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DIAL 2576

GUATEMALA - Femmes en zone rurale : réalités quotidiennes et volonté de changement

mardi 16 juillet 2002, mis en ligne par Dial

Dial publie régulièrement des témoignages révélateurs de la réalité quotidiennement vécue en Amérique latine. Tel est le cas cette fois pour cette femme paysanne guatémaltèque, qui nous fait part de ses conditions de vie matérielles, morales et affectives, de ses souffrances, de ses joies et de ses espoirs. Voici le texte d’un entretien mené par Verónica Girón Ch. avec Natividad Morales Maldonado, épouse et mère âgée de 26 ans, vivant au village de Casaca dans l’Altiplano nord-occidental. Ce témoignage est paru dans Voces del Tiempo, juillet-septembre 2001 (Guatemala).


Un dimanche après midi, équipés de sac à dos et chapeau, nous décidons d’aller rendre visite à Natividad, une femme du village de Casaca, pour parler avec elle de la vie des femmes en zone rurale. Tout en marchant le long de la route, nous observons femmes et enfants qui portent sur leurs têtes de lourdes charges. Les gens reviennent de la grand-place car c’est jour de marché. En chemin nous pensons : que de poussière sur les chemins ! quel soleil de plomb ! comme il brûle ! Nous regardons les terrains des habitants tellement épuisés et érodés, de minuscules parcelles avec des cultures de maïs et de haricots, et quelques potagers avec des plantes médicinales et des plantes comestibles comme des « chipilín », blettes, « malanga », et quelques autres. On peut aussi, le long du chemin, évaluer le taux de déforestation de la région et avec cela, la pauvreté des gens. Quelques-unes des femmes que nous rencontrons en chemin portent de belles chemises qu’elles ont elles-mêmes tissées. Le dimanche est un jour particulier pour toute la famille. C’est un jour de fête pour tous. Les femmes se parent, elles mettent en valeur leur beauté naturelle, elles s’habillent de leurs plus belles chemises, de leurs meilleures étoffes et coiffes. Colliers et boucles d’oreilles sont l’ornement de leur beauté. Elles exhibent leurs vêtements car elles sont fières de montrer leur habilité à confectionner pièces d’habillement et chemises. En semaine l’habillement des femmes est différent : elles s’habillent plus simplement, portent des chemises décolorées par l’usage et par les années, de vieilles chemises qu’elles utilisent pour travailler dans les champs et à la maison. En chemin nous observons ces visages d’enfants, de jeunes filles, de femmes mûres ou âgées. Toutes ces femmes ont un témoignage à livrer.

Toutes ont des rêves dont elles espèrent qu’ils deviendront un jour réalité. On voit leurs visages brûlés par le soleil qui a hâlé leur peau quand elles travaillent dans leurs champs près de leur maison ou lorsqu’elles marchent vers les terrains plus éloignés. Les femmes, en majorité, portent des chaussures de plastique car elles sont faciles à laver en chemin lorsqu’elles passent par un ruisseau, et aussi parce que ce sont les moins chères. Beaucoup portent sur leur dos un enfant et entraînent avec elles quelques autres. Quelques-unes de ces femmes sont accompagnées de leurs maris. Mais la majorité de celles que nous voyons marchent seules avec leurs enfants en bas âge car à cette époque de l’année leurs maris et leurs grands enfants (dix ans et plus) vont dans les exploitations de café pour gagner de l’argent : dans cette communauté il n’y a pas d’autre source de travail.

Nous nous interrogeons : que peuvent bien penser ces femmes de leur vie, de leurs enfants, de leurs maris, de leur avenir ? Comment voient-elles leur vie ? Quels sentiments éprouvent-elles ? C’est avec toutes ces questions dans la tête que nous approchons de la maison de Natividad et de Ramiro.

