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DIAL 2593

AMÉRIQUE LATINE - L’équité est plus importante que la richesse pour la santé des populations

Jim Lobe

vendredi 1er novembre 2002, par Dial

Dans son dernier rapport, l’Organisation panaméricaine de la santé met en relief la relation existant entre l’état de santé des populations et le niveau d’inégalité dans la répartition des revenus à l’intérieur des pays. Il en ressort que les pays dont la population est en meilleure santé ne sont pas les plus riches mais les moins inégalitaires. Article de Jim Lobe, IPS, 23 septembre 2002.


L’Organisation panaméricaine de la santé (OPS) a averti le lundi 23 septembre que le fossé qui se creuse entre les riches et les pauvres dans les sociétés d’Amérique aggrave la situation sanitaire générale.

Dans son nouveau rapport Santé dans les Amériques, l’OPS établit une relation directe entre la santé et l’équité sociale et économique dans les sociétés du continent.

« Les sociétés les plus saines ne sont pas nécessairement les plus opulentes, mais celles qui répartissent leurs revenus de manière plus équitable, quelqu’en soit le montant », soutien le rapport de l’OPS qui est publié tous les 4 ans.

Les habitants des pays pauvres tels que Cuba, la Guyane, le Pérou et la Jamaïque, où est relativement peu important l’écart entre les plus riches et les plus pauvres, jouissent d’une meilleure santé que ceux qui ont des revenus similaires (Bolivie, Équateur, République dominicaine et la plupart des pays d’Amérique centrale) mais avec une richesse plus concentrée.

Des découvertes similaires ont été obtenues dans les pays les plus riches de l’hémisphère.

L’OPS affirme que la santé de la population de l’Argentine, du Costa Rica, de Trinité et Tobago et de l’Uruguay est meilleure si l’on compare leurs indices de mortalité infantile et d’espérance de vie avec les pays où les différences de revenus entre les riches et les pauvres sont plus grandes comme le Brésil, le Chili, la Colombie, le Mexique et le Paraguay.

Selon l’OPS, la relation entre l’inégalité et la santé à l’intérieur de ces sociétés est la conclusion notable et inatendue d’un travail de 426 pages qui fait un bilan des études les plus importantes réalisées dans la dernière décennie au sujet de la situation sanitaire des pays du continent américain.

« Les plus grandes inégalités de santé dans la région ne se rencontrent pas comme on pourrait s’y attendre, en comparant les nations les plus riches avec les plus pauvres, mais en comparant la répartition des revenus dans ces pays », soutient le document.

Vers le milieu des années 90, l’espérance de vie dans les pays pauvres comportant peu de disparités dans la répartition des revenus était supérieure d’un an à celle des pays plus riches ayant des disparités de revenus significatives.

Plus encore, la différence d’espérance de vie dans les pays où il y a un petit écart entre riches et pauvres et ceux où il y un grand écart était de 8,2 ans.

L’étude de l’OPS établit également que le risque de mourir de manière violente dans les nations où existent de grandes disparités de revenus est le double par rapport aux nations à faibles disparités, riches ou pauvres.

Le rapport établit également que le coût des prestations de santé, par personne, est deux fois supérieur dans les pays où existe une faible différence entre les riches et les pauvres.

Selon l’OPS, l’espérance de vie moyenne en Amérique a augmenté de 66 à 72 ans depuis 1980 tandis que la mortalité a chuté de presque 25 %. Au moins la moitié de l’augmentation de l’espérance de vie est dûe à la diminution de la mortalité par les maladies transmissibles comme la tuberculose ou les maladies cardio-vasculaires.

Les décès dûs à la tuberculose chutèrent de façon remarquable grâce à l’expansion du programme de traitement d’observation directe, par lequel on soigne plus de 85 % des cas dans les pays qui l’appliquent, par comparaison à 46 % dans les pays qui ne l’appliquent pas.
En 1999, on a enregistré 250 000 personnes tuberculeuses dans la région, parmi lesquelles près de 140 000 étaient des nouveaux cas.

La stratégie de contrôle global de la malaria et l’initiative « Stop à la malaria » lancée en 1998 firent baisser de même la mortalité due à cette maladie provoquée par la piqûre d’un moustique, de 8,4 morts pour 100 000 cas en 1994 à 1,7 morts pour 100 000 cas en 1999, note le document.

L’OPS attribue la baisse de la mortalité des moins de 5 ans à l’essor des politiques de prévention prénatales et aux campagnes de vaccinations massives développées depuis le milieu des années 80. À partir de 1980, la majeure partie des nations américaines réduisirent de moitié les décès des enfants par maladies contagieuses. Le sarampion combattu par les vaccins est proche de la totale éradication dans la région, selon l’OPS.

Mais les nouvelles ne sont pas toutes bonnes. L’épidémie de sida (syndrome d’immuno-déficience acquise) continue sa propagation et a commencé à affecter sérieusement l’espérance de vie dans de nombreux pays, surtout dans la zone caraïbe. Les infections respiratoires aiguës et la diarrhée touchent encore beaucoup d’enfants, spécialement dans les régions rurales et les faubourgs pauvres des villes où vivent 75 % de la population américaine.

De plus, le développement urbain a provoqué de nouveaux problèmes sanitaires qui affectent l’espérance de vie, tels que les morts par accidents de la route et la violence, phénomènes qui tendent à se généraliser dans les zones urbaines. La prolifération de nouvelles occupations de terrain non prévues autour des centres urbains crée d’autres difficultés. Il est fréquent que ces communautés manquent de sanitaires et d’eau potable. D’autre part, la mauvaise alimentation, le manque d’exercice, la consommation de tabac et de drogues, le stress, la dépression et autres problèmes de santé mentale en augmentation, constituent de graves défis pour les systèmes de santé publique.

D’autres changements démographiques importants ont un impact sur la situation sanitaire, selon l’OPS. La prolongation de la vie a pour résultat une population vieillie. De fait, le nombre de personnes de plus de 85 ans est en train de croître de 3 à 5 % annuellement dans certains pays, tandis que les plus de 65 ans augmentent de 2 % par an, une proportion beaucoup plus grande que l’augmentation générale de la population de la région qui est de 1,3 %. Par conséquent, les infirmités chroniques telles que les douleurs cardio-vasculaires, le cancer et l’invalidité physique sont beaucoup plus présentes et elles ont même dépassé les maladies infectieuses comme principale cause de mort.

La mortalité due au diabète, qui afflige quelque 35 millions d’Américains, s’est également élevée dans les dernières années, spécialement en Amérique latine et centrale. L’OPS estime qu’en 2025 presque les deux tiers des diabétiques d’Amérique seront des Latino-Américains ou des Antillais.


 Dial – Diffusion d’information sur l’Amérique latine – D 2593.
 Traduction Dial.
 Source (espagnol) : IPS, 23 septembre 2002.

En cas de reproduction, mentionner au moins l’auteur, la source française (Dial - http://enligne.dial-infos.org) et l’adresse internet de l’article.

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