pendant de nombreux siècles, elle s’est exprimée d’une seule voix et dans une seule culture, à partir de l’eurocentrisme assumé et utilisé comme vecteur de son identité et de sa mission dans le monde. Certes, le pape François prône, avec son approche d’une Église en sortie, une nouveauté missiologique, pastorale et liturgique qui est en mesure d’accueillir la perspective de ceux qui ne sont pas de culture occidentale. Mais cet effort papal, enthousiaste à l’intérieur de l’Église et plus encore à l’extérieur, s’est immédiatement heurté à l’opposition de ceux qui ne veulent pas changer fondamentalement les schémas établis et cherchent à stopper les transformations.
6.- Les défis de la pastorale indienne aujourd’hui
Le Synode panamazonien, qui s’est tenu à Rome du 6 au 26 octobre 2019, a montré qu’une bonne partie des approches indiennes peut être intégrée dans l’Église, en particulier celles qui se réfèrent à la relation avec la Terre Mère, afin d’influencer le reste de la société grâce à une écologie intégrale qui se fonde sur une conversion écologique pour changer l’agression contre la nature, qui est un péché contre le Créateur.
Parallèlement à cette approche, une autre revendication présentée au Synode a été la nécessité d’une conversion culturelle, pastorale et missionnaire qui encourage l’Église à s’insérer dans les cultures et les traditions religieuses des peuples du monde, en particulier ceux de la périphérie, afin qu’elle devienne « une Église au visage amazonien et une Église au visage indien ». Et la raison théologique est la suivante :
« Le visage amazonien de l’Église trouve son expression dans la pluralité de ses peuples, de ses cultures et de ses écosystèmes. Cette diversité exige l’option d’une Église qui est en sortie et qui est missionnaire, incarnée dans toutes ses activités, expressions et langues. Les évêques de Saint-Domingue nous ont proposé l’objectif d’une évangélisation inculturée, qui « sera toujours le salut et la libération intégrale d’un peuple ou d’un groupe humain particulier, qui renforcera son identité et sa confiance dans son avenir spécifique, en s’opposant aux puissances de la mort » (Document de Saint-Domingue, 243).
Et le Pape François formule clairement ce besoin d’une Église inculturée et interculturelle : « nous avons besoin que les Églises locales amazoniennes soient culturellement façonnées par les peuples indiens » (Instrumentum laboris du synode d’Amazonie, 2019, n° 107).
Le document de conclusion du Synode a repris ce cri en affirmant que :
« Seule une Église missionnaire, insérée et inculturée, donnera naissance à des Églises particulières autochtones, au visage et au cœur amazoniens, enracinées dans les cultures et les traditions des peuples eux-mêmes, unies dans la même foi au Christ et diverses dans leur manière de la vivre, de l’exprimer et de la célébrer » (Document final du synode d’Amazonie, 2019, n° 42).
Bien entendu, un tel engagement remet radicalement en question la longue pratique européanisante de l’Église dont les structures dogmatiques, théologiques, catéchétiques, liturgiques, ministérielles et gouvernementales ne permettent pas les changements qui conduiraient effectivement à ce que le Concile Vatican II a appelé les « Églises particulières autochtones » (Ad Gentes, 6). En Amérique latine, ce sont les Églises périphériques qui ont promu cette proposition, en œuvrant pour le protagonisme indispensable des peuples indiens dans l’élaboration des théologies dites indigènes et dans l’émergence de ces Églises autochtones à partir des « semences du Verbe », c’est-à-dire des semailles que Dieu a faites depuis les temps anciens dans tous les peuples et qui ont porté d’abondants fruits du Royaume.
Avec son exhortation apostolique Querida Amazonía (« Chère Amazonie »), le pape François soutient et relance les conclusions du synode panamazonien comme voix de l’Église latino-américaine et caribéenne et comme voix de Dieu pour l’Église universelle, bien qu’il n’ait pas été en mesure de donner une suite opérationnelle immédiate à des questions aussi controversées que l’ordination sacerdotale des viri probati (personnes mariées qui ont prouvé qu’elles pouvaient vivre leur foi chrétienne et leur mariage), ou l’octroi de ministères officiels aux femmes – ce qui ne posait aucun problème concernant l’Amazonie pour la plupart des membres du synode. Et l’explication est que les conditions ne sont pas encore réunies pour franchir ce pas et que la seule chose que l’on obtiendrait serait de cléricaliser les femmes et les laïcs, et la communion ecclésiale serait mise en péril, car les ultraconservateurs disqualifieraient non seulement le Synode, mais le Pape lui-même.
