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DIAL 2394

MEXIQUE - 856 000 sans-papiers arrêtés à la frontière du Mexique et des États-Unis entre octobre 1999 et mars 2000

Guadalupe Ríos, Elizabeth Velasco, Angélica Enciso et Carolina Gómez

samedi 1er juillet 2000, mis en ligne par Dial

Le nombre de Mexicains cherchant à passer clandestinement la frontière pour aller vivre aux États-Unis est impressionnant. Le nombre de ceux pour qui ce passage clandestin est synonyme de mort est également considérable. Nous publions ci-dessous trois extraits significatifs d’articles parus dans La Jornada (Mexique) du mois de juin, permettant de faire le point sur cette situation dramatique.


À la frontière du Mexique et des États-Unis 856 000 sans-papiers ont été arrêtés entre octobre 1999 et mars 2000, ce qui signifie une augmentation de 10 % par rapport à la même période de 1998 à 1999. C’est ce qu’a indiqué Arturo Solís, directeur du Centre d’études des frontières et de promotion des droits humains de Reynosa (Ceprodhac).

A. Solís a souligné le fait que ces chiffres, provenant du Service d’immigration et de naturalisation des États-Unis (SIN), diffèrent de ceux indiqués par l’Institut national de migration du Mexique (INM), lesquels indiquent qu’au cours des 5 premiers mois de l’année, 587 000 nationaux furent renvoyés. Il a souligné que les faits manifestent que la migration n’a pas été contrôlée par les autorités et que les sans-papiers courent des risques plus grands en raison des instruments sophistiqués de surveillance et des interventions renforcées en différents points de la frontière commune.

Des données des consulats ayant juridiction à Brownsville, Eagle Pass et Del Río, indiquent que, comme pour la Californie et l’Arizona, dans la partie est de la frontière nord, du Texas à Brownsville, la mise en route de l’opération Río Grande a provoqué une augmentation du nombre de morts de sans-papiers - dans certains cas jusqu’à 100 % -, la détention d’au moins 60 000 Mexicains au cours des 4 premiers mois de cette année, et le déplacement du flux migratoire vers des zones chaque fois plus dangereuses. Au total, d’octobre 1998 à septembre 1999, près de 1 537 000 personnes ont été arrêtées selon les données du SIN. (...)

Angélica Enciso et Elizabeth Velasco

La Jornada, 14 juin 2000

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872 personnes sont mortes depuis 1993 à la frontière entre l’État de Tamaulipas au Mexique et les États-Unis

Un rapport du Centre d’études des frontières et de promotion des droits humains de Reynosa indique que sur la seule frontière entre le Mexique et les États-Unis correspondant à l’État de Tamaulipas, de 1993 jusqu’à maintenant, on a enregistré 872 morts de personnes tentant de traverser par le Río Bravo.

En plus de « l’obstacle naturel » que représente le Río Bravo, la patrouille des frontières a mis en route depuis 3 ans l’opération Río Grande qui intervient essentiellement dans la région de Brownsville (Texas) où tous les 100 mètres on trouve des agents à bord de véhicules qui utilisent des armes de fortes puissances, des équipements sophistiqués de détection et d’espionnage ainsi que l’éclairage des zones de passage traditionnelles, à la suite de quoi les migrants se sont orientés vers des zones chaque fois plus éloignées des lieux traditionnels.

Dans son rapport, l’organisation souligne que dans le secteur Mc Allen il y a 1 139 agents au travail, ce qui représente 50 % de plus qu’il y a deux ans, et dans le secteur de Brownsville, on est passé de 60 à 300, à la suite de quoi le flux migratoire s’est réduit de 35 % dans le premier cas et 27 % dans le second.

Ces données manifestent l’importance que le gouvernement des États-Unis donne à la surveillance pour freiner les migrants à sa frontière sud, car alors même qu’il n’y a que 4 sans-papiers sur 10 qui traversent à cet endroit, 85 % de « toute la force de combat à l’encontre des migrants se concentre dans cette zone ».

Pour surveiller cette région, la patrouille des frontières dispose d’un équipement militaire sophistiqué qui inclut des armes de type offensif, des lentilles infrarouges pour découvrir les migrants grâce à la chaleur de leur corps, des hélicoptères armés et des équipements d’espionnage comme des détecteurs, des avions légers, des ballons aérostatiques, des caméras de télévision, des avions, des chiens entraînés à la détection des personnes, des tricycles tout terrain, des projecteurs puissants pour illuminer de vastes tronçons de frontière, des surveillants dans les pays d’où proviennent les migrants afin de repérer les routes qu’ils suivent et les lieux de secours et d’approvisionnement.