Lorsque nous arrivons à leur maison, Natividad et sa fille Chavelita, qui a un an, sont assises par terre, en train de nettoyer des haricots en triant les cosses. Nous nous approchons d’elle et nous la saluons. Elle va nous chercher un banc pour nous faire asseoir. La maison de Natividad se compose d’un petit couloir, d’une petite cuisine à l’air libre tapissée de tiges de roseaux, d’une chambre où ils dorment et d’un petit espace dans l’encadrement de la fenêtre de la maison qui fait fonction de petite boutique avec les articles de base du panier de la ménagère. Ramiro est allé chez son père égrener du maïs. Nous bavardons avec Natividad qui continue à trier ses haricots interrompue fréquemment par Chavelita qui réclame à téter. Natividad Morales Maldonado est née en 1976. Elle s’est mariée à 24 ans. Nous sommes étonnés d’entendre qu’elle s’est mariée à 24 ans car la majorité des femmes dans la communauté se marient plus jeunes. Elle nous dit qu’elle s’est mariée « déjà grande » parce qu’elle avait décidé d’étudier mais que, malheureusement, elle n’a pu aller que jusqu’à la troisième année de l’enseignement élémentaire car son père lui a dit qu’après cinq ans de fiançailles avec Ramiro il valait mieux qu’ils se marient. Nous lui demandons : pourquoi les fiançailles avaient-elles duré si longtemps ? car nous avions constaté que les fiancés le restaient environ un an, ou moins, avant de se marier. Elle nous répondit qu’elle désirait étudier et que, à cause de cela, elle avait décidé de ne pas se marier rapidement avec Ramiro car lui aussi faisait des études et tous deux voulaient terminer leurs études.

Une vie très dure

Nous discutons de sa façon de voir la vie des femmes dans la communauté : sa première réaction est la suivante : « ici, la vie est très dure pour les femmes. La majorité travaille beaucoup, elles prennent l’initiative d’aider au travail des champs et autres travaux, parce qu’elles peuvent ainsi contribuer, avec leur époux, à alléger le poids financier de la vie de tous les jours. La majorité des femmes se lève avant tout le monde dans la maison, elles vont chercher du bois à l’extérieur, elles le fendent pour le feu, elles lavent le linge de toute la famille, elles vont chercher de l’eau, elles préparent à manger, elles font manger les enfants, elles nettoient la maison, cultivent le potager autour de la maison, nettoient les enclos des animaux et vont leur chercher du fourrage. Elles veillent sur la santé de toute la famille. Lorsque les enfants tombent malades, elles les soignent et se mettent en quatre pour eux. Ce sont elles qui sont chargées de l’éducation des enfants et qui surveillent les devoirs pour l’école. Elles font les vêtements qu’elles portent et fabriquent pièces d’étoffe et chemises pour des clients afin de gagner de l’argent. Au moment de la cueillette, la récolte des grains et leur conservation est à leur charge. Aux champs elles travaillent aussi avec leur époux à ensemencer le lopin de maïs et à semer les haricots, et lorsque leur mari part travailler dans une exploitation, elles restent seules avec les enfants et assument le travail de la terre.

Dès l’enfance, elles sont habituées à gérer de lourdes charges. Dans leur communauté elles assistent aux réunions des comités de pères de famille et des comités de santé, elles participent aux projets des groupes de femmes et à la vie de l’église. De nombreuses femmes ont aussi une activité de sage-femme ou de guérisseuse. Les femmes de la communauté n’ont pas leur mot à dire dans les décisions importantes.

Ce sont les hommes qui décident. Lors de décisions sur des projets concernant l’éclairage, les conduites d’eau et les constructions, nous les femmes n’y participons pas. Je pense qu’avec le temps qui passe les choses changent mais la participation des femmes est encore rare tout comme leur élection à des charges publiques représentatives.
Autrefois les femmes d’ici n’allaient pas à l’école. Beaucoup de femmes ne savent ni lire ni écrire. Elles veulent que leurs enfants aient la chance d’étudier qu’elles n’ont pas eue. L’éducation est importante, mais, du fait de la pauvreté, les gens d’ici attachent davantage d’importance au travail et aux champs qu’à l’étude. On apprend dès l’enfance aux femmes les tâches ménagères et on les prépare à la vie du foyer. Il ne vient à l’idée de personne que la femme peut aller à l’école. Je pense qu’avec le temps cela peut changer, par exemple on voit maintenant davantage de petites filles à l’école qu’autrefois, mais la majorité des femmes ne termine pas le cycle primaire. »