Conclusion
La voix indienne exprimée lors du Synode panamazonien montre qu’une présence nouvelle et courageuse des peuples indiens se manifeste désormais dans l’Église et dans la société latino-américaine, exigeant des transformations profondes [8]. Heureusement, cette voix a trouvé un écho auprès du Pape et du groupe majoritaire des évêques qui ont signé le Nouveau Pacte des Catacombes à la fin du Synode, reconnaissant que, bien que les conditions des transformations demandées ne soient pas encore au niveau requis, il sera nécessaire d’avancer avec constance vers ces idéaux. Sans cela, non seulement les peuples indiens ne pourront pas compter sur l’Église comme alliée dans leurs luttes, mais l’Église perdra l’occasion de s’inculturer véritablement dans ces peuples au point de faire siens leur visage et leur cœur et de les accompagner ainsi dans leurs efforts pour sauver la vie sur la Terre Mère.
C’est pourquoi, comme l’ont déjà exprimé – à partir de la pastorale indienne du passé et de ces dernières années – des prophètes et des pasteurs de l’Église d’Amérique latine et des Caraïbes tels que Leónidas Proaño en Équateur, Samuel Ruíz et Bartolomé Carrasco au Mexique, Gerardo Flores au Guatemala, Gerardo Cano Valencia en Colombie, Roger Aubry en Bolivie, Pedro Casaldáliga et Erwin Kräutler au Brésil, et divers autres dans d’autres régions, il faut souligner qu’avec ces « peuples indiens, qui se sont levés et ont osé marcher, récupérer leur parole et ouvrir de nouveaux chemins de vie [9] », l’Église doit désormais dialoguer, sans colonialisme d’aucune sorte, afin d’être leur meilleure alliée et camarade dans l’inculturation de l’Église et dans la transformation du monde. Si l’Église n’est pas encore prête pour ce dialogue horizontal, qui écoute, inclut et rejoint ceux qui sont différents, nous devrons accélérer le rythme afin d’être bientôt à la hauteur de ce que la Ruah [10] divine exige en ces temps.
Références
CELAM. 1a Conferencia general del CELAM : Río de Janeiro. Conclusiones [1ère Conférence générale du CELAM : Rio de Janeiro. Conclusions]. Bogotá : CELAM, 1955.
Concilii plenarii Americae latinae [Conciles pléniers d’Amérique latine]. Acta et decreta Concilii Plenarii. Roma : Vaticana, 1989.
François, Pape. Exhortación apostólica Evangelii gaudium : Sobre el anuncio del Evangelio en el mundo actual [Exhortation apostolique La joie de l’Évangile : Sur l’annonce de l’Évangile dans le monde actuel]. Roma : Vaticana, 2013. Disponible en ligne. Consulté le 30/06/2022.
François, Pape. Exhortación postsinodal Querida Amazonia [Exhortation post-synodale Chère Amazonie]. Roma : Vaticana, 2020. Disponible en ligne. Consulté le 30/06/2022.
Mendieta, Gerónimo de. Historia Eclesiástica Indiana, vol. II. 2ª Edición facsimilar. México : Cien de México, 1971.
Pie X. Lettera encíclica Lacrimabili statu indorum [Lettre encyclique Lacrimabili statu indorum]. Roma : Vaticana, 1912. Disponible en ligne. Consulté le 30/06/2022.
Vatican II. Decreto Ad Gentes : Sobre la actividad misionera de la Iglesia [Décret Ad Gentes : Sur l’activité missionnaire de l’Église]. Roma : Vaticana, 1965. Disponible en ligne. Consulté le 30/06/2022.
Secrétariat général du synode des évêques. Instrumentum laboris del sinodo para la Amazonia [Instrumentum laboris du synode pour l’Amazonie]. Roma : Vaticana, 2019. Disponible en ligne. Consulté le 30/06/2022.
Secrétariat général du synode des évêques. Documento final. Asamblea especial para la Región Panamazónica. Amazonía : Nuevos caminos para la Iglesia y la ecología integral [Document final. Assemblée spéciale pour la panamazonie. Amazonie : Nouveaux chemins pour l’Église et l’écologie intégrale]. Roma : Vaticana, 2019. Disponible en ligne. Consulté le 30/06/2022.