Le centre précise aussi qu’en 1996 les États-Unis avaient indiqué la présence de 5 millions de migrants sans papiers dont 40 % se trouvaient en Californie, et qui représentent tous ensemble 1,9 % de tous les habitants du pays.

Cependant, ajoute le texte, d’autres sources indiquent que la population des migrants s’élève à 7,7 millions, ce qui signifie qu’il a triplé au cours des deux dernières décennies.

Les rapports indiquent qu’à partir de 1988 le nombre des immigrants mexicains a augmenté annuellement de 150 000 personnes. Jusqu’en décembre 1999 on savait que, dans les trois dernières années, le nombre de Mexicains dans ce pays s’élevait à 8 millions de personnes, ce qui représente 8 % de la population totale du Mexique. (...)

Angélica Enciso et Guadalupe Ríos

La Jornada, 12 juin 2000

785 migrants sont morts depuis 1998 à la frontière de l’Arizona

La patrouille des frontières a inauguré un renforcement des actions de surveillance le long des 591 km de frontière commune entre l’Arizona et le Sonora. C’est pourquoi le consulat mexicain à Nogales (Arizona), va intensifier les campagnes d’information pour éviter que les sans-papiers mexicains tentent de traverser en un point quelconque de cette région. C’est ce que le consul du lieu, Roberto Rodríguez Hernández, a indiqué à La Jornada.

Selon les données du secrétariat des relations extérieures, de 1998 à aujourd’hui, après la mise en route de l’opération Salvaguarda en Arizona, quelque 785 sans-papiers mexicains sont morts et 2 258 se sont trouvés en situation de « péril » en essayant de traverser la frontière.

Cependant, des données en provenance de l’organisation California Rural Legal Assistance Foundation et de la secrétaire de la Commission des affaires des frontières du Sonora, Rosa Albina Garavito, indiquent que, à la seule frontière avec la Californie, sont morts depuis 1994 plus de 500 nationaux qui essayaient de rejoindre les États-Unis quand est entrée en vigueur l’opération Salvaguarda. Garavito a attiré l’attention sur l’augmentation du nombre des violations des droits humains des migrants, car sur 100 Mexicains, 8 espèrent émigrer aux États-Unis. (...)

De son côté, le consul Rodríguez Hernández a fait savoir par téléphone que ce mois-ci et les mois suivants sont les « plus dangereux » car le nombre de sans-papiers qui tentent de franchir la frontière augmente, et aussi parce que « nos coreligionnaires sont obligés de passer par des zones plus dangereuses » en raison du renforcement des actions du SIN. Dans l’immédiat, dit-il, les interventions effectuées par la patrouille des frontières entre l’Arizona et le Sonora se sont renforcées.

Il a expliqué que les passages traditionnels ne sont plus utilisés (Tijuana, San Isidro, El Paso, Ciudad Juárez, entre autres) et que, à présent, les illégaux se déplacent par la zone désertique de l’Arizona, Naco et Douglas. Dans ces « régions où la terre est inhospitalière - plus de 500 km de désert - les sans-papiers doivent marcher plusieurs jours pour atteindre un village et cela sous un climat très dur ».

Dans la région du comté de Nogales, a-t-il ajouté, depuis janvier jusqu’à présent, quelque 40 Mexicains sont morts par déshydratation (ils ont été abandonnés dans le désert par les passeurs et sont morts d’épuisement en raison des températures élevées), par accidents d’automobiles renversées ou ayant percuté des obstacles, par hypothermie, arrêt respiratoire, coma diabétique, infarctus, violence et assassinat, par ordre d’importance.

Rodríguez a ajouté que, s’attendant à un plus grand flux de migrants au cours de ces mois, le consulat de Nogales a renforcé ses actions préventives, moyennant des campagnes d’information dans les moyens de communication où il avertit les illégaux de ne pas « se laisser tromper par les passeurs » qui ensuite les abandonnent, et du risque qu’il y a à traverser ces régions. « Nous cherchons à ce que la société dans son ensemble participe, en essayant de convaincre leurs familles et connaissances d’éviter de traverser à ces endroits ».

Elizabeth Velasco, Angélica Enciso et Carolina Gómez

La Jornada, 13 juin 2000


 Dial – Diffusion de l’information sur l’Amérique latine – D 2394.
 Traduction Dial.
 Source (espagnol) : La Jornada, juin 2000.
 
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