La femme et la terre

Natividad est une femme de la campagne, agricultrice par choix. Elle travaille la terre, elle l’aime et la respecte. Elle a hérité cet amour de la terre de ses parents. Natividad appartient à une famille particulière. Son père est un homme « bon et différent ». Il lui a donné l’exemple du travail dans les champs et c’est pour cela qu’elle veut être comme lui, une agricultrice, une paysanne. Son père est son paradigme. Ils sont six frères et sœurs dans sa famille : trois garçons et trois filles. Son père lui a donné en héritage dix cordées de terrain ainsi qu’à ses sœurs. Cela n’est pas habituel dans la communauté, car en général seuls les hommes héritent de leur père qui ne lègue rien aux femmes. Les femmes sont à la merci de l’homme qui les épousera et c’est le mari qui devra apporter la terre pour la famille. La plupart des femmes ne possèdent aucun titre de propriété de la terre, ces titres sont toujours au nom de l’homme.

Natividad dit que lorsqu’on possède de la terre et qu’on sait la cultiver, on a tout ce qu’il faut pour se nourrir et on peut prendre en charge l’alimentation de sa famille. C’est du moins l’exemple que lui ont donné ses parents. Sa mère ne manque de rien. Elle a tout ce que la terre peut produire pour manger. Si l’on a un terrain qui produit, on peut utiliser l’argent pour acheter autre chose, des chaussures, des fils, un chapeau, du sel, de l’huile, du sucre. Comme nous l’avons déjà dit, Natividad a une petite boutique dans sa maison. Elle lui appartient en propre, non à Ramiro son époux. Elle gère les bénéfices de la boutique et n’a plus à sortir pour acheter dehors le sel, l’huile ou le savon car elle va les prendre à la boutique sur ses bénéfices.

Quand les femmes se marient

Quand les femmes tombent amoureuses et décident de se marier, l’homme est obligé de payer une certaine quantité d’argent pour la jeune fille. Cela dépend de ce que la famille demande pour la femme.

Quand vient le temps du mariage, elles accèdent à de nouvelles responsabilités qui sont autant de limites. L’habitude dans la communauté est que la femme aille vivre dans la maison de son mari et qu’elle travaille pour toute la famille de son époux : elle doit raccommoder les vêtements de sa belle-mère, laver le linge de son beau-père et des frères de son mari, chercher du bois, de l’eau, préparer les repas, aller au moulin et s’occuper de ses enfants… Certaines femmes qui vont vivre dans la famille de leur mari se sentent bien et n’ont pas de problème avec leur belle-mère mais il n’en a pas été ainsi dans le cas de Natividad. Quand elle s’est mariée, elle est allée vivre chez ses beaux-parents. Elle était mal à l’aise car elle n’avait pas de pouvoir de décision, sa belle-mère décidait toujours à sa place. Les femmes qui se révoltent contre cela subissent une discrimination de la part de toute la famille de leur mari. Elle dut passer par tout cela et elle le dit à Ramiro : « ce n’est pas juste, je veux être ta femme et que nous décidions tous les deux de ce que nous voulons ». Ramiro a été d’accord et maintenant ils vivent seuls et sont tranquilles et contents. Ils ont construit leur maison et se sont éloignés pour vivre leur vie. Ce fut une décision très difficile à prendre. Le père de Natividad remettait à sa mère le produit de la récolte et c’était elle qui était chargée de la répartition des biens et de la nourriture entre les membres de la famille : elle répartissait également entre tous. En général les femmes géraient l’argent et les biens de la famille, c’étaient elles qui étaient chargées de l’économie familiale. Mais avec les nouvelles générations, cela a changé. Les déplacements ont contribué à une redistribution des rôles entre homme et femme. Aujourd’hui, c’est l’homme qui gère les biens et l’argent.

Machisme

Elle est triste de voir que les hommes boivent de l’alcool alors qu’ils pourraient se servir de cet argent pour leur famille. Elle pense que 75 % des hommes de la communauté boivent. Elle est désolée de voir que les femmes de la communauté subissent des violences parce que leurs maris reviennent ivres et les frappent. Elle pense que plus de la moitié des femmes de la communauté reçoivent des coups de leurs maris. Natividad pense qu’il n’est pas juste que les femmes n’aient pas accès à l’argent que gagnent leurs maris, car elles travaillent dans la maison, elles ont la charge des enfants et veillent sur eux, elles travaillent aussi dans les champs, par conséquent elles ont aussi le droit de décider. Natividad est heureuse parce que son mari a eu la chance d’étudier et il est différent. L’éducation l’a aidé à changer. Il s’occupe lui aussi de Chavelita.