– Dial – Diffusion de l’information sur l’Amérique latine – D 3718.
– Traduction d’Alain Durand pour Dial.
– Source (espagnol) : Encyclopédie digitale de la théologie latinoaméricaine, 30 décembre 2022.
En cas de reproduction, mentionner au moins l’auteur, le traducteur, la source française (Dial - www.dial-infos.org) et l’adresse internet de l’article.
[1] Voir, du même auteur, DIAL 2577 - « AMÉRIQUE LATINE - « Jamais plus une église sans nous » », 2632 - « AMÉRIQUE LATINE - Ministères indigènes : quelques expériences latino-américaines », 2795 - « AMÉRIQUE LATINE - Théologie indienne d’Amérique latine. Dieu, traditions indigènes et mondialisation », 2913 - « AMÉRIQUE LATINE - L’apport des Indiens à la cinquième Conférence générale de l’épiscopat latino-américain et caribéen (V CELAM) », 3027 - « AMÉRIQUE LATINE - La théologie indienne dans l’Église, un bilan après la rencontre d’Aparecida, première partie », 3032 - « AMÉRIQUE LATINE - La théologie indienne dans l’Église, un bilan après la rencontre d’Aparecida, deuxième partie », 3159 - « AMÉRIQUE LATINE - La théologie indienne dans la matrice latino-américaine », 3232 - « AMÉRIQUE LATINE - Théologies indiennes dans les églises chrétiennes : nous, les Indiens, pouvons-nous y gagner la place que nous méritons ?, première partie », 3235 - « AMÉRIQUE LATINE - Théologies indiennes dans les églises chrétiennes : nous, les Indiens, pouvons-nous y gagner la place que nous méritons ?, deuxième partie » et 3668 - « AMÉRIQUE - Théologies indiennes ».
[2] Sur ce thème, on pourra lire : Eleazar López Hernández et Alain Durand [dir.], Sagesse indigène : La Théologie indienne latino-américaine, Paris, Cerf, 2002.
[3] Texte soumis le 30 septembre 2022 et approuvé le 30 octobre 2022.
[4] Voir DIAL 3668 - « AMÉRIQUE - Théologies indiennes ».
[5] « Dans les colonies espagnoles d’Amérique, la Couronne, à travers ses représentants, “confiait” (encomendar) un certain nombre d’Indiens à un colon espagnol (encomendero) en récompense de ses services ; l’encomendero percevait, en or, en nature, ou en travail, le tribut dû à la Couronne par les Indiens, qu’il devait en contrepartie protéger, convertir au christianisme et “civiliser”. En 1503, des textes institutionnalisèrent cette pratique qui se superposa au repartimiento : les encomenderos purent ainsi se procurer de la main-d’œuvre pour exploiter leurs mines et leurs terres. À l’encontre des intentions royales, les Indiens furent dépossédés de leurs terres et pratiquement réduits en esclavage. » (Encyclopedia Universalis, article « Encomienda ») – NdT.
[6] Mot grec utilisé dans le Nouveau Testament pour désigner un temps particulier de grâce – NdT.
[7] Les paroles inspirantes par lesquelles le Pape François a ouvert le Synode panamazonien à Rome ont donné le ton aux interventions des pères synodaux en déclarant : « Nous approchons les peuples amazoniens sur la pointe des pieds, en respectant leur histoire, leurs cultures, leur style du “bien vivre”. Nous les approchons en dehors des colonisations idéologiques qui détruisent l’idiosyncrasie des peuples ». En ouvrant les sessions de travail, le cardinal Humes a ajouté : « L’Église a besoin de marcher… elle a besoin d’abattre les murs qui l’entourent et de construire des ponts… d’allumer des lumières et de réchauffer les cœurs… de marcher aux côtés de tous et de chacun, en particulier de ceux qui vivent aux périphéries de l’humanité ».
[8] Les paroles des Indiens au pape lors de sa rencontre avec eux le 16 octobre 2019 sont très éloquentes.
[9] Paroles de Mgr Proaño à la fin de sa vie, en 1989.
[10] Mot désignant l’Esprit ou Souffle de Dieu – NdT.