L’amour dans le couple

Natividad, comment l’amour est-il vécu dans le couple ? « Il ne dure que la première année, passée la première année, l’amour s’en va. Quand la femme porte des vêtements sales parce que son mari ne lui donne pas d’argent pour acheter du savon pour les laver ou pour acheter une autre pièce de tissu ou une chemise neuve, elle n’a pas belle allure. Les hommes n’aiment pas voir leur femme enlaidie après une première grossesse, ils n’aiment pas non plus que leur chemise empeste le lait quand elles allaitent. Les hommes ont vite fait d’aller se chercher une autre femme, mais ne veulent pas subvenir à ses besoins. Les femmes sont malheureuses parce que les hommes les abandonnent. » Natividad explique qu’elle est heureuse parce que son mari n’a pas changé. Si un homme dit à une femme qu’il ne l’aime plus, où va-t-elle aller puisqu’elle n’a pas de terre à cultiver ? En pareil cas la femme se retrouve pratiquement à la rue et seule avec ses enfants. « Le jour où Ramiro me dira qu’il ne m’aime plus, une fois suffira et je m’en irai parce que moi j’ai de la terre, je sais la travailler et je ne vais pas mourir de faim parce que mes parents m’ont appris à la travailler. Je sais lire et écrire et ça m’aide beaucoup, je sais ce que je veux, je ne tolérerais pas une telle offense.

Le principal problème, selon moi, est que les femmes ont le double de travail : elles portent leurs enfants dans le dos quand elles travaillent la terre, quand elles vont chercher du bois, quand elles transportent de l’eau ; elles reviennent à la maison bien fatiguées, mais le travail n’est jamais fini. De retour chez elles, il faut qu’elles travaillent, alors que la majorité des hommes s’allongent dans le hamac pour se reposer. » Nous rions un peu parce que je lui ai demandé s’il lui était arrivé de voir un homme aller travailler aux champs avec son enfant dans le dos. Elle m’a dit : « ça, je ne l’ai jamais vu ici ». Je lui réponds que, moi non plus, je ne l’ai jamais vu, mais que par contre j’ai vu beaucoup de femmes le faire et aussi des enfants de cinq à six ans : ils portent sur leur dos leurs petits frères et sœurs.

Connaissance du corps et fertilité

Natividad, est-ce que les femmes connaissent leur corps et son fonctionnement ? « Quelques-unes oui, d’autres non. La majorité des femmes ne décident pas du nombre d’enfants qu’elles veulent avoir. Les enfants viennent, il en naît et il en naît encore. Ici nous croyons que la femme est venue au monde pour souffrir et pour avoir des enfants. Alors les femmes ont jusqu’à huit enfants et plus. » Et toi, Natividad combien d’enfants veux-tu avoir ?

« Moi quatre seulement, parce que Ramiro et moi nous pensons que nous avons la possibilité d’en élever quatre seulement, car nous envisageons de leur faire faire des études à tous et de donner un terrain à chacun comme l’a fait mon père pour moi et mes frères et sœurs. » Pour quelle raison crois-tu que les femmes d’ici ont autant d’enfants ? « Eh bien, quelques-unes ne connaissent pas le fonctionnement de leur corps. Les hommes non plus ne connaissent rien au corps de leur femme. Il y a donc une grande absence de connaissance sur ce sujet et c’est peut-être à cause de cela qu’ils ont tant d’enfants. Ici dans la communauté la majorité des gens n’est pas en état de prévoir l’avenir, ils n’ont pas cette capacité. Ils ne voient que le moment présent. » Qui décide du nombre d’enfants que doivent avoir les femmes ? « C’est l’homme qui décide et dans quelques familles les deux. Ce dont j’ai pu me rendre compte c’est que les femmes se mettent à planifier à partir de huit enfants ou que tout simplement elles cessent d’avoir des enfants quand elles cessent d’avoir leurs règles. Je crois qu’actuellement la situation évolue un peu, il y a au moins un quart des femmes qui désormais planifient. Je crois que le problème est qu’il y a un manque d’éducation pour décider du nombre d’enfants à avoir. »
De quelle façon vois-tu ta vie Natividad, te considères-tu heureuse, triste ou épanouie ?

« Contente, je vis en paix avec mon mari et ma fille, j’ai ce qu’il faut pour manger, des fruits et des légumes, une maison, un terrain, et, très important, je ne suis pas battue par mon mari. Je crois que c’est l’éducation qui a changé ma vie et qu’elle peut changer la vie des femmes de la communauté. Je pense que l’éducation, c’est très important. Je pense que l’homme compte autant que la femme. Ils ont tous les deux la même valeur. Au Guatemala il y a davantage de femmes que d’hommes, cela signifie que nous les femmes nous représentons une force dans la lutte pour changer notre pays. »

Espoir

Natividad, qu’attends-tu de la vie dans le futur ?

« Je veux continuer à étudier et me surpasser. Je veux travailler. Je veux avoir un lopin de terre avec des cultures variées. Je veux que mon mari travaille avec moi sur cette terre. Je veux être une agricultrice comme mon père, je veux avoir de tout pour que nous puissions nous alimenter ma famille et moi. Je veux que mes enfants étudient et leur donner une terre. Mon père a beaucoup travaillé pour avoir ce qu’il a maintenant et nous le transmettre en héritage. Il n’a jamais manqué de rien. Dans la maison il a toujours eu assez de maïs, de haricots, de bananes, de fruits, d’herbes, de graines, d’arbres, de fleurs, et ma maman a toujours été heureuse. Elle n’a jamais manqué de rien et mon père l’a toujours bien traitée. Je veux être comme mon père, je préfère les champs et la culture de la terre à l’étude, mais je sais que l’éducation est nécessaire pour faire du meilleur travail. »

Son mari tarde à arriver et la nuit nous enveloppe tandis que nous sommes baignés de lumière par la lune. Nous sommes restés presque trois heures à bavarder avec Natividad et nous n’avons pas vu passer le temps. Nous laissons la lune nous baigner de sa lumière. Nous prenons alors congé de Nati ressentant un profond sentiment de respect. Une femme à l’esprit aussi éclairé et si sûre d’elle même !

Cet après-midi, Natividad a partagé avec nous sa vision de la vie, avec tendresse et humilité. Pendant quelques heures, elle nous a permis d’accéder au monde de femmes de Casaca. Nous comprenons qu’ici, il faut partager la vie des femmes, vivre avec elles et connaître leur culture. Sinon, nous courons le risque de juger avec des critères inadaptés. Il vaut mieux laisser les femmes nous parler et nous raconter leur vérité.

Conclusion

Le rêve de Natividad c’est d’avoir de la terre, d’avoir une parcelle autosuffisante pour pouvoir se réaliser en tant que femme, en tant que mère et en tant qu’agricultrice. Pour Natividad la vie n’est pas facile, pas plus que pour beaucoup de femmes qui s’efforcent de changer.

Natividad a résumé pour nous la vie des femmes avec des mots simples mais profonds. La femme en zone rurale n’a pas eu accès à l’éducation, elle n’a pas de pouvoir de décision, elle ne connaît pas son corps et ne contrôle pas sa fécondité, elle souffre de la pauvreté et dépend économiquement de son mari. Affectivement et psychologiquement, elle se sent inférieure à l’homme et dévalorise sa beauté naturelle. Elle n’a ni plaisir ni distraction parce qu’elle en ignore l’existence… et le plus grave de tout est qu’elle n’a pas un morceau de terre à son nom. Cela rend les femmes totalement vulnérables, dépendantes à vie et leur apporte pauvreté, faim et abandon. Cependant, face à cette situation beaucoup de femmes, comme Natividad, croient que cela est injuste, luttent et affirment leur valeur en tant que femmes, mères, épouses, agricultrices, sages-femmes et guérisseuses. Elles nourrissent une vive espérance et elles lutteront pour elles-mêmes et leurs familles.


 Dial – Diffusion d’information sur l’Amérique latine – D 2575.
 Traduction Dial.
 Source (espagnol) : Voces del Tiempo, juillet-septembre 2001 (Guatemala).

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